Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 14 au 18 octobre 2012 (semaine 42)
 

-
18 octobre 2012 -
LA SURPRISE QUI EST VENUE DE CHINE

En l’absence de tout délégué directement issu de l’Eglise continentale, c’est Mgr Nikola Eterovic, secrétaire général du Synode, qui a lu la lettre rédigée en latin qu’a envoyée Mgr Lucas Li Jingfeng , évêque de Fengxiang, dans le Shaanxi.

La missive interpelle sans détour l’Eglise catholique pour l’appeler à plus de « ferveur ». Agé de 90 ans, Mgr Li commence son message rédigé en latin en disant qu’il regrette beaucoup que les pères synodaux ne puissent entendre aucune voix de l’Eglise de Chine continentale.

Il poursuit en affirmant souhaiter que la foi des chrétiens puisse réconforter le pape dans sa mission de pasteur de l’Eglise universelle. L’Eglise de Chine, en particulier dans ses laïcs, « a toujours gardé la piété, la fidélité, la sincérité et la dévotion des premiers chrétiens », même durant cinquante années de persécution.

Il ajoute qu’il prie pour que ces qualités dont ont su faire preuve les chrétiens de Chine demeurent et puissent irriguer l’Eglise hors de Chine. « La tiédeur, l’infidélité et la sécularisation » du fait « d’une ouverture et d’une liberté débridées » se répandent parmi les chrétiens et « à l’étranger, cet affaiblissement a touché les clercs », analyse-t-il encore.

Pour l’évêque de Fengxiang, les qualités qui sont à l’œuvre dans l’Eglise de Chine, « où les laïcs sont plus pieux que les prêtres », peuvent venir en aide à l’Eglise hors de Chine. "Notre foi en Chine a traversé les épreuves jusqu’à aujourd’hui sans perdre son intégrité. Ainsi que le grand philosophe Lao Tseu le disait, ‘comme la calamité engendre la prospérité, ainsi dans la mollesse se cache la calamité’

..." La piété, la fidélité, la sincérité et la dévotion des laïcs chrétiens chinois ne peuvent-elles pas secouer les prêtres du reste du monde ? », interroge-t-il. « Nous sommes devant une profonde crise de la foi. La perte du sens religieux représente le plus grand défi pour l’Eglise d’aujourd’hui », écrit-il, reprenant les paroles du pape pour dire que « le renouveau de la foi doit représenter la priorité absolue du travail de toute l’Eglise de notre temps ».

Au sein de l’Eglise de Chine, Mgr Li est une personnalité importante. Comme tous ou quasiment tous les membres du clergé de sa génération, il a connu les camps de rééducation et de travail. Vingt ans de réclusion pour sa part, jusqu’à sa libération en 1979. Après cette date, il s’est consacré à la reconstruction des communautés catholiques dans sa province du Shaanxi. En 1980, alors qu’il était consacré dans la clandestinité évêque de Fengxiang, il prenait la tête d’une communauté catholique qui refusait obstinément de rejoindre les structures « officielles » de l’Eglise, en dépit des campagnes des autorités locales visant à imposer l’Association patriotique des catholiques chinois.

De ce fait, la cathédrale, les églises, le séminaire et différentes organisations de ce diocèse sont longtemps restées « clandestines » tout en étant physiquement bien visibles aux yeux de tous. En 2004, sur les conseils de Mgr Li Du’an, évêque « officiel » de Xi’an, Mgr Li décidait que, pour le bien de l’unité de l’Eglise dans le Shaanxi, il était nécessaire de « faire surface », c’est-à-dire d’obtenir du gouvernement qu’il reconnaisse sa qualité épiscopale – ce qui fut fait.

Cependant, Mgr Li Jingfeng a toujours refusé depuis toute adhésion à l’Association patriotique et toute affiliation à la Conférence épiscopale « officielle ». En mai 2011, devenu âgé mais toujours en bonne forme physique et intellectuelle, il a organisé l’élection de celui qui sera son successeur, veillant ainsi à la continuité de la succession apostolique dans son diocèse tout en tenant à distance les organes gouvernementaux et en veillant au respect des règlements officiels chinois.

En 1998, pour le Synode pour l’Asie, le pape Jean-Paul II avait invité deux évêques de Chine continentale, Mgr Matthias Duan Yinming, évêque de Wanxian (décédé en 2001), et son coadjuteur, Mgr Joseph Xu Zhixuan (décédé en 2008). Leur visa de sortie avait été refusé par les autorités chinoises et deux fauteuils vides avaient rappelé leur présence spirituelle durant toute la durée du Synode.

Pour ce Synode sur la nouvelle évangélisation, les évêques qui représentent le monde chinois sont l’évêque de Hongkong, le cardinal John Tong Hon (qui assure l’une des présidences déléguées du Synode), l’évêque de Macao, Mgr José Lai Hung-seng, et un évêque de Taiwan. (source : VIS)


Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil