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du 1 au 4 mars 2013 (09)
 

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4 mars 2013 -
L'OECUMÉNISME ET LES ÉGLISES PROTESTANTES

" Dans sa christologie, il était proche des protestants. Mais non dans son ecclésiologie. C’était un théologien brillant, dont l’apport a été grand. J’avais espéré de plus grandes ouvertures vers les Églises de la Réforme.," déclare André Birmelé,

Pour l'ancien doyen de la faculté de théologie protestante de Strasbourg, " C'est l’ecclésiologie, notre conception de l’Église et de la tradition, qui nous sépare encore beaucoup. Finalement, le seul document que nous avons est celui sur la justification par la grâce. J’espère que le prochain pape restera dans l’esprit de Vatican II."

..." C’est un grand homme, mais au bout du rouleau, qui s’en va. Son geste est remarquable. Il peut d’autant mieux l’assumer que les grands scandales qui ont secoué l’Eglise catholique, notamment celui de la pédophilie, se sont calmés. L’âge a joué dans sa décision, mais c’est surtout l’échec de tout ce qu’il souhaitait mettre en place qui a pesé.

..." Son plus grand souci était l’unité de l’Église catholique, bien plus que celle de l’Église universelle. Il s’est ouvert à tous les compromis, d’ailleurs discutables, avec les conservateurs, et l’échec est probant. Il en est de même pour les relations avec les orthodoxes. Son but était un rapprochement avec l’Orient, mais les responsables orthodoxes lui ont fermé la porte. Ce n’est pas un échec personnel mais celui du système. L’Église catholique mondiale est très difficile à manier.

" Son prédécesseur, Jean-Paul II, était un homme public qui ne s’est pas occupé des affaires intérieures. Il a laissé à Ratzinger le soin de nettoyer les écuries. Benoît XVI était, et est toujours, un excellent théologien, mais il n’est jamais bon qu’un théologien devienne responsable d’Église. Il faut un homme plus politique, capable de faire des compromis. J’espère que le prochain Pape sera en mesure de diriger son Église et de remettre en place la curie.

" Quant aux relations avec les protestants, il faudrait que l’Église catholique accepte enfin que l’on puisse être Église en dehors du système romain. On en était loin avec Ratzinger. Si le prochain Pape n’a aucun antécédent œcuménique, comme Paul VI par exemple, on aura peut-être plus de chance, car cela marche mieux avec un Pape qui découvre sur le tard cette « diversité réconciliée ».

..." C’est maintenant que tout se joue."

Pour Jane Stranz, pasteure réformée et responsable des relations œcuméniques à la Fédération protestante de France : " La lecture protestante de l’événement est presque celle d’une réforme de la papauté. Mais le sens de cet acte ne sera réellement connu que plus tard. Cela ne va pas créer une tradition car c’est un acte isolé pour l’instant mais cela ouvre une nouvelle manière d’interpréter son pontificat, de voir son œuvre et de comprendre ce qu’il voulait pour son Église.

..." Avec ce geste, il met son Église devant ses responsabilités."

Gill Daudé, ancien responsable des relations œcuméniques de la FPF, rappelle ses relations avec Benoît XVI : " Lorsque je l’ai rencontré, encore Préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, il m’a impressionné par sa connaissance parfaite des théologies protestantes, son humilité non feinte, son attention à l’autre et son sens de la collégialité au service de son Eglise.

..." On peut ne pas partager ses options qu’il ne cachait pas comme ce fut le cas lors de son débat public avec le cardinal Kasper sur le rapport 'Eglise universelle et Église locale' , mais on ne peut que s’incliner devant sa rigueur de pensée, y compris en œcuménisme où tantôt il a poussé, tantôt posé, des questions dérangeantes, tantôt freiné aussi malgré lui peut-être, en l’absence de consensus dans son Eglise.

Peut-être est-il plus théologien que gouvernant ? Et justement qu’un théologien de son envergure renonce à sa charge peut parler au protestant : le ministère du pape est donc dissociable de l’être de sa personne. Le théologien n’a donc pas fini d’ouvrir des pistes."
Cette décision avant le temps de Carême nous engage dans la prière avec nos amis catholiques car « il faut se confier toujours plus dans la puissance de Sa miséricorde, qui transforme et renouvelle », avait rappelé Benoît XVI, dimanche 10 février. (source : FPF)


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