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du 11 au 14 février 2013 (semaine 07)
 

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14 février 2013 -
L'AU REVOIR DE L'ÉVÊQUE DE ROME AUX PRÊTRES DE SON DIOCÈSE

Devant les prêtres de Rome et en improvisant, durant trente minutes, Benoît XVI est revenu, le jeudi 14 février, sur ses souvenirs du concile, témoignant ainsi de son attachement indéfectible aux orientations fondamentales de Vatican II.

Partis de l’obélisque de la place Saint-Pierre, les 4922 prêtres de Rome, dont 3291 religieux, ont remonté le chœur de la basilique Saint-Pierre, prié devant la Chaire de Saint-Pierre, pour se diriger ensuite vers la salle Paul VI.

Trois longues minutes d’applaudissements, que rien ne semblait pouvoir arrêter, ont ouvert la rencontre. « Merci pour votre affection » a répondu Benoît XVI, les bras ouverts. Le cardinal Agostino Vallini, vicaire de Rome, a fait part, au nom du clergé, de sa tristesse. « Ne le cachons pas, tristesse et respect, admiration et amertume, amertume et fierté, se mêlent en nos cœurs. »

Sur le mode de la « lectio divina », sans notes, durant trente minutes, le futur évêque émérite de Rome s’est adressé à ses prêtres, leur faisant part de son expérience personnelle durant le concile Vatican II, alors qu'il était l’assistant du cardinal Frings, archevêque de Cologne.

« Nous sommes allés au concile avec joie et enthousiasme. Nous espérions une nouvelle Pentecôte, une nouvelle ère. » Le jeune expert d’alors « sentait que l’Église diminuait, semblait une réalité du passé et non porteuse du futur. On espérait que l’Église serait de demain. » Et puis sont arrivés les premiers heurts avec la Curie : « Nous ne voulions pas seulement approuver ce qui avait été décidé, mais nous voulions être les sujets de ce qui se passait. »

Et donc, les Pères conciliaires, au premier rang le cardinal Frings, « subitement, ont dit : « Nous voulons élire nos propres représentants. ». Le pape prend soin de préciser : « Ce n’était pas un acte révolutionnaire mais un acte de conscience de la part des Pères conciliaires. »

Spontanément, Benoît XVI se souvient des grands acteurs français de l’époque : le jeune P. Etchégaray, les pères Daniélou, Congar, de Lubac, Mgr Elchinger, archevêque de Strasbourg.

Puis, il a abordé le premier point de sa démonstration, toujours sans notes : la question de la liturgie. Il voulait « une vraie liturgie qui touche le peuple, au lieu d’être fermée dans une célébration pas comprise, sans la participation du peuple. » Pour aussitôt préciser : « Intelligibilité ne veut pas dire banalité. »

..." Nous nous insérons dans le « grand nous » des croyants. » D’où la nécessité, à côté de la succession de Pierre, de « mieux définir la fonction des évêques » : « Le corps des évêques est la continuation du collège des Douze. » Si beaucoup ont vu dans ces débats conciliaires des « luttes pour le pouvoir », le pape précise : « Il ne s’agissait pas de pouvoir, mais de la complémentarité et de la complétude du corps de l’Église, articulée autour de deux éléments fondamentaux : le primat du pape et la collégialité. »

Puis Benoît XVI a insisté sur « le lien entre le Corps du Christ, le Peuple de Dieu et l’union eucharistique, car c’est là que nous devenons corps du Christ » Sur le concept de Révélation et la manière de considérer l’Écriture, Ratzinger se souvient : « On se sentait un peu dans une situation négative face aux protestants, qui avaient fait de grandes découvertes. Les catholiques étaient un peu handicapés par la nécessité de s’en remettre au magistère. » D’où deux questions : « Quelle liberté d’interprétation ? Que veut dire Tradition ? ». La bataille fut difficile, et l’intervention de Paul VI essentielle.

Prolongeant son commentaire, le pape a rappelé à quel point « Gaudium et Spes » et « Nostra Aetate » ont répondu « aux besoins du monde », ont « rénové l’éthique chrétienne ». Car, « après le nazisme, l’Église catholique avait quelque chose à dire sur l’Ancien Testament, même si elle n’est pas responsable de la Shoah, quoique des chrétiens y ont pris part. Nous devions approfondir la conscience chrétienne, la question de la responsabilité de l’Église. »

Enfin, in fine, Benoît XVI s’est livré à une analyse du « concile des médias », du « concile des journalistes », qu’il a qualifié de « concile virtuel » obéissant à une « herméneutique politique », en opposition au « concile réel ». « Pour les médias, le concile était une lutte de pouvoirs. » Et donc, ils ont « pris position pour une partie qui parlait à leur monde : la décentralisation de l’Église, le peuple de Dieu compris comme peuple de laïcs, le pouvoir des évêques face à la souveraineté populaire, etc… » Sans oublier « la liturgie comprise non comme acte de la foi, mais comme une activité de la communauté profane. ».

Et Benoît XVI de rejeter « cette traduction banalisante de l’idée du concile, dans la praxis de l’application de la réforme liturgique, en dehors de la clé de la foi. » Et le pape s’est véritablement désolé : « Nous savons comment ce concile des médias, accessibles à tous, dominant, a créé tant de calamités, de problèmes : des séminaires et des couvents fermés, etc… »

Il a conclu « Le concile virtuel a été plus fort que le concile réel. 50 ans après, apparaît notre propre devoir issu du concile réel, que ce concile-là vrai puisse véritablement renouveler l’Église »…(source : News.va)


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