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du 2 au 5 juillet 2013 (semaine 27)
 

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5 juillet 2013-
"LUMEN FIDEI" UNE LUMIÈRE POUR NOTRE FOI
Citations du texte intégral de l'encyclique

"Lumen Fidei", "Lumière de la foi", la première encyclique du Pape François a été promulguée le 5 juillet 2013. Elle récapitule en quatre chapitres ce qu'est a foi chrétienne.

Que retenir de l’Encyclique "Lumen Fidei" dès la première lecture, c'est ce que nous tentons de vous donner ici. Mais, en fait la profondeur théologique et spirituelle de cette encyclique est telle qu'il nous faut en reprendre et méditer bien des passages si nous voulons y puiser toutela richesse .

La première encyclique du pape François est écrite à quatre mains. L’actuel souverain pontife est parti d’un texte rédigé mais non achevé par Benoit XVI, qu’il a complété par ses propres considération. A certains moments on entend Benoît XVI. Mais, le Pape François marque de sa personnalité, la personnalité de son prédécesseur sur ce qu’est la foi, de son origine et de sa modernité. Et le pape redit ce qu’il a martelé à plusieurs reprises : « Ne vous laissez pas voler votre espérance ».

Oui, la foi aide l’homme dans sa vie quotidienne et dans son cheminement sur la Terre, car elle est lumière dans les ténèbres. A cet égard, elle permet de trouver la vérité, base de la vie heureuse. La foi contribue aussi à découvrir Dieu et à voir son reflet dans l’autre. Elle aide à respecter l’humain à tous les stades de la vie et est la base de l’amour.

La foi, c’est en Jésus que nous la vivons, pour nous approcher du Père avec l’aide de l’Esprit. Mais pour y arriver, la foi doit se transmettre. Et cette transmission se fait dans les sacrements et dans la proclamation que font les chrétiens.


De l’origine au futur basé sur Vatican II


Dans les 83 pages de cette première encyclique, le pape François s'appuie sur Vatican II qu'il considère comme un développement dogmatique de la Tradition ecclésiale.

Son texte fait de nombreuses références, d’abord à l’Ancien testament (les origines de la Foi), mais aussi au Nouveau testament et à notre société moderne.

Le pape cite de nombreux saints, saint Augustin, saint Irénée de Lyon, saint Justin, …), mais aussi de philosophes, penseurs plus récents ou de notre temps (Nietzche, Dante, Dostoïevski, J.J. Rousseau, Ludwig Wittgenstein, Mère Teresa, …) que ce soit pour étayer son propos ou pour démontrer que certaines approches sont fausses ou conduisent l’homme moderne à se tourner vers des idoles et à se centrer sur lui-même, parce que capable de raisonner et de créer, alors qu’en réalité, il se coupe ainsi de Dieu.

Les propos du pape portent sur la foi et la science, la foi et la raison, la foi et les sacrements, la foi et la famille. Il cite à plusieurs reprises le Concile Vatican II et ses constitutions majeures.

Le texte contient des phrases chocs et des allusions indirectes à des problèmes que vit notre monde, comme le mariage de personnes du même sexe, l’avortement, l’euthanasie, et l’égoïsme ! Sans que jamais ces mots ne soient prononcés. Il dénonce aussi l’individualisme et la recherche d’un bonheur superficiel, qui finit par sombrer. Car la foi est joie, redit avec vigueur le texte du pape.

Ce ne sont donc que quelques passages les plus marquants que nous vous proposons le texte (et non pas un commentaire) en première lecture.

A propos de la lumière :

Dans le monde païen, épris de lumière, s’était développé le culte au dieu Soleil, le Sol invictus, invoqué en son lever. Même si le soleil renaissait chaque jour, on comprenait bien qu’il était incapable d’irradier sa lumière sur l’existence de l’homme tout entière.

En effet, le soleil n’éclaire pas tout le réel ; son rayon est incapable d’arriver jusqu’à l’ombre de la mort, là où l’œil humain se ferme à sa lumière. Conscients du grand horizon que la foi leur ouvrait, les chrétiens appelèrent le Christ le vrai soleil, « dont les rayons donnent la vie ». Celui qui croit, voit ; il voit avec une lumière qui illumine tout le parcours de la route, parce qu’elle nous vient du Christ ressuscité, étoile du matin qui ne se couche pas.


