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du 18 au 21 mai 2014 (semaine 21)
 

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21 mai 2014 - Centrafrique
L'EXODE DES MUSULMANS

La plupart des musulmans centrafricains ont fui vers le nord du pays et plusieurs dizaines de milliers se sont aussi réfugiés dans les pays voisins, notamment ceux qui ont une population musulmane, comme le Cameroun et le Tchad.

Près de 116.000 Centrafricains (musulmans et chrétiens) y sont aujourd’hui réfugiés comme en République Démocratique du Congo et au Congo. Près de 560.000 se sont aussi déplacés dans le pays, dont 135.000 à Bangui.

Pour fuir les violences des anti-balaka, entre 85 et 90 % des musulmans auraient ainsi quitté Bangui, depuis décembre.

Si la présence des soldats burundais évite un bain de sang général, elle ne peut pas empêcher les heurts entre les deux communautés. Habituellement, le matin est plutôt calme. Après midi, l’atmosphère se tend, entre échanges d’insultes, jets de pierres et de grenades, et même rafales d’armes, tirées des deux côtés. La fin de l’après-midi est encore plus délicate : l’effet de l’alcool sur les jeunes gens qui veulent en finir avec les musulmans se révèle particulièrement délétère. Et une fois la nuit tombée, c’est le temps des raids et des attaques coups-de-poing.

Les musulmans de Bangui -"Kilomètre-5" ne font toutefois pas que se défendre : ils attaquent aussi. Un groupe, nommé Texas, sème la terreur dans les quartiers voisins. Personne ne se fait de cadeau.

À la Grande Mosquée, le discours est clair : puisque l’État centrafricain et la communauté internationale ont été incapables de protéger les musulmans de Bangui, les derniers qui restent doivent se défendre avec des armes.

L’intervention française est jugée avec une grande sévérité. Des graffitis comme « Non à la France » sont nombreux à Kilomètre-5. « L’opération Sangaris conduit à notre disparition de Bangui. Les Français nous désarment, pourchassent nos chefs. Les miliciens chrétiens anti-balaka ont ensuite tout le loisir de nous chasser, de nous tuer et de détruire nos biens », constate l’étudiant Béchir.

Selon le dernier point de situation de l’armée française, jeudi 15 mai, « 33 centres de santé sont opérationnels, 75 établissements scolaires ont rouvert, 21 marchés sont actifs » à Bangui. Taxis, bus, commerces, écoles, universités, banques, cafés, restaurants. Sauf que pour les musulmans de Bangui, le cauchemar continue. Les tout derniers vivent retranchés à Kilomètre-5.,

« Dans le même temps, entre le mois de décembre et le mois de mars, on a compté à la morgue de la mosquée Ali-Babalo, la seule à Bangui, 385 musulmans tués », affirme Saoudi Abdouraman Dodo.

De sorte que plus personne ou presque n’ose s’aventurer à l’extérieur du quartier. « Nos enfants ne vont plus à l’école, nos malades ne peuvent plus se rendre à l’hôpital, nous ne pouvons même pas aller à notre cimetière puisqu’il se trouve près de l’aéroport.

« On ne compte plus, depuis le début de la crise en décembre, le nombre de lynchages et de tueries dont ont été victimes ceux qui se rendaient dans un autre quartier, à l’aéroport ou au centre-ville. »

Rappelons la situation passée : Les anti-balaka sont majoritairement animistes et se distinguent par le port de nombreux gris-gris, mais bon nombre sont également chrétiens.

En 2013, les tensions entre la population chrétienne de Centrafrique, principalement sédentaire, et la population musulmane, principalement nomade, grandissent après la prise de pouvoir de la Seleka musulmane.

Selon RFI les anti-balaka sont divisés entre modérés et extrémistes. Certains condamnent les massacres contre les civils et se déclarent prêts à être cantonnés et désarmés, estimant leurs objectifs remplis avec le départ de Djotodia et des Seleka. D'autres refusent un désarmement par la force et les plus radicaux commettent régulièrement des massacres contre les civils.

Composée principalement de mercenaires tchadiens et soudanais, la Seleka se caractérise par une coloration religieuse musulmane dans une République centrafricaine dont la population est à 80 % chrétienne. Le 12 février, Amnesty International affirmait que les anti-balaka pratiquent un nettoyage ethnique contre les populations musulmanes. (source : Allafrica)


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