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du 6 au 8 septembre 2012 (semaine 36)
 

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8 septembre 2012 -
ON NE SAIT PAS A QUI ILS OBÉISSENT

« Les éléments incontrôlés ont fait beaucoup de mal en Syrie », déclare Mgr Elias Sleiman, l’évêque maronite de Lattaquié, qui met en garde contre la présence de fondamentalistes musulmans incontrôlés.

Mgr Elias Sleiman a été nommé le 26 février dernier évêque maronite du diocèse de Lattaquié en Syrie, qui comprend quatre départements : Tartous, Homs, Hama et Lattaquié. Autant dire les points chauds du conflit qui dure depuis un an et demi. Sa communauté compte environ 60,000 fidèles.

« Nous accueillons tous les Syriens déplacés : chrétiens, sunnites ou alaouites. Nous leur fournissons nourriture et vêtements. Nous essayons de leur trouver des logements. » À la suite des combats à Homs en février-mars, des dizaines de milliers de chrétiens (en majorité grecs-orthodoxes et grecs-catholiques) ont été forcés de quitter le centre-ville. Ils se sont réfugiés dans leur village d’origine, dans le « Wadi al-Nassara » (la Vallée des chrétiens ou des Nazaréens en arabe), à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest, ou encore dans la région de Tartous, où réside l’évêque. « Le centre-ville de Homs est encore occupé par des personnes armées dont on ne sait pas à qui elles obéissent », souligne-t-il.

Mgr Elias Sleiman tient à faire la distinction. D'un côté "l’Armée syrienne libre" (ASL), bras armé de l’opposition au régime de Bachar Al Assad. Une armée « honnête, disciplinée, qui a des demandes légitimes, qui a gardé les maisons pour éviter les pillages », qui combat l’armée régulière syrienne « qui n’a chassé personne mais mettait en garde les populations civiles contre les risques éventuels s’ils restaient ».

De l'autre côté, et en face, les éléments « infiltrés, des fondamentalistes le plus souvent étrangers, qui n’ont d’autres objectifs que créer le chaos et piller ». « Ce sont eux qui ont forcé les chrétiens à quitter la région de Kusair », dit Mgr Sleiman au quotidien français "La Croix".

« Ces éléments incontrôlés ont fait beaucoup de mal. Mais l’opposition est consciente de ces dérapages », dit-il. Les dirigeants de l’ASL ont d’ailleurs annoncé une réforme pour surmonter les divisions internes et faire face à la prolifération de groupuscules qui agissent en son nom mais de manière totalement autonome. L’ASL adoptera le nom d’Armée nationale syrienne.

Dans les zones ou dans les quartiers occupés, les prêtres chrétiens tentent d’ouvrir un dialogue avec les diverses factions armées. Ils insistent sur le fait que cette démarche n’est pas politique, mais vise à arrêter les combats afin que les gens puissent retourner chez eux. À Homs, cette tentative de dialogue aurait été acceptée par l’armée régulière et mais les milices armées se sont ensuite rétractées.

« Jusqu’ici, on ne parlait pas de dialogue interreligieux en Syrie. Il n’y en avait pas besoin. Aujourd’hui, on ressent le besoin d’un dialogue centré sur l’humain, le respect de l’autre. On ne peut pas accepter le fondamentalisme : il s’oppose à la diversité religieuse qui a toujours été la caractéristique de notre pays. Nous voulons vivre dans un État moderne, laïque, où tous les citoyens vivraient libres et égaux. »

« Le fondamentalisme s’oppose à la diversité religieuse qui a toujours été la caractéristique de notre pays. »

les salafistes ont joué un rôle significatif dans les évènements même s'il est probable qu'ils participent aux manifestations puisqu'ils sont une composante de la population sunnite".

"C'est un mouvement largement spontané et donc très fragmenté. On voit un leadership émerger mais c'est toujours au niveau local, qui est constitué de deux types de figures: des notables (hommes de religion, chefs de clans tribaux, membres des professions libérales) et des jeunes qui acquièrent une crédibilité en jouant un rôle de meneurs dans les manifestations et en assumant les risques", assure-t-il.

Mais d'autres chercheurs estiment au contraire qu'ils sont bien au centre du mouvement. "Dans une société aussi tenue par les services de sécurité, il faut des éléments déterminés, c'est-à-dire politisés, pour agiter tout cela, comme les Frères musulmans, des communistes ou d'autres. Ceux-là peuvent constituer la colonne vertébrale", assure Basma Kodmani, chercheuse d'origine syrienne et directrice de l'Initiative arabe de réforme, centre de recherche basé à Paris et Beyrouth. (source : AP)

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