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du 14 au 17 juin 2013 (semaine 24)
 

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17 juin 2013 - Turquie
UNE ÉPREUVE RELIGIEUSE POUR VALIDER LES DIPLÔMES


Désormais, les jeunes Turcs devront répondre à cinq questions sur la religion lors à l'examen d'entrée à l'université. Ceux qui poursuivent des études en sciences sociales devront répondre à huit questions sur la religion pour avoir leur licence.

Le premier examen pour valider ces études, aura lieu le 15 juin. Pour la première fois dans ce pays laïc, des étudiants devront faire valider leurs connaissances de la religion pour pouvoir entrer à l'université. Dans une précédente réforme introduite également cette année, le gouvernement turc avait autorisé les diplômés d'écoles religieuses à se présenter à tous les examens universitaires alors qu'ils étaient auparavant limités aux seules études de théologie.

En février dernier, le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, avait déclaré vouloir « former une jeunesse religieuse » et en avait profité pour s'attaquer aux athées, qualifiés de « drogués ».

Il est lui-même un ancien diplômé d'une école de l'imam Hatip, lycées religieux destinés à former les imams d'État, et créés après l'abolition des madrasas par Mustafa Kemal, surnommé Atatürk, le père de la Turquie laïque.

Cette nouvelle inflexion au principe de laïcité arrive après qu'une autre réforme de l'enseignement en Turquie, baptisée « 4+4+4 », a suscité la colère des libéraux. Son nom vient de ce qu'elle supprime les huit années d'enseignement obligatoire pour le porter à douze, mais divisées en trois cycles de quatre ans chacun.

Le but de cette mesure est d'autoriser l'ouverture des écoles de l'imam Hatip dès le niveau élémentaire et non plus seulement secondaire. Un syndicat d'enseignant, Egitim-Sen, avait déclaré craindre par cette mesure que « l'enseignement donné aux enfants de neuf ans par des imams n'aboutisse à l'ouverture des mosquées dans les écoles ».

Pour une grande partie de l'opinion, l'actuel parti au pouvoir est désormais en mesure de transformer toutes les écoles publiques en écoles religieuses. « L'époque où il était interdit de lire le Coran est désormais révolue ».

Les manifestations actuelles témoignent de l'opposition laïque et libérale qui accuse le parti islamiste modéré au pouvoir de vouloir islamiser la société, et en veut pour preuve le fait que de nombreux restaurants refusent désormais de servir de l'alcool pendant le mois de ramadan.

L'AKP suscite aussi les craintes des minorités religieuses, comme les alévis, à rapprocher des alaouites syriens. Ces derniers craignent l'imposition d'un islam strictement sunnite, dans les écoles notamment, et la montée de l'intolérance qui en découlerait.

Pour Erdal Kilickaya, président de la Fédération de l'union des alévis de France (FUAF), qui représente les quelque 200.000 alévis de l'Hexagone : « Sous son étiquette de pays "laïc", le gouvernement turc mène une politique de propagande, à l'encontre de la laïcité, avec comme seul objectif d'instaurer un nouveau modèle idéologique : "une race, une religion, une langue" ». (source : AP)


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