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du 5 au 11 août 2012 (semaine 32)
 

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11 août 2012 - Burundi-Rwanda
L'ANNIVERSAIRE EST CÉLÉBRÉ DIFFÉREMMENT

En juillet, le Rwanda et le Burundi ont fêté de façon très différente le cinquantième anniversaire de leur indépendance. Si Bujumbura s’est faite belle pour le 50e anniversaire de son indépendance, à Kigali, c’est la sobriété qui a primé.

Bujumbura s'est faite belle, rues balayées et astiquées, maisons et bâtiments repeints, feu d’artifice géant, présence de chefs d’État et de nombreux invités prestigieux… A Kigali, c’est la sobriété qui a primé. En guise de réjouissances, les Rwandais n’ont eu droit qu’à un simple défilé militaire et à des discours davantage axés sur l’entrée victorieuse des rebelles du Front patriotique rwandais (FPR) dans Kigali, le 4 juillet 1994, que sur l’indépendance.

Pour le présiden rwandais, Paul Kagamé, " ce sera une journée de réflexion, pas une occasion de festivités et de dépenses publiques incontrôlées. "

En fait, commente Axelle Fischer, secrétaire générale de la Commission" Justice et Paix" francophone de Belgique, poursuit-elle, « le pays des mille collines, le Rwanda, offre une image ambivalente. Côté face, une croissance du PIB au-dessus de la barre des 6%, une stabilité politique, une nette diminution de la corruption, un accès quasi gratuit à la santé et à l’éducation… Bref, de quoi rassurer les bailleurs de fonds, écœurés par les trop nombreux systèmes népotiques africains qui gloutonnent les fonds venus d’Occident.

Côté pile: poursuit-elle, un régime totalitaire qui ne tolère aucune voix dissidente, des élections truquées, une presse muselée, des disparitions et détentions illégales… La paix et la sécurité qui règnent dans le pays ont donc un prix: une autocensure permanente dans toutes les strates de la société. Et la réalité est souvent bien éloignée des discours officiels..

Au Burundi, la situation est différente, mais guère plus réjouissante. Dans un rapport publié en mai 2012, l’organisation « Human Rights Watch » note effectivement « l’impunité généralisée, l’incapacité de l’État de protéger ses citoyens et l’inefficacité du système judiciaire« .

« Pourtant« , précise Annabel Maisin de "Justice et Paix", « depuis 2005, les conflits d’ordre ethnique commençaient à être dépassés; beaucoup de ceux qui avaient fui le pays vers l’étranger avaient regagné leur patrie; les organes dirigeants jouissaient d’une confiance accrue de la part des citoyens; une démocratie basée sur le multipartisme était en train de s’enraciner; et la liberté d’expression devenait de plus en plus respectée. »

Malheureusement, la situation s’est dégradée lors des élections de 2010. La plupart des partis d’opposition se sont effectivement retirés de la course et ont poussé leurs partisans à boycotter les scrutins suivants. Ce qui a eu pour conséquence d’ouvrir la voie du pouvoir au Conseil national pour la défense de la démocratie – Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD), qui domine aujourd’hui très largement le paysage politique burundais.

À ce climat tendu s’ajoute la difficile mise en place de la "Commission Vérité et Réconciliation" (CVR), qui doit permettre une réconciliation entre tous les anciens belligérants de la société burundaise. « Le principal désaccord vient de la composition de la commission« , explique Annabel Maisin.

« La société civile, soutenue par la communauté internationale, souhaiterait qu’elle comprenne des étrangers, ce qui lui assurerait une certaine neutralité, mais le gouvernement est opposé à cette proposition. De toute façon, ça ne sert à rien de se presser. C’est un processus qui prend du temps et les gens n’iront pas témoigner tant qu’ils ne se sentiront pas en sécurité. » (source : AP)


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