Lumière illusoire ?


Cependant, on a vu que la lumière de la raison autonome ne réussissait pas à éclairer assez l’avenir ; elle reste en fin de compte dans son obscurité et laisse l’homme dans la peur de l’inconnu. Ainsi l’homme a-t-il renoncé à la recherche d’une grande lumière, d’une grande vérité, pour se contenter des petites lumières qui éclairent l’immédiat, mais qui sont incapables de montrer la route.

Quand manque la lumière, tout devient confus, il est impossible de distinguer le bien du mal, la route qui conduit à destination de celle qui nous fait tourner en rond, sans direction.

Une lumière à redécouvrir


Aussi il est urgent de récupérer le caractère particulier de lumière de la foi parce que, lorsque sa flamme s’éteint, toutes les autres lumières finissent par perdre leur vigueur. La lumière de la foi possède, en effet, un caractère singulier, étant capable d’éclairer toute l’existence de l’homme.

En même temps, puisque le Christ est ressuscité et nous attire au-delà de la mort, la foi est lumière qui vient de l’avenir, qui entrouvre devant nous de grands horizons et nous conduit au-delà de notre « moi » isolé vers l’ampleur de la communion. Nous comprenons alors que la foi n’habite pas dans l’obscurité ; mais qu’elle est une lumière pour nos ténèbres.

Conscient de la tâche confiée au Successeur de Pierre, Benoît XVI a voulu proclamer cette Année de la foi, un temps de grâce qui nous aide à expérimenter la grande joie de croire, à raviver la perception de l’ampleur des horizons que la foi entrouvre, pour la confesser dans son unité et son intégrité, fidèles à la mémoire du Seigneur, soutenus par sa présence et par l’action de l’Esprit Saint.

Dans la foi, vertu surnaturelle donnée par Dieu, nous reconnaissons qu’un grand Amour nous a été offert, qu’une bonne Parole nous a été adressée et que, en accueillant cette Parole, qui est Jésus Christ, Parole incarnée, l’Esprit Saint nous transforme, éclaire le chemin de l’avenir et fait grandir en nous les ailes de l’espérance pour le parcourir avec joie. Dans un admirable entrecroisement, la foi, l’espérance et la charité constituent le dynamisme de l’existence chrétienne vers la pleine communion avec Dieu.


PREMIER CHAPITRE :
"NOUS AVONS CRU EN L'AMOUR" (cf. 1 Jn 4, 16)

Abraham, notre père dans la foi


La foi nous ouvre le chemin et accompagne nos pas dans l’histoire. C’est pourquoi, si nous voulons comprendre ce qu’est la foi, nous devons raconter son parcours, la route des hommes croyants, dont témoigne en premier lieu l’Ancien Testament.

Une place particulière revient à Abraham, notre père dans la foi. Dans sa vie se produit un fait bouleversant : Dieu lui adresse la Parole, il se révèle comme un Dieu qui parle et qui l’appelle par son nom. La foi est liée à l’écoute. Abraham ne voit pas Dieu, mais il entend sa voix.

De cette façon la foi prend un caractère personnel. La foi est la réponse à une Parole qui interpelle personnellement, à un Toi qui nous appelle par notre nom.

Cette Parole dite à Abraham est un appel et une promesse. Elle est avant tout appel à sortir de sa propre terre, invitation à s’ouvrir à une vie nouvelle (…). La foi comprend que la Parole (…) devient ce qui peut exister de plus sûr et de plus inébranlable, ce qui rend possible la continuité de notre chemin dans le temps. La foi accueille cette Parole comme un roc sûr (…).

(…) La foi se rattache à la Paternité de Dieu de laquelle jaillit la création (…)

Au lieu de la foi en Dieu on préfère adorer l’idole, dont on peut fixer le visage, dont l’origine est connue parce qu’elle est notre œuvre. (…) Nous comprenons alors que l’idole est un prétexte pour se placer soi-même au centre de la réalité, dans l’adoration de l’œuvre de ses propres mains. Une fois perdue l’orientation fondamentale qui donne unité à son existence, l’homme se disperse dans la multiplicité de ses désirs. Se refusant à attendre le temps de la promesse, il se désintègre dans les mille instants de son histoire.

L’idolâtrie n’offre pas un chemin, mais une multiplicité de sentiers, qui ne conduisent pas à un but certain et qui prennent plutôt l’aspect d’un labyrinthe. (…) Dans la mesure où la foi est liée à la conversion, elle est l’opposé de l’idolâtrie ; elle est une rupture avec les idoles pour revenir au Dieu vivant, au moyen d’une rencontre personnelle. Croire signifie s’en remettre à un amour miséricordieux (…).

(…) en se tournant continuellement vers le Seigneur, l’homme trouve une route stable qui le libère du mouvement de dispersion auquel les idoles le soumettent.

La foi est un don gratuit de Dieu qui demande l’humilité et le courage d’avoir confiance et de faire confiance (…).


La plénitude de la foi chrétienne


La foi chrétienne est centrée sur le Christ (…). Toutes les lignes de l’Ancien Testament se rassemblent dans le Christ. Il devient le « oui » définitif à toutes les promesses, le fondement de notre « Amen » final à Dieu (cf. 2 Co 1, 20).
(…) dans la contemplation de la mort de Jésus que la foi se renforce et reçoit une lumière éclatante (…).

Notre culture a perdu la perception de cette présence concrète de Dieu, de son action dans le monde. Nous pensons que Dieu se trouve seulement au-delà, à un autre niveau de réalité, séparé de nos relations concrètes. Mais s’il en était ainsi, si Dieu était incapable d’agir dans le monde, son amour ne serait pas vraiment puissant, vraiment réel, et il ne serait donc pas même un véritable amour, capable d’accomplir le bonheur qu’il promet.

Dans la foi, le Christ n’est pas seulement celui en qui nous croyons — la manifestation la plus grande de l’amour de Dieu — , mais aussi celui auquel nous nous unissons pour pouvoir croire. La foi (…) est une participation à sa façon de voir. Dans de nombreux domaines de la vie, nous faisons confiance à d’autres personnes qui ont des meilleures connaissances que nous. (…).

Nous avons également besoin de quelqu’un qui soit digne de confiance et expert dans les choses de Dieu. Jésus, son Fils, se présente comme celui qui nous explique Dieu (cf. Jn 1, 18).

(…) Le Fils de Dieu a pris notre chair, et ainsi sa vision du Père a eu lieu aussi de façon humaine (…). La foi chrétienne est foi en l’Incarnation du Verbe et en sa Résurrection dans la chair, foi en un Dieu qui s’est fait si proche qu’il est entré dans notre histoire. La foi dans le Fils de Dieu fait homme en Jésus de Nazareth, ne nous sépare pas de la réalité, mais nous permet d’accueillir son sens le plus profond, de découvrir combien Dieu aime ce monde et l’oriente sans cesse vers lui ; et cela amène le chrétien à s’engager, à vivre de manière encore plus intense sa marche sur la terre.

Le salut par la foi

Ce que saint Paul refuse, c’est l’attitude de celui qui veut se justifier lui-même devant Dieu par l’intermédiaire de son propre agir. Une telle personne, même quand elle obéit aux commandements, même quand elle fait de bonnes œuvres, se met elle-même au centre, et elle ne reconnaît pas que l’origine de la bonté est Dieu.

Celui qui agit ainsi, qui veut être source de sa propre justice, la voit vite se tarir et découvre qu’il ne peut même pas se maintenir dans la fidélité à la loi. Il s’enferme, s’isolant ainsi du Seigneur et des autres, et en conséquence sa vie est rendue vaine, ses œuvres stériles comme un arbre loin de l’eau. (…) Quand l’homme pense qu’en s’éloignant de Dieu il se trouvera lui-même, son existence échoue (cf. Lc 15, 11-24).

Le croyant est transformé par l’Amour, auquel il s’est ouvert dans la foi, et dans son ouverture à cet Amour qui lui est offert, son existence se dilate au-delà de lui-même.

La forme ecclésiale de la foi

L’existence croyante devient existence ecclésiale (…). Le croyant apprend à se voir lui-même à partir de la foi qu’il professe. La figure du Christ est le miroir où se découvre sa propre image réalisée. Et comme le Christ embrasse en lui tous les croyants, qui forment son corps, le chrétien se comprend lui-même dans ce corps, en relation originaire au Christ et aux frères dans la foi.

Les chrétiens sont « un » (cf. Ga 3, 28), sans perdre leur individualité, et, dans le service des autres, chacun rejoint le plus profond de son être.

La foi n’est pas un fait privé, une conception individualiste, une opinion subjective, mais elle naît d’une écoute et elle est destinée à être prononcée et à devenir annonce.


DEUXIÈME CHAPÎTRE
" SI VOUS NE CROYEZ PAS, VOUS NE COMPRENDREZ PAS" (cf. Is 7,9)

Foi et vérité


(…) cette vérité fiable de Dieu est sa présence fidèle dans l’histoire (…). L’homme a besoin de connaissance, il a besoin de vérité, car sans elle, il ne se maintient pas, il n’avance pas. La foi, sans la vérité, ne sauve pas, ne rend pas sûrs nos pas. Elle reste un beau conte, la projection de nos désirs de bonheur, quelque chose qui nous satisfait seulement dans la mesure où nous voulons nous leurrer.

Justement à cause de la crise de la vérité dans laquelle nous vivons, il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire de rappeler la connexion de la foi avec la vérité. Dans la culture contemporaine, on tend souvent à accepter comme vérité seulement la vérité de la technologie : est vrai ce que l’homme réussit à construire et à mesurer grâce à sa science, vrai parce que cela fonctionne, rendant ainsi la vie plus confortable et plus aisée.

Cette vérité semble aujourd’hui l’unique vérité certaine, l’unique qui puisse être partagée avec les autres, l’unique sur laquelle on peut discuter et dans laquelle on peut s’engager ensemble. D’autre part, il y aurait ensuite les vérités de chacun, qui consistent dans le fait d’être authentiques face à ce que chacun ressent dans son intériorité, vérités valables seulement pour l’individu et qui ne peuvent pas être proposées aux autres avec la prétention de servir le bien commun.

La grande vérité, la vérité qui explique l’ensemble de la vie personnelle et sociale, est regardée avec suspicion. N’a-t-elle pas été peut-être — on se le demande — la vérité voulue par les grands totalitarismes du siècle dernier, une vérité qui imposait sa conception globale pour écraser l’histoire concrète de chacun ?

Il reste alors seulement un relativisme dans lequel la question sur la vérité de la totalité, qui au fond est aussi une question sur Dieu, n’intéresse plus. Il est logique, dans cette perspective, que l’on veuille éliminer la connexion de la religion avec la vérité, car ce lien serait la racine du fanatisme, qui cherche à écraser celui qui ne partage pas la même croyance.

Nous pouvons parler, à ce sujet, d’un grand oubli dans notre monde contemporain. La question sur la vérité est, en effet, une question de mémoire, de mémoire profonde, car elle s’adresse à ce qui nous précède et, de cette manière, elle peut réussir à nous unir au-delà de notre « moi » petit et limité. C’est une question sur l’origine du tout à la lumière de laquelle on peut voir la destination et ainsi aussi le sens de la route commune.


Connaissance de la vérité et amour

(…) « croire dans le coeur » (cf. Rm 10, 10). Le cœur , dans la Bible, est le centre de l’homme, le lieu où s’entrecroisent toutes ses dimensions : le corps et l’esprit ; l’intériorité de la personne et son ouverture au monde et aux autres ; l’intellect, le vouloir, l’affectivité. Eh bien, si le cœur est capable d’unir ces dimensions, c’est parce qu’il est le lieu où nous nous ouvrons à la vérité et à l’amour, et où nous nous laissons toucher et transformer profondément par eux. La foi transforme la personne toute entière, dans la mesure où elle s’ouvre à l’amour.

