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du 19 au 22 octobre 2013 (semaine 42)
 

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22 octobre 2013 - Chine
LES RELIGIONS ET LE PACTE SOCIAL DU GOUVERNEMENT

Pour Albert
Laliberté, professeur à l'Ecole des sciences politiques de l'Université d'Ottawa, les rapports entre l'Etat et les religions en République populaire de Chine (RPC) doivent être étudiés avec discernement.

Les chrétiens - catholiques et protestants - contribuent à l'offre de services sociaux d'une manière disproportionnée par rapport à leur nombre. Les chrétiens ont des réseaux internationaux et le savoir-faire. Les Eglises catholique et protestante officielles,ainsi que l'Association patriotique catholique chinoise (non reconnue par Rome) et le Mouvement patriotique des Trois Autonomies, reçoivent des signes très clairs du Parti.

Elles doivent contribuer à la vie du secteur social, grâce à leurs connections internationales et interviennent essentiellement dans les secteurs de la santé, de l'éducation, et des soins aux personnes âgées.

Des associations catholiques comme l'ONG Caritas ont pignon sur rue. Ces associations n'ont pas de lien spécifique avec Rome et mènent à partir de Hong Kong des activités dans le reste de la Chine. Même si l'Eglise patriotique n'est pas officiellement reconnue par Rome, un certain pragmatisme rend ainsi les échanges possibles.

Il y a aussi des réseaux caritatifs islamiques dans les régions à forte population musulmane, et des réseaux bouddhistes et taoïstes. Mais la situation du taoïsme est complexe comparée au bouddhisme : les traditions sont locales et très variées, le taoïsme n'est pas aussi institutionnalisé que le bouddhisme.

L'attitude chinoise à l'égard des religions - hormis durant la Révolution culturelle - a toujours été moins intransigeante qu'en Union soviétique, y compris à l'époque de Khrouchtchev ou de Brejnev.

Avec la politique de réforme et d'ouverture, l'Etat chinois s'est désengagé des services sociaux et a, dans le même temps, adopté une attitude plus conciliante envers la religion. Les acteurs religieux prennent ainsi le relais de l'Etat pour la fourniture de services sociaux.

Le Parti présente toujours une image d'unité, alors qu'en réalité les débats sont très intenses en son sein. Il comprend évidemment toujours beaucoup de maoïstes, pour lesquels la religion doit disparaître à terme parce que, selon eux, c'est un facteur de blocage dans la société. Certains pensent encore que si l'on concède des responsabilités en matière de couverture sociale à des institutions religieuses, cela portera ombrage au Parti. Seul l'Etat doit être responsable de l'offre des services sociaux.

C'est ainsi que sous l'administration du Président Hu Jintao (2003-2013) ont été lancés de nombreux projets pour améliorer l'éducation et la santé, pour étendre la protection sociale, notamment pour les retraités. Mais les réalisations ont été limitées, en raison des difficultés financières des gouvernements provinciaux et locaux.

Certains responsables politiques estiment que lorsque l'Etat manque de ressources, il faut utiliser ce qui est disponible. Le Parti réfléchit sur la base des recherches menées par les sociologues de l'Académie des sciences sociales ou des universités. Pour cela, il dispose d'une véritable armée d'enquêteurs sur le terrain, qui évaluent les situations et éventuellement suggèrent des politiques qu'ils jugent souhaitable de généraliser.

Le 27 février 2012, avant l'arrivée au pouvoir du Président Xi Jinping en mars 2013, le Département du travail du Front uni du PCC a émis un Avis qui peut en être considérée comme l'aboutissement logique. Cet avis prévoit de donner aux associations religieuses la permission de mettre sur pied « des mécanismes » - la terminologie est importante - qui servent l'intérêt public, incluant des fondations caritatives. Il mentionne, dans l'offre de services sociaux, « des hôpitaux à but non lucratif ».

Mais si le Parti tolère que les acteurs religieux contribuent à la fourniture de services sociaux, il ne veut pas leur donner trop de visibilité. La population doit comprendre que c'est le Parti qui a à coeur les intérêts des populations vulnérables. (source : FR-expert)


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