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du 6 au 8 septembre 2012 (semaine 36)
 

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8 septembre 2012 -
IL FAUT DISTINGUER LE BIEN-FONDÉ DE CES DEUX POSITIONS

Une polémique a été provoquée par la dernière interview, du cardinal Martini, publiée après sa mort et que la haute hiérarchie de l'Église a passée sous silence, à la seule exception du cardinal Ruini.

Raison de plus pour en faire une analyse critique, note le vaticaniste Sandro Magister.

"Le cardinal Martini ne nous a pas laissé un testament spirituel, au sens explicite du mot", a déclaré le cardinal Angelo Scola, archevêque de Milan, le 3 septembre. "Son héritage tient tout entier dans sa vie et dans son magistère et nous devrons continuer à y puiser longtemps. Mais il a choisi la phrase à inscrire sur sa tombe. Elle est tirée du psaume 119 [118] : 'Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route'. Ce faisant, il nous a lui-même donné la clé qui permet d’interpréter sa vie et son ministère".

En s’exprimant ainsi, le 3 septembre, au cours de l’homélie qu’il a prononcée pour les funérailles de son prédécesseur, le cardinal Angelo Scola, archevêque de Milan, a refusé la qualité de "testament spirituel" à l'interview publiée par le "Corriere della Sera".

En effet, si cette interview était vraiment la quintessence de ce que Martini laisse à l’Église et au monde – comme ont voulu le faire croire ceux qui s’en sont chargés – la figure du défunt cardinal correspondrait bien à l’étiquette d’"antipape" qui lui a été attribuée depuis des années par certains groupes à l’intérieur et à l’extérieur de l’Église mais qui s’oppose fortement aux témoignages d’estime à son égard exprimés avec force et émotion à plusieurs reprises par Benoît XVI, le dernier en date figurant dans le message inhabituel qu’il a adressé au diocèse de Milan le jour des funérailles de celui qui en fut l’archevêque de 1979 à 2002.

L’interview a été réalisée le 8 août dernier, trois semaines avant la mort du cardinal, par le jésuite autrichien Georg Sporschill, accompagné par une Italienne résidant à Vienne, Federica Radice Fossati Confalonieri. Si on y ajoute les autres livres-interviews publiés par Martini au cours de ces dernières années, écrits à quatre mains avec des catholiques "borderline" comme le père Luigi Verzé ou le médecin Ignazio Marino et truffés de thèses ambigües ou hétérodoxes à propos du début et de la fin de la vie, du mariage et de la sexualité, l’écart entre ce cardinal et les deux derniers papes apparaît encore plus marqué.

Parmi les hautes personnalités de l’Église qui se sont exprimées, ces jours derniers, à propos de la personne du défunt cardinal, seul le cardinal Camillo Ruini, président de la conférence des évêques d’Italie [CEI] de 1991 à 2007, n’a pas passé cet écart sous silence.

Dans une interview publiée le 1er septembre dans le journal "Avvenire", il répond à la journaliste qui lui fait que le cardinal Martii avait pris publiquement des positions clairement éloignées de celles de la CEI" dont il faisait partie, le cardinal Ruini a répondu :

"Je ne le nie pas, de même que je ne cache pas que je reste intimement persuadé du bien-fondé des prises de position de la CEI, qui sont aussi celles du magistère pontifical et qui ont de profondes racines anthropologiques".

Et dans une interview ultérieure, il a commenté de la manière suivante l'affirmation du cardinal Martini, dans son présumé "testament spirituel", selon laquelle "l’Église retarde de 200 ans" :

"À mon avis, il faut distinguer deux formes de distance de l’Église par rapport à notre temps. L’une est un véritable retard, dû aux limites et aux péchés des hommes d’Église, en particulier à l’incapacité à percevoir les opportunités qui se présentent aujourd’hui pour l’Évangile.

" L'autre distance est très différente. C’est la distance de Jésus-Christ et de son Évangile, et par conséquent celle de l’Église, par rapport à n’importe quelle époque, y compris à la nôtre mais aussi à celle où a vécu Jésus. Cette distance doit exister et elle nous appelle non seulement à la conversion des personnes mais à celle de la culture et de l’Histoire. En ce sens, aujourd’hui aussi l’Église n’est plus en retard, mais elle est en avance, parce que dans cette conversion il y a la clé d’un avenir heureux". (source : Chiesa)


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