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28 juillet 2013 -
L'ÉGLISE DANS LES ENJEUX RÉGIONAUX
La transition en Égypte comme en Tunisie et celle que voudrait l'Occident en Syrie est porteuse d'un risque de désintégration régionale dont l'Église doit tenir compte pour sa situation à venir.
La chute de Mohamed Morsi représente, par-delà l’Egypte, un épisode majeur dans la passion et les tourments qui taraudent l’ensemble du monde arabe. En effet, l’Egypte, avec ses 83 millions d’habitants, est le géant arabe d’une région au rôle géopolitique cardinal. Car elle s’articule avec le système du monde à travers des enjeux cruciaux.
Certes pour les occidentaux "laïques", ou "libéraux", il y a les
exportations de pétrole et de gaz, et la question d’Israël. Mais il y a des répercussions locales avec l'islam de l'Iran tout autant qu'avec l'islam des musulmans vivant dans les pays ocidentaux.
La victoire électorale des Frères musulmans en Egypte et d’Ennahda en Tunisie illustrait un conte de fées politique – seriné sur la chaîne qatarienne Al-Jazira – d’un avenir radieux du monde arabe où une fusion harmonieuse entre charia et démocratie garantirait la pérennité de la rente pétrolière aux monarchies du Golfe tout en faisant régner la paix sociale. Loin de l’adultération imposée par l’Occident, les sociétés musulmanes retrouveraient leur authenticité, aliénée depuis la colonisation.
Cette fable islamiste n’a pas tenu longtemps face à la profondeur de la crise culturelle qui affecte les sociétés arabes écartelées entre leur héritage civilisationnel et religieux et les contraintes de l’univers postmoderne et multipolaire. Ce qu’a d’abord montré le bouleversement survenu depuis la fin de 2010, c’est l’ampleur de l’aspiration démocratique, après des décennies d’indépendance qui ont vu la liberté d’expression étouffée par des régimes coercitifs – qu’ils se réclament du nationalisme, du socialisme ou de la religion.
Sans préjuger de l’avenir d’un mouvement de « rébellion » (tamarrud) capté de fait par l’armée, ce sont les capacités des soulèvements arabes du début de cette décennie à produire un processus démocratique correspondant aux aspirations des populations révoltées que les événements d’Egypte remettent sur le métier. L'Église copte en subit les graves conséquences.
C'est en
Syrie que le processus démocratique des débuts de la révolte populaire a été le plus profondément biaisé : il a été à la fois pris en otage du fait de la fragmentation confessionnelle et ethnique de la société levantine – à l’instar des guerres civiles récentes des Liban et Irak voisins – et s’est transformé en champ de bataille des deux axes hétérogènes qui se disputent désormais l’hégémonie sur le Moyen-Orient et en obèrent le devenir.
Les Églises ne peuvent que "regarder" et quoi qu'elles de disent et prétendent, elles doivent en subir les conséquences. Leur fragmentation en catholique latine, catholique orientale, byzantine orthodoxe, chaldéenne, syriaques, coptes, luthérienne, pentecôtsites, les rend impuissantes à s'affirmer. (source : AP)
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