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du 8 au 14 juillet 2013 (semaine 28)
 

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14 juillet 2013- Abou-Dabi
QUESTIONNEMENT ET OUVERTURES AUTOUR D'UN MUSÉE

Pour 90 millions de dollars, l'émirat d'Abou Dabi va ouvrir en 2015 un Musée : "Le Louvre d'Abou Dabi". Parmi les 150 oeuvres déjà acquises, cetaines sont consacrées au Christ, ce qui interroge les personnalités de ce monde artistique.

Certes, beaucoup craignent que la puissance financière de l'émirat lui permettra d'acquérir ce que les limites des ressources des musées français ou occidentaux leur rendront impossibles.
Mais il est une autre interrogation.

Une interrogation qui fait dire à certains qu'un tel musée sera une brèche dans le rigorisme religieux du monde musulman. Un
État musulman pourra-t-il accepter que n'importe quelle oeuvre soit exposée sur son sol et cela qu'il s'agisse de nus ou de scènes relatives à une autre religion que l'islam.

En témoigne une exposition s'est tenue sur l'île de Saadiyat (« l'île du bonheur »), dans un site provisoire où sont présentées les ambitions culturelles de l'émirat. En effet, outre le Louvre, le district culturel de Saadiyat accueillera le Musée Guggenheim c'est le cas à Venise ou à Bilbao.

Intitulée « Birth of a Museum », (« naissance d'un musée »), l'exposition qui court jusqu'au 20 juillet se veut une découverte du future Louvre Abou Dhabi et présente 130 oeuvres acquises depuis 2009, pour donner un avant-goût de ce que sera le futur musée,

Ouverte gratuitement au public, l'exposition a permis au visiteur d'admirer quelques pièces rares dont le "Portrait de Dame" de Picasso (1928) ainsi que plusieurs tableaux de Gauguin. Mais ce qui attire immédiatement un questionnement, c'est l'espace dédié au sacré.

Au même endroit et sous verre, sont présentées des références aux trois religions monothéistes. Y figure ainsi une section d'un Coran du 13e siècle, un exemplaire du Pentateuque, la Torah, découvert à Sanaa, au Yémen, en 1804, ainsi qu'une petite sculpture en ivoire d'éléphant datant du 14e siècle et représentant une scène de la vie du Christ et une statue en bois du Christ montrant ses plaies (1515)

" Tout cela peut paraître normal aux yeux d'un visiteur occidental mais pour nous autres émiratis, c'est une révolution silencieuse", confie un homme d'affaires d'Abou Dabqui visite les lieux accompagné de ses deux enfants. " C'est la première fois de ma vie que je vois exposé dans mon pays une statue du Christ. Même mes enfants qui vont dans une école privée occidentale sont étonnés. Normalement, une telle représentation est interdite."

Présent sur place, un spécialiste français du marché de l'art décrypte la philosophie de l'exposition. " C'est pensé de manière éducative. Depuis son ouverture, cette exposition attire beaucoup les écoles de l'émirat. On voit bien qu'il s'agit d'éduquer les enfants à l'existence de l'autre. C'est un pari évident sur un futur plus tolérant à l'égard des autres religions".

L'exposition poursuit cette option oecuménique qui reste très rare dans les pays du Golfe. C'est ainsi que les visiteurs peuvent y découvrir "La Vierge à l'enfant" de Giovanni Bellini, "Le Bon Samaritain" de Jacob Jordaens, "Le Christ chassant les mendiants du Temple" de Luca Giordano.

Autant de signes d'ouverture mais qui amènent à s'interroger sur la manière dont ces oeuvres pourront ou pas être décryptées et restituées dans leur contexte religieux. « Pour aller jusqu'au bout de la démarche, il va falloir que l'émirat investisse en matière d'histoire de l'art à l'école », admet un officiel pour qui le Louvre Abou Dabi sera « une ouverture sur le monde » pour les émiratis et autres ressortissants du Golfe. (source : F.R)


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