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du 11au 14 février 2013 (semaine 07)
 

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14 février 2013 -
VERS LA DISPARITÉ DES CHRÉTIENS DANS LE MONDE

Avec 1,2 milliard de fidèles, le futur pape héritera d’une Église qui quitte l'Europe et même l'Occident alors qu'elle prend les couleurs du Sud et regarde désormais et plus que jamais vers les pays émergents.

Dès lors qu’ils aborderont l’Europe, les cardinaux pourront aisément s’appuyer sur le portrait que Benoît XVI n’a cessé d’affiner de ce continent dont les orientations culturelles, à ses yeux, annonçaient celles auxquelles les autres territoires seraient à leur tour confrontés. Un monde où « Dieu est de moins en moins présent » et où – conséquence inévitable selon le pape – augmentent le relativisme, l’individualisme, le matérialisme…

En Europe, de fait, aucun pays n’est désormais épargné par la sécularisation. Certaines Églises comme l’Irlande ont été déstabilisées par les affaires d’abus sexuels, d’autres comme l’Autriche subissent de plein fouet une contestation interne tant des fidèles que des prêtres.

Mais le principal enjeu réside dans les bouleversements éthiques des sociétés européennes, avec les débats sur la place de l’homosexualité, l’euthanasie, la recherche sur l’embryon…

« La grande difficulté des catholiques européens sera d’affirmer leur identité en continuant à dialoguer avec la société, sans se replier en ghetto », estime Romilda Ferrauto, rédactrice en chef de la section française de Radio Vatican.

La France, qui fut la première à en prendre la mesure là où d’autres commencent tout juste à poser le diagnostic, fait aujourd’hui figure de modèle, à Rome. Plus largement, ces Églises européennes où, faute de prêtres, on regroupe les paroisses, manifestent aussi un nouvel élan missionnaire, particulièrement chez les jeunes.

En Amérique du Nord, si, sur le fond, l’enjeu est le même, le ton, en revanche, est bien différent, en particulier parmi les évêques des États-Unis. « Ils semblent avoir rebondi après les scandales de pédophilie et ont adopté désormais une attitude très claire de combat », affirme encore Romilda Ferrauto.

L’athéisme et l’individualisme gagnent du terrain. Si le catholicisme nord-américain est en croissance, c’est en grande partie en raison de l’immigration qui redessine les équilibres : majoritairement hispanique aux États-Unis, asiatique au Canada.

L’Amérique latine demeure le premier continent catholique. L’Église y conserve une forte influence dans la société (santé, éducation), mais ce constat est à nuancer. La perte d’influence de la théologie de la libération a favorisé le succès des mouvements évangéliques auprès des populations défavorisées, même si, pour faire face, l’Église sud-américaine bénéficie de la vitalité des groupes charismatiques.

Au Brésil, le nombre de vocations religieuses est stable, les vocations sacerdotales augmentent. » Ce dynamisme ne doit pourtant pas masquer la baisse rampante de la pratique chez les jeunes.

Dans certains pays (Venezuela, Argentine, Mexique), les relations avec l’État sont conflictuelles. Autre défi de taille pour les évêques : parvenir à une position commune sur l’écologie dans les vastes zones amazonienes, la question foncière et relancer la présence de l’Église auprès des indigènes, négligée ces dernières années…

L’Afrique, de son côté, est le continent qui connaît la plus forte croissance du nombre de catholiques. En 2009, ils étaient 179 millions ; en 2050, ils devraient être 322 millions. C’est aussi là que le nombre de prêtres et de séminaristes augmente le plus vite. Cinquante ans après Vatican II, l’Afrique, « immense poumon spirituel » pour Benoît XVI, peut aussi compter sur de nombreux laïcs engagés, qui jouent souvent le rôle d’animateurs de communautés.

L’Église africaine a toutefois été fragilisée par des affaires de corruption, de collusion avec certains gouvernements (Côte d’Ivoire) et de mœurs dans le clergé (Centrafrique). Sur ce point, Benoît XVI a encouragé une grande opération « mains propres ».

L’Église africaine affronte d’autres défis diagnostiqués sans complaisance lors du Synode d’octobre 2009 : instabilité politique et guerres civiles, appauvrissement et migration, concurrence de l’islam, des Églises évangéliques qui vont jusqu'au fondamentalisme.

L’Asie, terre d’avenir du catholicisme ? Le nombre de catholiques y est là encore en augmentation, mais leur répartition varie. Ils sont majoritaires aux Philippines, où l’Église (87 % des 95 millions d’habitants) reste puissante face à une société marquée par la corruption et la dégradation de la vie politique et sociale, et au Timor-Oriental (plus de 90 % de 1,1 million d’habitants) où l’Église a joué un grand rôle au cours des années de lutte pour l’indépendance vis-à-vis de l’Indonésie.

En Inde, en revanche, les catholiques sont minoritaires, malgré la présence d'une Église catholique orientale datant de l'apôtre saint Thomas. Mais les établissements scolaires et les hôpitaux comptent parmi les plus réputés, si bien qu’ils attirent davantage d’élèves et de patients hindous et musulmans que catholiques. Les vocations sont très nombreuses au Vietnam.

Pour autant, l’Église catholique en Asie,malgré les efforts de Benoît XVI, est souvent perçue comme marquée par la centralisation romaine et la tradition occidentale, et regardée avec circonspection par les autres religions. Ce qui oblige les théologiens à un profond travail de confrontation et d’inculturation. Les vocations sont florissantes, et surtout en Chine. Benoît XVI a posé des gestes très importants envers les catholiques chinois, mais le chantier reste ouvert.

Au Proche-Orient, enfin, la lente érosion du nombre de chrétiens constitue pour le Vatican une source d’inquiétude majeure. Le terrorisme en Irak, les révolutions arabes et la guerre en Syrie n’ont fait qu’accroître le phénomène des migrations de chrétiens.

En convoquant un Synode en octobre 2010, et en venant au Liban à cette occasion, Benoît XVI a voulu attirer l’attention de la communauté internationale sur le sort de ces Églises souvent divisées. Le Synode a insisté sur la nécessité de former ces chrétiens à la foi souvent très traditionnelle, pour leur permettre d’entrer dans un dialogue assuré avec les musulmans. (source : AP)


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