Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 1 au 3 décembre 2012 (semaine 48)
 

-
3 décembre 2012 - France
LES RESPONSABLES RELIGIEUX ET L'ASSEMBLÉE NATIONALE

Trois semaines après diverses auditions, le rapporteur du projet de loi sur le « mariage pour tous », avec trois sociologues, ont entendu le 29 novembre les six représentants des principales religions en France.

Chacun dispose de dix minutes pour s'exprimer. Dans l'heure qui reste, le rapporteur de la loi, Erwann Binet lance des questions et donne la parole aux douze parlementaires présents. Il restera donc moins de quatre minutes par religieux pour répondre aux objections.

Le «débat» se joue pendant cette seule séance. Le plus virulent sur ce thème étant Alain Touret (RRDP): «Globalement vous êtes des lobbys», lance-t-il, attaquant directement l'Église catholique: «Vous appuyez votre pouvoir sur l'institution du mariage (…) mais à part quelques exceptions, vous vous êtes pratiquement trompés à chaque fois (…). La fracture entre vous autres et l'opinion est totale.»

Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France (CEF), a commencé par rappeler que l’ouverture du mariage à deux personnes du même sexe serait « un changement profond » qui créerait un « nouveau modèle de société ». Il a également considéré que le législateur n’a pas pour mission « d’élever le cas particulier au rang de cas général ».

Puis, déroulant un argumentaire en sept points, il a tenu à souligner toutes les conséquences qui découleraient d’une telle loi, insistant notamment sur « le droit de tout enfant à connaître ses origines », et sur la nouvelle discrimination qui risquerait d’apparaître entre les enfants issus de couples hétérosexuels, ceux élevés dans des familles homosexuelles mais issus de couples dissociés et ceux issus de couples homosexuels « avec un géniteur réel qui demeurerait caché ».

Le pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France (FPF), a d’abord rappelé la déclaration publiée par sa fédération le 13 octobre avant de souligner que le mariage n’est pas « la mise en scène d’un sentiment mais le lieu où se construisent les rapports entre les sexes et les générations ».

Il a invité à ne pas confondre ce qui est de l’ordre de la discrimination de ce qui est de l’ordre du respect du code social. Pour finir, il a proposé de consolider les conditions juridiques des couples homosexuels plutôt que de remettre en cause le mariage.

Le grand rabbin de France Gilles Bernheim, qui avait, lui aussi, déjà rendu public un long texte sur ce sujet, a souhaité s’arrêter sur deux points principaux pour battre en brèche les notions de progrès et d’égalité régulièrement avancées par ceux qui défendent le projet de loi. « Au nom de la tolérance et de la lutte contre les discriminations, on ne peut pas donner le mariage à tous ceux qui s’aiment », a-t-il expliqué dans un premier temps.

Quant à la possibilité pour une mère homosexuelle de partager avec sa compagne l’exercice de l’autorité parentale, elle existe déjà selon le grand rabbin qui a rappelé un arrêt de la Cour de cassation du 24 février 2006. « Si je m’oppose à cette loi sur le mariage homosexuel, ce n’est pas parce que je suis opposé au progrès, car le changement de mœurs sociales et juridiques n’est pas un progrès », a conclu le grand rabbin. Avant d’interroger, avec gravité : « Serons-nous capables ensuite d’arrêter la mécanique que nous sommes en train de déclencher ? »

Les députés préfèrent tenir le débat à l'Assemblée et surtout pas dans la rue. Comme si la majorité avait peur d'une forte mobilisation pour la manifestation nationale du 13 janvier prochain: «Vous lancez vos troupes, vos évêques, jette Alain Touret à un cardinal Vingt-Trois impassible, vos catholiques s'il en reste» mais «restez plutôt sur le plan philosophique» et«laissez aux élus la responsabilité de décider!»

Ce qui fera réagir le grand rabbin, Gilles Bernheim. Ces interventions religieuses, argumente-t-il, sont tout, sauf «un front des religions».«Jamais, ajoute-t-il, je ne récuserai le droit pour un couple homosexuel d'avoir des enfants» mais comment peut-on «imposer son désir d'enfant sur l'avenir même de cet enfant? Droit et devoir sont ici remis en question. Et le mot mariage est dévoyé.» (source : AP)

Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil