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du 6 au 8 septembre 2012 (semaine 36)
 

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8 septembre 2012 - Syrie
CETTE GUERRE POURRAIT DÉSTABILISER TOUTE LA RÉGION


La résistance du gouvernement Assad à l'offensive rebelle s'explique par la crainte d'une grande partie de la population de voir la fin du multiconfessionnalisme qui est au centre d'enjeux géopolitiques brûlants et de plus en plus actuels.

Cette guerre de Syrie, qui n'a rien à voir avec celle de Libye, pourrait déstabiliser toute la région, car les espoirs de démocratisation nés en 2011 du «printemps arabe» se heurtent en Syrie à la réalité multiconfessionnelle. Les Alaouites, apparentés aux musulmans chiites, les chrétiens et les autres minorités (Kurdes, Druzes...) craignent que la démocratie amène la «dictature de la majorité musulmane sunnite» et entraîne leur exclusion de la société civile, soit par le meurtre, soit par l'exil forcé, soit au mieux par la relégation à un statut inférieur.

Cette crainte s'amplifie avec les positions des régimes voisins et l'évolution politique en Égypte comme en Tunsie. Mais surtout en Irak d’après Saddam Hussein, où sont persécutées les minorités religieuses (coptes, assyriens…).

Elle explique en bonne partie la résistance de l'armée gouvernementale face à l'Armée de Libération Syrienne, fer de lance de l'opposition au régime Assad. L'état-major n'a pas négocié avec l'opposition, comme en Égypte, et Bachar Al-Assad n'a pas eu besoin de faire appel à des mercenaires étrangers comme le font les rebelles syriens.pour assurer sa protection, comme Kadhafi en Libye.

Elle explique aussi que les populations se tiennent coi devant cette révolution démocratique muée en guerre civile, craignant de tomber de Charybde en Scylla.

Le pouvoir d'Assad, issu du parti Baas, est au Moyen-Orient le dernier survivant des gouvernements des années 1960 qui, de l'Égyptien Nasser au chah d'Iran en passant par les héritiers turcs de Moustafa Kémal, se réclamaient de la laïcité et du nationalisme, voire du socialisme, autant de valeurs empruntées à l'Europe. La Syrie était à cette époque-là, comme le Liban, une passerelle entre les cultures et les religions...

Le renversement du chah d'Iran a signé le premier échec de la voie laïque au Moyen-Orient, entraînant une emprise à marches forcées de la confessionnalisation musulmane de la région, de la Turquie à l'Iran et à la Tunisie.

Les enjeux géopolitiques rendent plus que jamais actuelle la remarque célèbre du général de Gaulle à propos d'un voyage au Liban : «Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples. Je savais qu'au milieu de facteurs enchevêtrés une partie essentielle s'y jouait. Il fallait donc en être» (Mémoires de guerre, L'Appel). Les diplomates européens pourraient la reprendre à leur compte.

À la faveur de la guerre civile, les Kurdes de Syrie sont en voie de gagner leur autonomie comme leurs voisins d'Irak et l'on conçoit mal que la Turquie voisine reste inactive face à cette émancipation qui pourrait donner des idées à ses propres Kurdes qui est près d'un quart de la population turque.

Le départ de Assad sera la mainmise sunnite sur la Syrie ce qui déstabiliserait gravement le Liban, où les communautés confessionnelles vivent depuis vingt ans dans un équilibre des plus précaires. Les chiites du Hezbollah, principale faction libanaise, sont très inquiets d'une défaite en Syrie des Alaouites car elle aurait pour effet de briser «l’arc chiite» et leur lien vital avec l'Iran. Ce dernier pays pourrait d'ailleurs s'irriter de la défaite de son allié alaouite.

Les paroles de Benoît XVI durant son voyage et la reprise dans son Exhortation apostolique des diverses propositions des communautés chrétiennes seront scrutées bien au-delà des mots d'un simple langage ecclésiastique. (source : AP)


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