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du 25 au 28 juin 2013 (semaine 26)
 

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28 juin 2013 - Inde
UNE STATUE DE LA VIERGE FAIT POLÉMIQUE


Inaugurée il y a quelques jours à Singpur, dans le district de Dhurwa par le cardinal P. Toppo, archevêque de Ranchi, une statue de la Vierge Marie représentée avec le costume traditionnel local fait polémique auprès des populations locales.

Le Jharkhand, Etat du Nord de l’Inde, est essentiellement peuplé d’ethnies aborigènes. Le 18 juin, quand le cardinal Toppo a dévoilé la statue de la Vierge à l’enfant destinée à une église catholique de Singpur, des membres animistes de la communauté sarna ont manifesté dans les rues de Ranchi pour protester contre ce qu’ils considèrent comme « une tentative de conversion des aborigènes (tribals) par les chrétiens ».

La statue controversée représente la Vierge Marie sous les traits d’une femme aborigène, portant le sari traditionnel à bordure rouge, et l’enfant Jésus porté sur la hanche à la manière locale, enveloppé dans une pièce d’étoffe.

Pour les Missionnaires du Verbe Divin (SVD) responsables de la paroisse, cette statue indigène démontre tout au contraire une acculturation respectueuse des traditions locales. Elle représente la Vierge Marie sous les traits d’une femme aborigène, portant le sari traditionnel à bordure rouge, et l’enfant Jésus porté sur la hanche à la manière locale, enveloppé dans une pièce d’étoffe.

« Ce choix de vêtir Mère Marie avec le sari blanc bordé de rouge nous semble très clairement une tactique pour convertir les Sarnas au christianisme. Le quotidien, le Dailybhaskar attise la polémique en rapportant que les missionnaires catholiques ont fabriqué une statue de « Mère Marie », une « déité étrangère habillée avec le costume local » afin d'« induire en erreur » la communauté aborigène qui vénère Maa Sarna (la Terre-Mère).

« La bordure rouge a une forte signification dans la croyance sarna. Nos femmes portent ce sari blanc à bords rouges à certaines périodes considérées comme favorables. Si l’idole de Mère Marie est représentée dans le costume d’une femme tribale, dans un siècle, les gens penseront que Mère Marie est une aborigène venant du Jharkhand ! », fulmine le journaliste Bandhan Tigg.

Le P. Augustine Kanjamala (SVD), spécialisé en sociologie des religion, peut bien déclarer qu' en Inde, les missionnaires chrétiens étrangers ont été les premiers à protéger et promouvoir les cultures indigènes, et aussi les premiers à défendre avec acharnement les droits des ‘tribals’ ». Le conflit est source de polémique.

Or le cardinal Toppo, lui-même issu de l’ethnie oraon du Jharkhand et premier aborigène à avoir été élevé au cardinalat, est considéré aujourd'hui comme l’un des plus actifs défenseurs de l’inculturation et de la réconciliation interethnique en Inde. Ces actions en faveur de la paix et de la promotion des droits des aborigènes en font cependant la cible de plus en plus fréquente des hindouistes, en particulier depuis le retour au pouvoir du BJP à la tête de l’Etat du Jharkhand.

Face aux hindouistes qui accusent régulièrement l’Eglise catholique de pratiquer des conversions forcées et tentent d’imposer depuis plusieurs années une loi anti-conversion au Jharkhand, le cardinal se contente de réitérer avec constance que « le principe de conversion forcée n’existe pas dans l’Eglise, celle-ci ne la pratiquant pas et la considérant comme invalide ». Mais pour les hindouistes, "Mère Marie reste une déesse étrangère" et la montrer ainsi habillée comme une femme aborigène 'tribale' est inconvenant." (source : Mepasie)


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