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du 8 au 11 octobre 2013 (semaine 41)
 

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11 octobre 2013 - Inde
CONDAMNÉS A LA PRISON A VIE

S
ept chrétiens ont été condamnés à la prison à vie accusés de l’assassinat de Laxmanananda Saraswati, un leader hindou, sans qu'il leur soit possible de contrer les accusations dont ils sont chargés.

Le verdict, dont les conclusions n’ont été rendu publiques qu’hier, jeudi 3 octobre, a bouleversé la communauté chrétienne de l’Orissa qui se bat toujours pour que soient reconnues les violences dont elle a été victime, et qui perdurent encore aujourd’hui dans la plupart des districts de l’Etat.

Les sept accusés chrétiens, de confession protestante, sont des adivasi (aborigènes) originaires des villages de Kotagad, au Kandhamal, district qui fut l'épicentre des pogroms de 2008. Tous ont en commun d’avoir été arrêtés des mois après les faits, sans aucune explication de la police venue les saisir avec brutalité dans leurs villages où ils avaient été eux-mêmes victimes des violences des hindouistes.

Emprisonnés depuis bientôt cinq ans, sans jugement, il ne leur a jamais été signifié les raisons de leur arrestation, ni laissé la possibilité de contrer les accusations de meurtre dont ils étaient chargés.

Au cours de l'année, ils avaient dû se rendre au tribunal à plusieurs reprises, pour apprendre une fois sur place que le juge était absent et l’audience annulée, avant d’être ramenés en prison. « Ce procès est une parodie de justice où les victimes sont accusées, les témoins menacés et les coupables libérés », résumait déjà Sajan George, président du Global Council of Indian Christians (GCIC), qui soutient, aux côtés des Eglises locales, les chrétiens détenus et leurs familles.

Or quelques jours après le meurtre du leader hindouiste, un groupe de maoïstes opérant dans le district du Kandhamal avait revendiqué la responsabilité de « l’exécution » du Swami dans une lettre adressée aux enquêteurs de la police criminelle. Il y était expliqué que Laxmanananda Saraswati avait été 'éliminé' en raison de la haine religieuse qu’il répandait dans toute la region et qui créait des troubles sociaux.

Malgré cette revendication du meurtre, que les maoïstes avaient réitérée à deux reprises, la police de l’Etat avait arrêté et maintenu en prison les chrétiens « présumés coupables » sur la base des dénonciations d’hindouistes de la région.

A l’issue de l’audience du 1er octobre, le procureur Anil Kumar Pradhan, a déclaré à The Hindu que le juge R.K. Tose était arrivée à la conclusion que les sept chrétiens étaient coupables, à partir du rapport médico-légal ainsi que du recoupement des témoignages. Le motif du meurtre selon lui, est que les chrétiens voulaient se venger de Laxmanananda Saraswati qui forçait les leurs à se convertir à l’hindouisme.

Le P. Charles Irudayam, Secrétaire de la Commission "Justice et Paix" de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde, a déclaré que « le tribunal avait condamné, le lendemain de cette décision, un responsable maoïste pour le délit dont étaient accusés les chrétiens, les innocentant donc de fait ».

Ayant bon espoir que le jugement soit cassé, il rappelle que depuis 2008, l’Eglise « n’a eu cesse d’intercéder auprès de la haute Cour et de la Cour Supreme pour obtenir la libération [ des sept chrétiens], mais que les deux institutions répondaient à chaque fois qu’elles ne pourraient considérer ces cas qu’après que les tribunaux aient statué en première instance ».

Dès l’annonce de la sentence, le district du Kandhamal a été placé sous haute sécurité rapporte le Times of India du 3 octobre, qui ajoute que les églises, les temples et les cours de justice sont sous surveillance policière afin de prévenir tout incident. (source : Mepasie)


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