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du 12 au 15 novembre 2013 (semaine 46)
 

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15 novembre 2013 - France
EN RÉPONSE AUX VICTIMES D'ABUS SEXUELS ET SPIRITUELS

Le
président de la Conférence des évêques de France a répondu officiellement à un groupe d'une quarantaine de «victimes de dérives sectaires n'hésitant pas à mettre en cause différents mouvements d'Église et congrégations religieuses.

Ces victimes un «appel» pour dénoncer des «dégâts» humains dont ils ont été victimes dans le cadre des communautés dites «nouvelles» et dont les effets décrits peuvent aller de la «dépression», au «suicide» ou la «destruction de personnalités».

La nouveauté de cette affaire ne réside pas tant dans la dénonciation d'abus sexuels que quelques-uns des plaignants ont subis mais dans celle d'«abus spirituel», un concept encore peu usité. Le fondateur, ou le supérieur, utilise son aura et son pouvoir spirituel sur des personnalités souvent jeunes et fragiles, pour enfermer leur liberté dans une dépendance totale afin d'obtenir d'elles le silence absolu couvrant d'éventuels abus sexuels ou autres abus de pouvoir.

La seconde originalité tient au fait que pour la première fois sont mises officiellement en cause quatorze «communautés nouvelles» qui ont été et continuent d'être, en France notamment, les symboles de la «nouvelle évangélisation». Elles représentent une floraison d'initiatives pastorales, souvent d'inspiration charismatique mais pas toujours, qui a comme réveillé le paysage catholique français ces trente dernières années et qui en fournit toujours la majeure partie des forces vives.

Sur les quatorze noms de communautés cités par les victimes, seuls cinq à ce jour ont été l'objet de procès canoniques ou de révélations publiques, objectifs et indiscutables: les Béatitudes (suspension du fondateur, Frère Ephraïm en 2008), la Légion du Christ (suspension du fondateur, le père Maciel, en 2006), Points-Cœur (condamnation canonique du fondateur le Père Thierry de Roucy en 2011), la Communauté Saint-Jean (accusations officiellement reconnues en mai 2013 par l'ordre contre le fondateur le Père Philippe, décédé), les anciens collaborateurs du Père Labaky (interdiction canonique de célébration en juin 2013).

Mais le fait de quelques unités appartenant à ces communautés ne met pas en cause toute la communauté. Dans sa lettre, Mgr Pontier évite donc le risque d'amalgame que cette démarche collective contiendrait si l'on réduisait le dynamisme de ces communautés nouvelles aux graves fautes de quelques individus, fussent-ils des fondateurs, mais il souligne la question centrale de la «liberté spirituelle». En clair: la manipulation des consciences. «L'Évangile du Christ que nous voulons servir, rétorque-t-il, est une école de liberté spirituelle.»

Au nom «de tous les évêques», il reconnaît que des «pratiques» contraires à ce respect des consciences «nous heurtent et nous choquent». Il rappelle que par le passé les évêques «ont alerté les fidèles mais aussi les familles sur le danger de certains groupes» et qu'ils ont «interpellé des responsables» mais que «bien souvent» ils n'avaient alors reçu que «méfiance et silence» pour réponse.

Le président des évêques s'engage donc, auprès des victimes, à les aider dans leur «reconstruction» en demandant à tous les évêques de prêter à ces situations une «oreille attentive et compréhensive» - le service compétent de l'épiscopat a été de fait réformé en ce sens - et appelle les victimes «lorsqu'il y a matière» à «porter plainte».

L'un des signataires de l'appel ne tient pas à se mettre en avant puisque les signataires forment un collectif mais son autorité morale reconnue a joué un rôle décisif dans cette prise en compte épiscopale. Il s'agit d'Yves Hamant, professeur d'université émérite, spécialiste de la civilisation russe qui fut l'un des proches de Soljenitsyne.

Si Yves Hamant a décidé d'agir, ce n'est pas «pour nuire à l'Église mais pour avertir et protéger les jeunes, dénoncer la manipulation des consciences et que les fruits portés par ces œuvres ne justifient plus l'omerta imposée dans les communautés, car ce sont des vies entières qui sont détruites en silence.»
(source : AP)

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