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du 5 au 8 octobre 2013 (semaine 40)
 

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8 octobre 2013 - Chine
L'ÉGLISE DEVANT LE PHÉNOMÈNE DE L'URBANISATION


Depuis un peu plus de trente ans, la géographie humaine de la Chine est bouleversée en profondeur par la croissance phénoménale que connaissent les villes et un exode rural très rapide. L’Eglise n’est pas absente mais doit aussi s’adapter.

" Églises d'Asie" nous donne ici un long compte-rendu de la situation, long, mais indispensable à connaître dans sa totalité, si l'on veut se sentir proche de cette Église en pleine mutation et en parler dans notre prière.

Fin 2011 lorsque, pour la première fois dans l’histoire du pays, la Chine a dénombré plus de citadins que de ruraux : 690,79 millions de résidents des villes face à 656,56 millions d’habitants des campagnes. De ce vaste mouvement de population, l’Eglise n’est pas absente certes, mais ses structures pastorales, paroissiales, caritatives, catéchétiques doivent en tenir compte et doivent aussi s’adapter, alors que bien des institutions ont peine à suivre ce qui est créé et mis en place dans cette évolution.

Bosco Wang a quitté son village dès le début des années 1990, à Guangdong. Catholique, il a pourtant fréquenté un temple protestant durant toute la durée de son séjour car, à l’église catholique, le prêtre ne s’exprimait qu’en cantonais, au contraire du pasteur protestant, qui prêchait en mandarin.

Plus tard, ayant trouvé un nouvel emploi dans une fabrique textile de Cixi, au sud de Shanghai, il a remarqué que nombreux étaient les paroissiens qui, durant la messe dominicale, récitaient à voix basse leur rosaire plutôt que de prendre part à la liturgie en écoutant les lectures et le sermon du prêtre.

La raison, c'est que l’assemblée des fidèles, composée en grande partie de migrants issus de toutes les provinces du pays, n’était pas en mesure de comprendre le dialecte du Ningbo dans lequel s’exprimait le célébrant.

Les nombreuses études qui sont produites aujourd’hui en Chine autour de la question de l’exode rural soulignent à quel point les migrants connaissent des difficultés lorsqu’ils s’installent dans des villes situées loin de leurs foyers d’origine.

Pour les institutions religieuses, ces bouleversements que connaît le pays ont également des conséquences. C’est à un redéploiement complet de la carte géographique du catholicisme que l’on assiste aujourd’hui en Chine.Pour Bosco Wang par exemple, il a fallu du temps, témoigne-t-il, pour convaincre le curé de la paroisse catholique qu’il fréquentait d’accepter de célébrer une messe en mandarin, le dimanche soir, pour desservir la communauté grandissante des fidèles issus des rangs des travailleurs migrants.

Ce n’est qu’après plusieurs années et à la faveur de l’arrivée d’un nouveau curé que la résistance des paroissiens du cru, souvent âgés et attachés à la célébration de la messe dans leur dialecte local, a été circonvenue. Aujourd’hui, sur les quelque 500 travailleurs migrants catholiques qui se sont fait connaître de la paroisse, une centaine assiste à la messe dominicale en mandarin et prend part aux activités organisées en soirée, aux projets caritatifs et aux pèlerinages que monte la paroisse.

A la fin des années 1970, dans une Chine qui émergeait de la tourmente révolutionnaire à la faveur des réformes initiées par Deng Xiaoping, le catholicisme a d’abord commencé par refaire ses forces dans les paroisses rurales où la vie ecclésiale reprenait peu à peu de la vigueur.

Aujourd'hui ces villages qui se vident de leurs habitants. Dans nombre de villages, ne vivent plus sur place que les personnes âgées. Dans le nord-ouest du Hebei, au sein du diocèse de Xiwanzi, le village d’Erquanjing comptait, il y a une dizaine d’années encore, quelque 2 200 habitants, presque tous de religion catholique. Aujourd’hui, la population est tombée à une centaine d’âmes.

Au Shanxi, avec cet exode, le P. Joseph Yang témoigne du fait que « de nouveaux visages apparaissent chaque semaine au point qu’il est difficile pour un curé de savoir combien il a de paroissiens ».

L’ampleur et la rapidité de ces changements démographiques ne vont pas sans poser de réelles difficultés d’adaptation. En milieu rural, les croyants engagés dans le service de l’Eglise se font rares et ceux qui restent, peinent à desservir les ruraux laissés sur place.

Dans les villes, les tensions qui existent entre les urbains, détenteurs du précieux hukou ouvrant droit aux services sociaux, d’éducation et de santé, et les migrants, rejetés dans un statut de citoyens de seconde zone, se retrouvent à l’intérieur des communautés chrétiennes. Il arrive que des chrétiens venus de régions rurales, où l’expression de la foi a pu rester traditionnelle dans la forme, se sentent décalés ou perdus dans des églises nouvellement restaurées ou rebâties et où « l’expression de la foi, l’approche et l’expérience de Dieu diffèrent de ce qu’ils connaissent », analyse le Pr Huang Jianbo. (source : Mepasie)

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