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du 23 au 27 septembre 2012 (semaine 39)
 

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27 septembre 2012 - Philippines
CET ESCLAVAGE MODERNE

Alors que de nombreux rapports dénoncent le trafic d’êtres humains dans le pays, la Conférence des évêques catholiques des Philippines (CBCP) appellent à la mobilisation des chrétiens pour éradiquer ce fléau national.

« Nous devons arrêter les trafics d’êtres humains. Un trop grand nombre de jeunes, d’enfants, de femmes subissent des violences sexuelles, la prostitution forcée ainsi que beaucoup d’autres abus dus à l’exploitation de l’être humain », ont déclaré les évêques philippins dans un communiqué envoyé aux diocèses, paroisses, communautés religieuses et organisations d’Eglise, le 18 septembre.

Signé par la Commission épiscopale pour l’action sociale, la justice et la paix (NASSA) de la CBCP et son président, Mgr Broderick Pabillo, évêque auxiliaire de Manille, le texte incite les catholiques à « prendre conscience de l’urgence à agir concrètement pour aider les victimes de cet esclavage moderne ».

Le communiqué de la NASSA poursuit : « La vie humaine n’est pas une marchandise que l’on transporte et que l’on vend (...) ; elle doit être accordée à la dignité humaine. Il faut la promouvoir, la respecter, la protéger et la développer pour qu’elle atteigne sa plénitude. » Pour conclure, Mgr Pabillo exhorte le gouvernement à prendre « toutes les mesures nécessaires pour arrêter les trafiquants et les condamner », tout en soulignant que le gouvernement « n’est pas le seul responsable » et que la lutte contre la traite humaine est l’affaire de tous.

Cet appel des évêques au gouvernement s’inscrit dans l’effervescence qui agite l’archipel suite à une série de rapports et d’événements stigmatisant l’importance grandissante des Philippines dans le trafic des êtres humains en tant que pays d’origine, de destination et de transit.

Le 11 septembre, s’était déjà réunie à Manille la première consultation nationale sur la traite des êtres humains « dans la perspective des droits de l’homme », dans le cadre de la préparation à la réunion de l’ASEAN (Association des nations du Sud-Est asiatique) qui se tiendra dans l’archipel en mai 2013 sur cette question. Participaient à l’élaboration du rapport des Philippines, des représentants des organismes d’Etat chargés de la lutte contre le trafic d’êtres humains, des départements spécialisés de la police nationale, des organisations de la société civile, mais aussi des délégués de l’Union européenne, de l’ambassade canadienne et d’organismes internationaux.

Mais c’est la parution du rapport du département d’Etat américain sur le trafic d’êtres humains qui a été l’élément déclencheur de l’intervention du CBCP. Cité abondamment par la NASSA, le rapport épingle en effet les Philippines, en classant le pays en niveau 2, c’est-à-dire ne respectant pas les standards minimums fixés par le Victims Protection Act. Il dénonce surtout, avec des exemples précis, la corruption du système par les réseaux mafieux, empêchant la sanction des coupables.

Sont également soulignés les éléments favorisant l’augmentation du phénomène, comme l’existence de guerres civiles locales (avec l’enrôlement des enfants dans les groupes armés), ou encore la persistance de la pauvreté, du chômage et d’une économie parallèle de travailleurs clandestins, échappant à toute statistique, contrôle et protection. Cette situation, explique le rapporte, facilite le recrutement des victimes par de fausses promesses de travail ou d’éducation, lesquelles seront ensuite envoyées à l’étranger (essentiellement en Asie, dans les Pays du Golfe et au Moyen-Orient), un trafic qui drainerait quelque dix millions de ressortissants philippins.

Après le monde associatif, le monde politique a réagi à son tour : le 14 septembre, deux députés philippins ont déposé une requête devant la Chambre des Représentants, demandant un rapport complet sur la traite des êtres humains et ses ramifications aux Philippines et à l’étranger.

« Il est urgent de trouver les moyens et les mesures nécessaires pour éradiquer le trafic d’êtres humains dans le pays et s’assurer que plus personne n’en sera victime », a déclaré au Sun Star le 14 septembre l’un des députés, Maximo Rodriguez. (source : Mepasie)


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