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du 15 au 18 février 2013 (semaine 07)
 

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18 février 2013 -
LES NUANCES DE L'ARCHEVÊQUE DE DIJON ET DE CELUI DE CRACOVIE


Deux archevêques ont fait parler d'eux. Ils ont exprimé avec une pointe de désapprobation la réalité de leur pensée en ce qui concerne la renonciation de Benoît XVI. Mais ils n'en ont pas oublié les richesses spirituelles de ce pape.

Devant les micros de RCF, Mgr Minnerath, archevêque de Dijon, a accepté de s’exprimer sur ce sujet sensible. Sans omettre de pointer un certain désaccord avec celui qu’il connaît bien, puisque les deux hommes ont tous les deux travaillé ensemble au sein de la même commission théologique de Rome.

« Qu’est-ce-qui est important dans le Ministère d’un prêtre, d’un évêque ou du Pape, ses qualités intellectuelles ou le don qu’il fait de lui-même au Christ ? » déclare Mgr Minnerath, archevêque de Dijon.

D'une certaine manière, et en sous-entendu, l'archevêque de Dijon regrette que la démarche de Benoît XVI soit hâtive et trop marquée par le critère de l'efficacité, plus que par une vision de la foi. C'est ce qu'il appelle les collatéraux de la décision.

..." une démarche trop hâtive". Benoît XVI y faisait allusion dès le lendemain de son élection. Il est possible également que Benoît XVI lui-même, très organisé et prévoyant, et soucieux d'une transition ordonnée, ait pensé, en annonçant sa démission le 28 février., aux célébrations pascales dans toute l'Église.

Cette renonciation constitue une sorte de petite révolution dans l’Eglise, et Mgr Minnerath s'en explique en parlant d'une Église "constitutionnelle" : « Si on introduit un critère d’efficacité, c’est tout à fait valable dans le Gouvernement des choses temporelles d’un chef d’Etat. Mais dans l’exercice de l’épiscopat ou du pontificat, c’est autre chose ! »

« Qu’est-ce qui est important dans le ministère du pape ?, a interrogé l’archevêque français. Est-ce que c’est ses dons, ses qualités intellectuelles ? Ou est ce que c’est le don qu’il fait de lui-même au Christ ? Finalement, est ce que ce n’est pas ça qui porte du fruit plus que tout le reste ? », a poursuivi Mgr Minnerath, citant l’exemple de Jean-Paul II, « qui nous a aussi donné l’exemple de ce qu’est une fidélité jusqu’au bout ». « Le Christ et Pierre sont liés à jamais », a-t-il également ajouté.

En fait Mgr Minnerath n’est pas aussi sévère qu'il y paraît, car il sait faire le bilan des 8 années d’exercice de Benoît XVI : « Je prie pour lui, il a donné énormément de sa personne. Ainsi qu’un très beau témoignage de la doctrine de l’Eglise dans les temps qui sont les nôtres ».

Il retient surtout de lui « son extrême humilité, sa simplicité et sa gentillesse ». D’autant qu’il s’est révélé très différent du portrait dressé par les médias à sa prise de fonction : « il est tout à l’opposé de ce que l’on a raconté au début ». Mais ce que l'archevêque de Dijon craint le plus, ce sont « les conséquences collatérales de ce type de décision ».

Indirectement, dans un entretien avec Mgr Ireneusz Skubis, rédacteur en chef du magazine hebdomadaire catholique polonais "Niedziela", l'ancien secrétaire particulier de Jean-Paul II rejoint Mgr Minnerath quand compare l'attitude de Benoît XVI avec celle de son prédécesseur, lui qui est resté sur la croix jusqu'à son dernier soupir.

" Naturellement, dit le cardinal Dziwisz , chacun  a son charisme propre. Le pape Benoît XVI est un grand pape. Ses grandes capacités intellectuelles, et son impact au plan théologique et spirituel, lui ont permis de faire de grandes choses pour le renouveau et le développement de la vie religieuse."

La décision de Benoît XVI, dit-il, a été « difficile mais courageuse ». Il faut l’accepter « avec foi », et remercier le pape pour « tout ce qu’il a fait et qu’il fera pour nous », car  nous pouvons être sûrs que «  par la contemplation, la prière, par sa personne et son charisme, il continuera à soutenir l’Eglise ».

" Chaque pape a apporté dans l’Eglise ce qu’il a reçu de l’Esprit Saint et sa personnalité. Benoît XVI aussi a apporté dans l’Eglise tout ce que l’esprit Saint lui a donné, mais également sa personne, son talent unique et son charisme. Et tout cela donne du fruit", tient à souligner le cardinal Stanislaw Dziwisz.

Le jugement de Giovanni Maria Vian, directeur de "L'Osservatore, est que, pour Benoît XVI, "Son pontificat est comme arrivé à maturité". Par cette décision, "Benoît XVI ne fuit pas devant les loups. Il ne s´échappe pas".

Lors de la messe d´inauguration de son pontificat, le 24 avril 2005, le pape avait demandé aux fidèles de prier pour lui, afin qu´il "ne (se) dérobe pas, par peur, devant les loups".

"Il ne descend pas non plus de la croix", "Son geste est audacieux mais il montre aussi sa cohérence: il s´est toujours considéré au service, et pense qu´il ne faut pas s´attacher à une fonction. Il change simplement sa façon de servir et l´Eglise continue à avancer", poursuit Giovanni Maria Vian. (source : AP)


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