Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 1 au 4 avril 2013 (semaine 14)
 

-
4 avril 2013 - France
LA LAÏCITÉ DOIT-ELLE LIMITER LA LIBERTÉ ?

Le gouvernement français appelle à une nouvelle loi de consensus pour limiter les signes religieux dans des structures de droit privé, mais cette réforme complexe risque de rompre un certain équilibre dans la conception française de la laïcité.

Un décret du 3 avril, paru au Journal officiel et signé du premier ministre Jean-Marc Ayrault crée un Observatoire de la laïcité à compter du vendredi 5 avril

Les lois laïques ont été construites dans un contexte anti-clérical vis-à-vis d'une société issue du catholicisme. Ce qui n'est pas le cas actuellement. Dans cet autre contexte social, les religions sont inquiètes de la « précipitation » du gouvernement sur la laïcité. Or dix ans après les travaux de la commission Stasi qui avaient abouti à l’interdiction des signes religieux à l’école, la République s’apprête à rouvrir le chantier très délicat de la liberté religieuse.

Entre-temps, il y eut aussi la loi sur la burqa de 2010, mais celle-ci était fondée sur le respect de l’ordre public (interdiction de dissimuler son visage) et non de la laïcité. Cette fois-ci, c’est bien la question de l’expression religieuse et de sa compatibilité avec les règles communes qui a été relancée par l’affaire Baby Loup, le licenciement d’une puéricultrice voilée, salariée d'une crèche associative.

Le dossier est techniquement complexe et place la société face à des enjeux philosophiques plus redoutables que les questions de la définition du domaine de la loi.

Par ailleurs bien des spécialistes jugent les projets d'une telle réforme du Code du travail contraire au droit européen.

La décision de la Cour de cassation, concernant le voile de cette puéricultrice, a ouvert les portes à un déferlement de tribunes ou pétitions favorables ou opposées à une réforme. Car au-delà de ces aspects techniques, la perspective inédite de limiter l’expression religieuse dans la sphère privée relance la question du point d’équilibre entre respect des libertés individuelles, de la diversité culturelle et de la tradition républicaine.

Nombre d’intellectuels, rejoint par toute une opinion populaire, estiment que, sous prétexte de laïcité, cette surenchère législative exprime un rejet culturel de l’islam. La France vivrait dans le « fantasme » d’une islamisation de la société.

Les socialistes, qui ont longtemps dénoncé la discrimination des musulmans, paraissent désormais plus sensibles aux menaces du prosélytisme islamique. Le premier secrétaire du PS Harlem Désir, ex-président de SOS Racisme et farouche défenseur de la diversité, vient ainsi de signer un appel à légiférer sur la laïcité.

La perspective du vote d’une loi élargissant le périmètre d’application de l’interdiction des signes religieux fait craindre un effet de cascade aux représentants religieux, qui appellent le gouvernement français à ne pas « surréagir sous le coup d’une émotion réelle ou supposée.»

« Peut-on se réclamer de la loi de 1905 en prônant ce qu’elle a désavoué ? », s’interroge ainsi le président du Conseil français du culte musulman, Mohammed Moussaoui. Un autre leader musulman, Ahmed Jaballah, a prévenu : « Nous ne demanderons jamais aux musulmanes de mettre leur foulard dans leur poche. L’islam de France ne se fera pas sans le foulard. » (source : AP)


Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil