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du 9 au 13 septembre 2012 (semaine 37)
 

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13 septembre 2012 -
DEUX REGARDS SUR LA MÊME ET UNIQUE ÉGLISE


Évoquant la personnalité du cardinal Carlo Maria Martini, le cardinal Tauran souligne que ce « savant qui savait se mettre à la portée de tout le monde, avait, comme Benoît XVI le souci d’enseigner ».

Il fait alors remarquer que, si le cardinal Martini a souvent été classé parmi les « progressistes » pour certaines de ses prises de position, « il était aussi trop intelligent pour n’être ni progressiste ni conservateur », car « ce sont des catégories réductrices ». Et c'est pour le cardinal Tauran, l’occasion d’une saine réflexion sur l’indispensable diversité des voix d’Eglise.

Autour du défunt fleurissent les caricatures : « anti-pape » autant que « faiseur de pape », « pape non élu » ou « pape des non-croyants », « icône des progressistes », etc.. Comme une sorte de pré-béatification virtuelle et médiatique. Et son désormais fameux entretien posthume, très rapidement reproduit par de très nombreux médias à travers le monde, et lu par beaucoup comme si c'était son ultime avertissement à l’Eglise vue et gouvernée par Benoît XVI.

Faut-il vraiment opposer Ratzinger le théologien « conservateur » à Martini le bibliste « progressiste » ? Le premier serait obnubilé par la pérennité de l’institution alors que le second n’aurait de cesse d’ouvrir les portes de la nef à ceux qui piétinent dans le narthex.

Ratzinger, héraut de la vérité, serait arc-bouté sur la défense du trésor de la foi, inaltérable depuis toujours et pour toujours. Tandis que Martini, attaché à la promotion et à la crédibilité de la parole évangélique, plus que jamais singulière, voudrait la faire goûter à tous, sans conditions. Ratzinger appelle hommes et femmes à l’effort inouï de vivre toute une vie à deux, libre et féconde, tandis que Martini se tourne vers la foule des blessés de la vie, qui n’ont pas pu ou pas voulu, vivre à la hauteur de ce défi.

Certes, estime le cardinal Tauran, Carlo-Maria Martini disait haut et fort ce que nombre de cardinaux, archevêques, évêques, diacres, laïcs, hommes et femmes murmuraient mezzo voce, même à Rome. Et ce courant d’air dérange, dans l’étroit bouillon de culture romain, ceux qui peuvent confondre reproduction et création, au risque de favoriser, par leur éloignement progressif des grands défis contemporains, une indifférence devenue en Occident massive.

Mais il faut raison garder, déclare le cardinal Tauran. Ratzinger et Martini, nés la même année, pointent tous deux l’avènement du Royaume. Il serait dommage de l’oublier pour se focaliser sur le doigt qui pointe et non sur l'horizon.

L’histoire de l’Eglise s’écrit depuis 2000 ans et pour longtemps encore. Quiconque a lu le livre dans lequel Ratzinger se confie : « Lumière du monde » y a trouvé des accents « martiniens ». Et l’immense œuvre du cardinal jésuite manifeste, comme celle de Ratzinger, un attachement profond à la vérité de l’Evangile, celle-là même qui n’a jamais cessé, et ne cessera, jamais, de déranger les conformismes de tous ordres.

Au fond, l’Eglise ne saurait se contenter ni de Ratzinger, ni de Martini. Les deux, ensemble, lui sont indispensables. Et chacun reste libre, à leur suite et en vue du Royaume, de choisir son chemin. La diversité de la litanie des saints, chantée lors des obsèques milanaises du cardinal, témoigne, dans sa diversité, de cette liberté. (source : AP)

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