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1 novembre 2012 -
HANS KÜNG DÉCIDE DE SE RETIRER DU DEVANT DE LA SCÈNE

Lors d'une rencontre, les 20 et 21 octobre à Francfort, le théologien suisse Hans Küng a annoncé qu’il se retirerait du « devant de la scène » à l’occasion de ses 85 ans, en mars prochain et a rappelé quelques-unes de ses convictions.

« Je me retire du devant de la scène pour laisser la place à la génération suivante », a annoncé le théologien. Il a toutefois confié à l’hebdomadaire catholique britannique "The Tablet" , qu’il continuera « à être présent dans les médias » et qu’il publiera en 2013 le troisième volume de ses mémoires. Il a également annoncé qu’il allait confier sa fondation, la "Global Ethic Foundation", à l’ancien président allemand Horst Köhler.

Né en 1928 en Suisse, prêtre en 1954, Hans Küng a notamment enseigné à l’université Eberhard-Karl de Tübingen (Allemagne), aux côtés de Joseph Ratzinger avec qui il participe comme expert au concile Vatican II.

Au cours des années 1970, et notamment après la publication de son livre " Infaillible ? Une interpellation" (1971), il se pose comme l’un des chefs de file de la théologie contestataire, au point de se voir retirer, en 1979, son autorisation canonique d’enseigner.

Hans Küng a une opinion tranchée sur tout. Sur les papes Benoît XVI, Jean Paul II, Pie XII. Mais aussi sur la liturgie, le célibat des prêtres, les scandales sexuels dans l'Eglise.

Il se dit déçu par Benoît XVI, mais il a été accueilli par le pape, le 24 septembre dernier. Les amis de Tübingen, même s'ils s'opposent aujourd'hui, n'oublient pas ce passé qui est devenue une déception. "Comme pape, il a raté tous les tournants. "

"J'avais espéré que Ratzinger se montre différent comme pape de ce qu'il fut comme patron de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Mais cela n'a pas été ainsi. Ses nominations à la Curie sont terribles. Comme son secrétaire d'Etat, il a pris un homme, Tarcisio Bertone, qui n'était pas du tout préparé à cette tâche.

" Il n'a pas répondu aux attentes des orthodoxes. Les Églises protestantes n'acceptent pas ses positions... Avec les musulmans, on sait ce que cela a donné avec la Déclaration de Ratisbonne. En ce qui concerne les Juifs, il y a eu l'affaire de la prière du Vendredi saint, et le scandale Williamson"

" Le pape dit que les autres religions sont déficientes, et que l'Eglise catholique est parfaite, mais quand on voit les scandales qui y éclatent ! En Allemagne, on est désormais gêné qu'il soit allemand.... Son Jésus à lui est dogmatique, comme il a été défini lors du Concile de Nicée en 325."

" Benoît XVI devrait être très prudent dans sa vision des choses, car il va contre le Concile. C'est un choc pour beaucoup de gens.".." Benoît XVI défend son herméneutique de la continuité contre une herméneutique de la rupture. Mais c'est un mensonge de dire que nous avons considéré Vatican II comme une rupture. C'était un tournant, une réforme."

" La loi du célibat obligatoire est explicitement une contre-affirmation de ce que dit le Nouveau Testament sur la liberté. Et donc, elle ne peut être considérée comme catholique. C'est le produit d'un « monasticisme » médiéval – à ne pas confondre avec le vrai monachisme. Cette loi médiévale non seulement s'oppose à l'Evangile mais aussi aux droits de l'homme. Elle s'enracine dans le paganisme. Elle reste un énorme problème en Amérique Latine et en Afrique où le célibat est observé de manière … disons 'élégante' ".

" La situation actuelle me conforte malheureusement dans ma vision critique. Je suis un catholique loyal, je suis dans l'opposition à ce présent système. D'ailleurs, comme moi, beaucoup de saints n'ont pas aimé la Curie. Je ne suis pas un moderniste, je critique tout comme Benoît XVI une forme de scientisme qui critique la transcendance. Mais si, comme Benoît XVI, on se situe dans l'extrême, celui d'un rigorisme moral médiéval, alors on perd toute crédibilité.

Etre catholique, ce n'est pas lié au paradigme de l'absolutisme romain. On peut être catholique selon le modèle de la Réforme. Je suis catholique selon le paradigme oecuménique et évangélique. Car l'idéal est d'être catholique avec l'esprit évangélique et non romain. Car, pour définir ce qui est catholique, le critère est la conformité à l'Evangile.

Au terme de ces citations, tirées de ses écrits, livres et entretiens, Hans Küng reste optimiste : " Il reste heureusement des communautés qui fonctionnent bien, où le curé est bon. L'identification au catholicisme ne se fera plus avec le pape mais avec le curé local". (source : Katholische et AP)

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