(…) l’amour ne peut se réduire à un sentiment qui va et vient. Il touche, certes, notre affectivité, mais pour l’ouvrir à la personne aimée et pour commencer ainsi une marche qui est un abandon de la fermeture en son propre « moi » pour aller vers l’autre personne, afin de construire un rapport durable ; l’amour vise l’union avec la personne aimée.

Amour et vérité ne peuvent pas se séparer. Sans amour, la vérité se refroidit, devient impersonnelle et opprime la vie concrète de la personne. La vérité que nous cherchons, celle qui donne sens à nos pas, nous illumine quand nous sommes touchés par l’amour.

Celui qui aime comprend que l’amour est une expérience de vérité, qu’il ouvre lui-même nos yeux pour voir toute la réalité de manière nouvelle, en union avec la personne aimée.

La foi comme écoute et vision

La connaissance de la foi est justement liée à l’alliance d’un Dieu fidèle, qui noue une relation d’amour avec l’homme et lui adresse la Parole (…). Associée à la parole, la connaissance est toujours une connaissance personnelle, une connaissance qui reconnaît la voix, s’ouvre à elle en toute liberté et la suit dans l’obéissance.

Au sujet de la connaissance de la vérité, l’écoute a été parfois opposée à la vision (…). Il est clair, au contraire, que cette prétendue opposition ne correspond pas aux données bibliques (…).

Grâce à cette union avec l’écoute, la vision devient un engagement à la suite du Christ, et la foi apparaît comme une marche du regard, dans lequel les yeux s’habituent à voir en profondeur.

(…) Jésus (…) est la Parole faite chair, dont nous avons contemplé la gloire (cf. Jn 1, 14). La lumière de la foi est celle d’un Visage sur lequel on voit le Père.

La lumière de l’amour, en effet, naît quand nous sommes touchés dans notre cœur (…). « Toucher avec le cœur, c’est cela croire ».


Le dialogue entre foi et raison

Le bienheureux Jean Paul II, dans sa Lettre encyclique Fides et ratio, a fait voir comment foi et raison se renforcent réciproquement. Quand nous trouvons la pleine lumière de l’amour de Jésus, nous découvrons que, dans tous nos amours, était présent un rayon de cette lumière et nous comprenons quel était son objectif final.

(…) la lumière de la foi éclaire toutes nos relations humaines, qui peuvent être vécues

La lumière de l’amour, propre à la foi, peut illuminer les questions de notre temps sur la vérité. La vérité aujourd’hui est souvent réduite à une authenticité subjective de chacun, valable seulement pour la vie individuelle. Une vérité commune nous fait peur, parce que nous l’identifions avec l’imposition intransigeante des totalitarismes.

Mais si la vérité est la vérité de l’amour, si c’est la vérité qui s’entrouvre dans la rencontre personnelle avec l’Autre et avec les autres, elle reste alors libérée de la fermeture dans l’individu et peut faire partie du bien commun.

Le regard de la science tire ainsi profit de la foi : cela invite le chercheur à rester ouvert à la réalité, dans toute sa richesse inépuisable. La foi réveille le sens critique dans la mesure où elle empêche la recherche de se complaire dans ses formules et l’aide à comprendre que la nature est toujours plus grande. En invitant à l’émerveillement devant le mystère du créé, la foi élargit les horizons de la raison pour mieux éclairer le monde qui s’ouvre à la recherche scientifique.

La foi et la recherche de Dieu

La lumière de la foi en Jésus éclaire aussi le chemin de tous ceux qui cherchent Dieu, et offre la contribution spécifique du christianisme dans le dialogue avec les adeptes des diverses religions.

(…) L’homme religieux cherche à reconnaître les signes de Dieu dans les expériences quotidiennes de sa vie, dans le cycle des saisons, dans la fécondité de la terre et dans tout le mouvement du cosmos.

Plus le chrétien s’immerge dans le cercle ouvert par la lumière du Christ, plus il est capable de comprendre et d’accompagner la route de tout homme vers Dieu.

Puisque la foi se configure comme chemin, elle concerne aussi la vie des hommes qui, même en ne croyant pas, désirent croire et cherchent sans cesse. Dans la mesure où ils s’ouvrent à l’amour d’un cœur sincère et se mettent en chemin avec cette lumière qu’ils parviennent à saisir, ils vivent déjà, sans le savoir, sur le chemin vers la foi.

(…) en percevant combien la vie est grande et belle, ils pressentent que la présence de Dieu la rendrait encore plus grande. Celui qui se met en chemin pour faire le bien s’approche déjà de Dieu (…).


Foi et théologie

La théologie est impossible sans la foi et qu’elle appartient au mouvement même de la foi, qui cherche l’intelligence la plus profonde de l’auto-révélation de Dieu, qui atteint son sommet dans le Mystère du Christ.

Dieu ne peut pas être réduit à un objet. Il est le Sujet qui se fait connaître et se manifeste dans la relation de personne à personne. La foi droite conduit la raison à s’ouvrir à la lumière qui vient de Dieu, afin que, guidée par l’amour de la vérité, elle puisse connaître Dieu plus profondément. Les grands docteurs et théologiens médiévaux ont montré que la théologie, comme science de la foi, est une participation à la connaissance que Dieu a de lui-même.

La théologie, puisqu’elle vit de la foi, ne considère pas le Magistère du Pape et des évêques en communion avec lui comme quelque chose d’extrinsèque, une limite à sa liberté, mais, au contraire, comme un de ses moments internes, constitutifs, en tant que le Magistère assure le contact avec la source originaire, et offre donc la certitude de puiser à la Parole du Christ dans son intégrité.


TROISIÈME CHAPÎTRE
" JE VOUS TRANSMETS CE QUE J'AI REÇU " (cf. 1 Co 15, 3)

L’Église, mère de notre foi


Celui qui s’est ouvert à l’amour de Dieu, qui a écouté sa voix et reçu sa lumière, ne peut garder ce don pour lui. Puisque la foi est écoute et vision, elle se transmet aussi comme parole et comme lumière.

La lumière de Jésus brille, comme dans un miroir, sur le visage des chrétiens, et ainsi elle se répand et arrive jusqu’à nous, pour que nous puissions, nous aussi, participer à cette vision et réfléchir sur les autres cette lumière, comme dans la liturgie de Pâques la lumière du cierge allume beaucoup d’autres cierges.

La foi se transmet, pour ainsi dire, par contact, de personne à personne, comme une flamme s’allume à une autre flamme. Les chrétiens, dans leur pauvreté, sèment une graine si féconde qu’elle devient un grand arbre et est capable de remplir le monde de fruits.

La transmission de la foi (…) traverse aussi l’axe du temps, de génération en génération. Puisque la foi naît d’une rencontre qui se produit dans l’histoire et éclaire notre cheminement dans le temps, elle doit se transmettre au long des siècles. (…)

Comment être sûr d’atteindre le « vrai Jésus » par delà les siècles ? Si l’homme était un être isolé, si nous voulions partir seulement du « moi » individuel qui veut trouver en lui-même la certitude de sa connaissance, une telle certitude serait alors impossible. Je ne peux pas voir par moi-même ce qui s’est passé à une époque si distante de moi.

Il est impossible de croire seul. (…) L’acte de croire s’exprime comme une réponse à une invitation, à une parole qui doit être écoutée. (…) Il est possible de répondre à la première personne, « je crois », seulement dans la mesure où l’on appartient à une large communion, seulement parce que l’on dit aussi « nous croyons ». (…)

Voilà pourquoi celui qui croit n’est jamais seul, et pourquoi la foi tend à se diffuser, à inviter les autres à sa joie. Celui qui reçoit la foi découvre que les espaces de son « moi » s’élargissent, et que de nouvelles relations qui enrichissent sa vie sont générées en lui.

Les sacrements et la transmission de la foi

Comme toute famille, l’Église transmet à ses enfants le contenu de sa mémoire. Comment faire pour que rien ne soit perdu et qu’au contraire l’héritage de la foi s’approfondisse toujours davantage ?

C’est par la Tradition Apostolique, conservée dans l’Église avec l’aide de l’Esprit Saint, que nous avons un contact vivant avec la mémoire fondatrice. Et ce qui a été transmis par les Apôtres — comme l’affirme le Concile œcuménique Vatican II — « embrasse tout ce qui contribue à une sainte conduite de la vie du Peuple de Dieu et à l’accroissement de la foi, et ainsi l’Église, dans sa doctrine, sa vie et son culte, perpétue et transmet à toutes les générations tout ce qu’elle est elle-même, tout ce qu’elle croit »

Dans la célébration des sacrements, l’Église transmet sa mémoire, en particulier avec la profession de foi. (…) Dans la confession de foi (…), toute la vie s’achemine vers la pleine communion avec le Dieu vivant.


Foi, prière et Décalogue

Deux autres éléments sont essentiels pour la transmission fidèle de la mémoire de l’Église. Il y a en premier lieu, la prière du Seigneur, le Notre Père. Dans cette prière, le chrétien (…) commence à voir avec les yeux du Christ.

Le lien entre foi et Décalogue est également important. (…) Le Décalogue n’est pas un ensemble de préceptes négatifs, mais des indications concrètes afin de sortir du désert du « moi » autoréférentiel, renfermé sur lui-même, et d’entrer en dialogue avec Dieu, en se laissant embrasser par sa miséricorde et pouvoir en témoigner.

J’ai évoqué ainsi les quatre éléments qui résument le trésor de mémoire que l’Église transmet : la Confession de foi, la célébration des Sacrements, le chemin du Décalogue, la prière. La catéchèse de l’Église s’est structurée autour de ces éléments, y compris le Catéchisme de l’Église Catholique, instrument fondamental par lequel, de manière unifiée, l’Église communique le contenu complet de la foi, « tout ce qu’elle est, tout ce qu’elle croit ».


L’unité et l’intégrité de la foi

Le véritable amour, à la mesure de l’amour divin, exige la vérité et, dans le regard commun de la vérité qui est Jésus Christ, devient solide et profond.

QUATRIÈME CHAPITRE
" DIEU PRÉPARE POUR EUX UNE CITÉ " (cf. He 11 à 16)

La foi et le bien commun


De la foi surgit une nouvelle confiance, une nouvelle assurance que seul Dieu peut donner. (…) En raison de son lien avec l’amour (cf. Ga 5, 6), la lumière de la foi se met au service concret de la justice, du droit et de la paix. (…) La lumière de la foi est capable de valoriser la richesse des relations humaines, leur capacité à perdurer, à être fiables et à enrichir la vie commune.

La foi n’éloigne pas du monde et ne reste pas étrangère à l’engagement concret de nos contemporains. Oui, la foi (…) est un bien commun, sa lumière (…) nous aide aussi à édifier nos sociétés, afin que nous marchions vers un avenir plein d’espérance.


La foi et la famille

Le premier environnement dans lequel la foi éclaire la cité des hommes est donc la famille. Je pense surtout à l’union stable de l’homme et de la femme dans le mariage. Celle-ci naît de leur amour, signe et présence de l’amour de Dieu, de la reconnaissance et de l’acceptation de ce bien qu’est la différence sexuelle par laquelle les conjoints peuvent s’unir en une seule chair (cf. Gn 2, 24) et sont capables d’engendrer une nouvelle vie, manifestation de la bonté du Créateur, de sa sagesse et de son dessein d’amour.

En famille, la foi accompagne tous les âges de la vie (…) il est important que les parents cultivent en famille des pratiques communes de foi, qu’ils accompagnent la maturation de la foi de leurs enfants. Traversant une période de la vie si complexe, riche et importante pour la foi, les jeunes surtout doivent ressentir la proximité et l’attention de leur famille et de la communauté ecclésiale dans leur processus de croissance dans la foi.

Tous nous avons vu comment, lors des Journées mondiales de la Jeunesse, les jeunes manifestent la joie de la foi, leur engagement à vivre une foi toujours plus ferme et généreuse. Les jeunes désirent une vie qui soit grande.

La rencontre avec le Christ (…) élargit l’horizon de l’existence et lui donne une espérance solide qui ne déçoit pas. La foi n’est pas un refuge pour ceux qui sont sans courage, mais un épanouissement de la vie.

