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du 25 au 28 février 2013 (09)
 

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28 février 2013 - Katanga
UN MISSIONNAIRE TÉMOIGNE DES ATROCITÉS

Le P. Raoul de Buisseret, religieux franciscain, a été acculé à tout quitter, fuyant in extremis l’attaque décisive d’une coalition de miliciens Maï Maï, qui sème la terreur. Il raconte l’effroyable afin d’alerter les opinions face au silence des autorités.

Il vient d’échapper à la mort et de tourner définitivement la page de 40 années de vie données à Lukafu à construire des écoles, centres de santé, églises et même des ponts dans tous les sens du terme car il avait choisi de se faire proche en partageant avec les habitants les repas et le logement dans les cases villageoises. On l’appelait « lukongolola », « celui qui passe partout », même à travers les embuscades ou la prise d’otage dont il fut victime en 1997.

" En septembre 2011, dit-il, le chef Maï Maï, surnommé Gédéon, condamné pour crimes contre l’humanité, s’était évadé de prison avec 200 hommes armés. Jamais inquiété, – grâce sans doute à des complicités – il avait rejoint son QG dans le Parc de l’Upemba. Depuis deux mois, des petits groupes de miliciens, appartenant tantôt à ce groupe militaro-sectaire, tantôt à un mouvement séparatiste katangais, partent de là pour « nettoyer » le Nord de la province.

"Au total, 300.000 personnes ont fui . Partout où passent ces milices, elles éliminent ceux qui n’ont pas fui, se croyant « innocents » : les femmes sont égorgées, les mères enceintes frappées sur le ventre à coups de bâton, les hommes amputés des oreilles et émasculés avant d’être transpercés à coups de lance.

" Nous sommes donc partis, le vicaire, le médecin et moi, avec l’ambulance de l’hôpital jusqu’à Lubumbashi, à 180 kms de là. Nos craintes étaient fondées : les Tigres se sont installés au village et ont détruit la mission, la maison des sœurs franciscaines, le foyer social, l’internat, …tout ce à quoi j’avais travaillé ».

... " Il faut laisser la place aux Congolais, je me sens de plus en plus étranger »… Ce qui l’a le plus meurtri a été de reconnaitre d’anciens élèves parmi les nombreux jeunes agresseurs. « Cela nous pose une vraie question à nous, qui les avons sensibilisés aux valeurs évangéliques depuis tant d’années. Les gens profitent des missions mais lâchent à la moindre difficulté, attirés davantage par tout ce qui est matériel. Il y a un problème d’inculturation de l’Evangile : ils n’ont pas rencontré la personne du Christ. " (source : Cathobel)

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