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11 mars 2013 -
LES ANXIÉTÉS DES GROUPES D'INFLUENCE

Sans en faire l'un des points importants de la préparation de ce conclave, une tension profonde existe entre divers courants cardinalices, quels que soient leurs noms. Elle se poursuivra par delà l'élection du nouveau pape.

C'est
une tension beaucoup plus profonde qui s'exprime comme jamais entre cardinaux. Ce ne sont pas des querelles théologiques ou de sensibilités politiques qui sont en jeu. L'unité se traduit dans la communion spirituelle. Ce n'est as non plus un débat entre conservateurs et progressistes, comme à une époque encore récente. Les horizons asiatiques, africains et latino-américains tempèrent ces courants principalement européens.

La crise de gouvernance de la curie romaine et la renonciation du Pape incitent beaucoup de cardinaux à penser que l'heure est venue de revoir de fond en comble le fonctionnement de la curie. Ils veulent une réforme de système: un secrétaire d'État avec moins de pouvoirs ; un Conseil des ministres effectif autour du pape ; un Vatican conçu comme un lieu de service des Églises continentales et non comme un lieu de pouvoir.

Ce qui fait craindre une crise de niveau institutionnel, donc très grave, à la vieille garde italienne qui tient tout, en vérité depuis longtemps. Après Paul VI, ni Jean-Paul II ni Benoît XVI n'ont vraiment gouverné la curie. Ce sont donc plus de trente années de dérives de pouvoirs qui implosent. Les Italiens pèsent un quart du collège cardinalice (49 cardinaux sur 209) et un quasi-tiers des électeurs (âgés de moins de 80 ans). C'est-à-dire 28 sur 115… À titre de comparaison, les Brésiliens disposent de 5 électeurs. Le continent africain, de 18!

En cette heure de remise en cause fondamentale par le Collège des cardinaux lui-même et non par la gauche progressiste, ce qui ne s'est jamais vu à ce point en 1978 et en 2005, tout un courant refuse de confier les clés du royaume à quelqu'un qui ne serait pas du sérail curial. D'où ce raidissement. D'où l'alliance sacrée italienne en nuançant le choix par tel ou tel cardinal.

En face il y a les «autres». Ceux qui ne partagent pas cette vision bureaucratico-curialiste. Ils peuvent être italiens, mais ce sont surtout des «étrangers»… Entendez des «non-Italiens», car, au Vatican, «i stranieri» sont les non-Italiens! Ces étrangers romains, à Rome depuis des décennies, mais… toujours étrangers.

Et puis ces "stranieri" qui viennent de ces lointaines cultures chrétiennes. De ce point de vue, Jean-Paul II et Benoît XVI sont restés "étrangers". Il y a le handicap de ces non-Italiens qui viennent de débarquer pour le conclave, ils «débarquent», au sens propre du terme, pour la plupart. (source : AP)


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