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9 juillet 2012 - Turquie
LA RÉOUVERTURE DU SÉMINAIRE ORTHODOXE DE HALKI

Le 5 juillet, le chef de la direction des affaires religieuses de Turquie, Mehmet Görmez s’est engagé pour la réouverture du séminaire orthodoxe de Halki, à la suite de sa visite au Patriarcat de Constantinople.

« Nous ne devrions pas avoir besoin d’autres pays pour former les clercs », a précisé Mehmet Görmez, après cette visite jugée historique par certains commentateurs, dans un pays où les relations entre l’État et les minorités religieuses ne vont pas de soi.

Récemment, le parlementaire et ancien ministre turc de l’éducation Huseyin Celik avait déclaré, lui aussi, que « s’opposer à la réouverture du séminaire est à la fois inhumain et contraire à l’islam ». Il ajoutait : « La fermeture de Halki a été une erreur. Ne pas permettre qu’il rouvre en est une autre. Il n’y a aucune entrave juridique pour empêcher cette mesure ».

Ces déclarations favorables, dans un cadre d'admission européenne de la Turquie, sont un signe manifeste de réchauffement vis-à-vis des orthodoxes d’Istanbul, qui ne représentent plus qu’une communauté résiduelle de quelques milliers de fidèles, et plus largement pour les 90.000 chrétiens en Turquie, à peine 0,1 % de la population.

Mais s’il est évident que le Parti pour la justice et du développement (l’AKP, islamiste modéré), au pouvoir depuis 2002, est prêt à desserrer l’étau autour du Patriarcat de Constantinople, des résistances politiques empêchent ces réformes de se concrétiser.

En effet, l’idéologie kémaliste laïque imprègne encore une large frange de la classe politique turque, qui reste hostile à toute expression religieuse dans l’espace public, qu’elle soit musulmane ou chrétienne.

Dès lors, ces déclarations doivent être interprétées avec prudence, la réouverture du séminaire de Halki, symbole de cette laïcité intransigeante, ayant été maintes fois annoncée puis ajournée.

Fondé en 1844 sur une île de la mer de Marmara, au sud-est d’Istanbul, cet institut théologique avait été fermé par les autorités turques en 1971, au moment où l’enseignement supérieur est devenu monopole d’État.

Cette fermeture a lourdement pesé sur la communauté orthodoxe de Turquie, puisque la loi impose que le patriarche soit citoyen turc, né et formé en Turquie. Cette exigence pose notamment une difficulté évidente en cas de succession, le Patriarcat ne comptant plus que 2.000 fidèles en Turquie, contre 3,5 millions dans le reste du monde.

Un premier signe d’assouplissement s’était fait jour en 2010, avec la possibilité ouverte aux métropolites résidant à l’étranger d’acquérir la nationalité turque.

Quant au séminaire, il cristallise à lui seul les difficultés des minorités chrétiennes dans un pays marqué par sa conception intransigeante de la laïcité, héritée de la « révolution kémaliste » de 1923. (source : Orthodoxie)


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