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du 17 au 20 mai 2013 (semaine 20)
 

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20 mai 2013 -
FRANÇOIS ET LA THÉOLOGIE DE LA LIBÉRATION


Le pape François - qui vit avec l’opinion publique une lune de miel persistante - a reçu des éloges même de la part du plus révolutionnaire des théologiens franciscains, le Brésilien Leonardo Boff . Mais, entre lui et eux, il y a un abîme.

Avec les théologiens de la libération, Leonardo Boff s'est réjoui : "François va donner une leçon à l’Église. Nous sortons d’un hiver rigoureux et sombre. Avec lui, c’est le printemps qui arrive". Lorsque, trois jours à peine après avoir été élu pape, Jorge Mario Bergoglio a appelé de ses vœux "une Église pauvre et pour les pauvres", son inclusion dans les rangs des révolutionnaires semblait chose faite.

Le cardinal Bergoglio n’est pas un auteur de livres prolifique, mais les écrits que l’on a de lui suffisent et aident à comprendre à quoi correspond, dans son esprit, son insistance à se mêler au "peuple".

La théologie de la libération, il la connaît bien, il l’a vue naître et se développer, y compris chez ses confrères jésuites, mais il a toujours montré qu’il était en désaccord avec elle, même au risque de se trouver isolé.

Ses théologiens de référence n’étaient pas Boff, Gutierrez ou Sobrino, mais Juan Carlos Scannone, un autre jésuite argentin, connu de très peu de gens. Celui-ci, qui avait été son professeur de grec, avait élaboré une théologie non pas de la libération mais "du peuple", fondée sur la culture et la religiosité des gens ordinaires, au premier rang desquels les pauvres, avec leur spiritualité traditionnelle et leur sensibilité à la justice.

Aujourd’hui Scannone est âgé de 81 ans et il est considéré comme le plus grand théologien argentin vivant. Et déjà avec lui, en 2005, le cardinal Bergoglio avait mis, un terme à la discussion en ces termes : "Après l’effondrement du 'socialisme réel', ces courants de pensée ont sombré dans la confusion. Incapables aussi bien d’une reformulation radicale que d’une nouvelle créativité, ils ont survécu grâce à la force d’inertie, même si, aujourd’hui encore, il ne manque pas de gens pour vouloir, de manière anachronique, la proposer encore".

Cette sentence marque la liquidation de la théologie de la libération. Elle est dans l’un de ses textes les plus révélateurs : la préface d’un livre ayant pour sujet l’avenir de l'Amérique Latine et dont l’auteur est son ami le plus proche au sein de la curie romaine, l'Uruguayen Guzmán Carriquiry Lecour. Secrétaire général de la commission pontificale pour l'Amérique Latine, cet homme marié, père et grand-père, est le laïc ayant le rang le plus élevé à la Curie.

Le pape, à cette date, considèrait que le continent latino-américain s’est déjà assuré une place de "classe moyenne" au niveau mondial et qu’il est destiné à s’imposer encore davantage dans les configurations futures, mais qu’il est menacé dans ce qui lui est le plus propre, la foi et la "sagesse catholique" de son peuple.

Le 12 mai, il a rompu des lances en faveur de la protection juridique de l'embryon en Europe. On n’oublie pas, à Buenos Aires, sa tenace opposition aux lois favorisant l'avortement libre et les mariages "gay". Il voit, dans le fait que de telles lois se répandent partout dans le monde, l'offensive d’"une conception impérialiste de la mondialisation", qui "constitue le totalitarisme le plus dangereux de la postmodernité".

Il y a quelques jours, dans une homélie, il a lancé un avertissement : "Le dialogue est nécessaire entre nous, pour la paix. Mais on ne peut pas dialoguer avec le prince de ce monde. Jamais". (source : Chiesa)


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