Une lumière pour la vie en société

(…) la foi devient lumière pour éclairer tous les rapports sociaux. (…) Dans la «modernité », on a cherché à construire la fraternité universelle entre les hommes, en la fondant sur leur égalité. Peu à peu, cependant, nous avons compris que cette fraternité, privée de la référence à un Père commun comme son fondement ultime, ne réussit pas à subsister. Il faut donc revenir à la vraie racine de la fraternité.

Grâce à la foi, nous avons compris la dignité unique de chaque personne (…).

Au centre de la foi biblique, se trouve l’amour de Dieu (…) qui atteint son sommet dans l’Incarnation, la Mort et la Résurrection de Jésus Christ. Quand cette réalité est assombrie, il vient à manquer le critère pour discerner ce qui rend la vie de l’homme précieuse et unique. L’homme perd sa place dans l’univers et s’égare dans la nature en renonçant à sa responsabilité morale, ou bien il prétend être arbitre absolu en s’attribuant un pouvoir de manipulation sans limites.
La foi éclaire la vie en société. Elle possède une lumière créative pour chaque mouvement nouveau de l’histoire (…).


Une force de consolation dans la souffrance

Le chrétien sait que la souffrance ne peut être éliminée, mais qu’elle peut recevoir un sens, devenir acte d’amour, confiance entre les mains de Dieu qui ne nous abandonne pas (…)

La lumière de la foi ne nous fait pas oublier les souffrances du monde. (…) Ainsi le lépreux pour saint François d’Assise, ou pour la Bienheureuse Mère Teresa de Calcutta, ses pauvres. Ils ont compris le mystère qui est en eux. En s’approchant d’eux, ils n’ont certes pas effacé toutes leurs souffrances, ni n’ont pu leur expliquer tout le mal.

La foi n’est pas une lumière qui dissiperait toutes nos ténèbres, mais la lampe qui guide nos pas dans la nuit, et cela suffit pour le chemin.

Le dynamisme de foi, d’espérance et de charité (cf. 1 Th 1, 3 ; 1 Co 13, 13) nous fait ainsi embrasser les préoccupations de tous les hommes (…).

Dans l’unité avec la foi et la charité, l’espérance nous projette vers un avenir certain, qui se situe dans une perspective différente des propositions illusoires des idoles du monde, mais qui donne un nouvel élan et de nouvelles forces à la vie quotidienne.

Ne nous faisons pas voler l’espérance, ne permettons pas qu’elle soit rendue vaine par des solutions et des propositions immédiates qui nous arrêtent sur le chemin, qui « fragmentent » le temps, le transformant en moments; c’est le temps qui gouverne les moments, qui les éclaire et les transforme en maillons d’une chaîne, d’un processus.

Marie a vécu cette lumière de la foi

À la plénitude des temps, la Parole de Dieu s’est adressée à Marie, et elle l’a accueillie avec tout son être, dans son cœur, pour qu’elle prenne chair en elle et naisse comme lumière pour les hommes.

(…) Marie est étroitement associée, par son lien avec Jésus, à ce que nous croyons. (…) Tournons-nous vers Marie, Mère de l’Église et Mère de notre foi, en priant
: Et c’est sur cette prière que l’encyclique Lumen Fidei s’achève.

« Ô Mère, aide notre foi !

Ouvre notre écoute à la Parole, pour que nous reconnaissions la voix de Dieu et son appel.

Éveille en nous le désir de suivre ses pas, en sortant de notre terre et en accueillant sa promesse.

Aide-nous à nous laisser toucher par son amour, pour que nous puissions le toucher par la foi.

Aide-nous à nous confier pleinement à Lui, à croire en son amour, surtout dans les moments de tribulations et de croix, quand notre foi est appelée à mûrir.

Sème dans notre foi la joie du Ressuscité.

Rappelle-nous que celui qui croit n’est jamais seul.

Enseigne-nous à regarder avec les yeux de Jésus, pour qu’il soit lumière sur notre chemin.

Et que cette lumière de la foi grandisse toujours en nous jusqu’à ce qu’arrive ce jour sans couchant, qui est le Christ lui-même, ton Fils, notre Seigneur !
(source : VIS)


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