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du 13 au 15 novembre 2012 (semaine 46)
 

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15 novembre 2012 - FSSPX
ET L'ON EN REVIENT À 1974, AU POINT DE DÉPART


Dans son sermon du 11 novembre à Saint Nicolas du Chardonnet, à Paris, le supérieur général de la Fraternité Saint Pie X Mgr Bernard Fellay a constaté et confirmé la rupture des négociations entre le Vatican et les lefébvristes.

Pour le site officiel du District de France de la Fraternité, "Mgr Fellay met les points sur les "i" au cas où ne l'on n'aurait pas compris." Car il y a expliqué pourquoi il n'a pas signé d'accord avec Rome. Mais il affirme ne pas renoncer à la reconquête de l'Eglise catholique.

C’est le retour à un discours extrêmement dur, de la part du chef de file des intégristes, qui se tenait pourtant, il y a six mois, sur une position plus diplomatique. En mai dernier, il écrivait aux trois autres évêques pour leur demander de sortir d'une posture intransigeante qui bloquait la Fraternité dans ses pourparlers avec le Vatican.

Il rêvait d'être la tête pensante et agissante de de la Fraternité, mais a été pris à revers par la fermeté du pape qui contraint les lefébvristes a d'abord accepter que le Magistère soit le « juge de la tradition apostolique ». Puis leur demande la reconnaissance explicite du Concile, en le citant, dans presque toutes ses homélies et interventions, comme non négociable.

Ce 11 novembre, là où s'est mis en route la résistance lefébvriste, Mgr Bernard Fellay l'a reconnu officiellement : « Les choses sont bloquées", dit-il. "C'est un retour à zéro. Nous sommes exactement au même point que Mgr Lefebvre dans les années 1975, 1974.

" Et donc, on continue notre combat. Nous n'abandonnons pas l'idée un jour de regagner l'Église, de reconquérir l'Église à la Tradition. » Il doit reconnaître l'échec de ses démarches de réconciliation engagées à partir des années 2000, sans rien renier des fondamentaux de la croisade intégriste.

L'aveu n'est pas un scoop. On savait depuis juin dernier que le processus était mort. En septembre 2011, Rome avait soumis un document, sorte de protocole d'accord intitulé « préambule doctrinal » destiné à finaliser l'intégration des lefebvristes. Suite à des allers-retours de lettres entre Rome et Mentzingen, l'accord avait été annoncé comme imminent en mai, pour aboutir à un refus de la part des intégristes, en raison de la fermeté du pape, qui souffre de cette désunion, mais ne transige pas.face aux requêtes des Lefebvristes.

Aujourd'hui, l'intérêt du sermon de Mgr Fellay est qu'il décrit cette fermeté de Benoît XVI. Ceux-ci proposaient de revenir dans le giron papal tout en refusant de reconnaître le Concile et en se conservant le droit de critiquer les errances “modernistes” de l'Eglise. Mais Mgr Fellay a échoué : « J'ai reçu une réponse, une lettre, réponse écrite, datée du 30 juin.

" Cette lettre du 30 juin pour manifester que c'est bien lui, le pape, qui est intervenu pour obliger à l'acceptation du concile, pour réintroduire dans le texte tout ce que j'avais enlevé et que nous ne pouvions pas signer, et qui a été remis. Et il continue en disant que pour arriver à une reconnaissance juridique, il y a trois conditions »

Mgr Fellay a aussi été confirmé sur l'attitude de Benoît XVI à travers la nomination, en juin, du successeur du cardinal Levada comme Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dicastère qui pilote le dossier en dernière instance et qui chapeaute la commission 'Ecclesia Dei'. Benoît XVI a choisi un compatriote, Mgr Gerhard Ludwig Müller, jusque là évêque de Ratisbonne. L'homme, connu pour être un conservateur éclairé, est détesté à la Fraternité Saint Pie X.

En tacticien, Mgr Fellay, tire un certain bénéfice de l'échec des négociations. Même en cas d'une négociation terminée aux mieux des intérêts de la Fraternité, il n'aurait pas été suivi par tous les prêtres et les fidèles de la mouvance. Une réconciliation réussie aurait signé l'explosion de ses troupes, mises à mal par des mois d'incertitude et très divisées sur le retour à Rome.

Il a compris à la fin du printemps 2012 que les rapports de force au sein de son camp tournaient contre lui, et qu'il serait isolé en cas de succès des pourparlers. L'échec des pourparlers lui a évité un putsch lors du chapitre général de la Fraternité du mois de juillet dernier.

Renouer avec un discours intransigeant permet à Mgr Fellay, après une période où il a été accusé par les ultras de son camp de trahir la cause de Mgr Lefebvre, de re-profiler son autorité sur une ligne idéologique dure, afin de regagner une légitimité fragilisée par des mois de négociation avec « l'ennemi », la Rome moderniste, d’où la référence dans son homélie du 11 novembre aux années 1974-75, celle de l’âge d’or de la création de la Fraternité.

Ajoutons que l'une des raisons pour laquelle Rome a tenu bon face aux intégristes est la leçon qui a pu être tirée en interne, suite à la création de "l'Institut du Bon Pasteur." En 2006, le montage de cette structure, destinée à donner un cadre à des prêtres fâchés avec la Fraternité, avait été présentée par le cardinal Castrillon Hoyos comme une pompe d’aspiration d’autres intégristes tentés de rentrer dans le rang.

Mais la tactique n’a pas tenu ses promesses. De son bureau et "manié" par des interventions traditionnalistes, le cardinal a mal jugé la situation. Rome s'est rendu compte que la création précipitée d’une structure aussi petite n’était pas une bonne idée.

Par la suite, l’Institut a été “recadré” par Rome lors d’une visite canonique en 2012, visite dont les résultats ont été instrumentalisés par les intégristes qui ne voulaient pas de la réconciliation. Par ailleurs, l’IBP est en pleine crise de gouvernance car la jeune génération de prêtres a mis sur la touche la figure tutélaire de l’abbé Philippe Laguérie, un "ancien" qui s'est fourvoyé.

Ces difficultés ont aussi pu refroidir, au plus haut niveau de l’Eglise, quelques “sages” qui ont vu en la réintégration de Fraternité Saint Pie X des risques multipliés de conflits d’égo, masqués sous des atours spirituels et théologiques., (source : AP)


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