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du 8 juillet au 15 juillet 2014 (semaine 27)
 

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15 juillet 2014 -
LES JMJ EN CORÉE, UN OPTIMISME MESURÉ


Les jeunes des JMJ viendront de tout le monde catholique asiatique. Ce sera une vision très contrastée d’un vaste continent qui, des rives de l’Indus à l'Indonésie concentre les deux tiers de l’humanité… mais seulement 2 à 3 % des chrétiens.

On parle du réveil des catholiques en Asie. Qu’en est-il réellement ? Jean-Paul II, en 1998, au synode sur l’Asie avait des accents prophétiques. Il disait en substance : « Tout comme la croix fut plantée en Europe au premier millénaire, en Afrique et en Amérique au deuxième, puisse le troisième millénaire voir en Asie une grande moisson de foi… »

La prière du Pape a été perçue, à l’époque en Asie, comme une une volonté de prosélytisme des chrétiens, notamment par les extrémistes hindouistes qui militaient pour un vote de lois anticonversion. Mais, en réalité, ce n’était pas la menace du nombre qui inquiétait les extrémistes asiatiques. À de rares exceptions près, comme en Corée, on n’a pas vu en Asie d’extension spectaculaire des communautés catholiques.

Régis Anouil des Missions Étrangères de Paris (les MEP) est plus mesuré, même s'il estime que l'Église est signe de modernité. Comment le catholicisme va-t-il résister face aux bouleversements économiques et sociaux ?

"Il existe un défi" à ne pas minimiser : la prospérité matérielle, qui est déjà acquise à Singapour, à Hongkong, à Taiwan, en Corée, au Japon et qui touche désormais les classes moyennes indiennes et chinoises.

L’Église va devoir se battre contre le matérialisme galopant, nouvelle morale de ces créanciers du monde que sont les Asiatiques. Contre une idéologie du travail aussi. Dans ces pays en plein boom économique, tout est sacrifié au travail !

La dénatalité est elle-même un défi pour l’Église. On fait de moins en moins d’enfant, ces populations jeunes vont vieillir à leur tour.

Autre point d’interrogation : l’islam. Comment les majorités musulmanes vont-elles trouver leur place dans la modernité ? Il faut savoir qu’entre l’Indonésie, la Malaisie, le Pakistan, l’Inde et le Bangladesh, on a là, concentrés, les trois quarts des musulmans du monde. Les gouvernements en place vont-ils laisser toute liberté aux plus radicaux ? Quelle place pour l’expression d’un islam libéral ? Nous sommes sortis de l’époque des groupuscules terroristes mais entrés dans l’ère, plus dangereuse peut-être, de l’islamisation des esprits.

En Inde, l’Église est non pas une force numérique mais une force sociale, qui peut entrer en contradiction avec le système des castes si la discrimination positive n’est pas remise en question. Au Pakistan, l’avenir de la communauté chrétienne n’est guère encourageant : les chrétiens se cachent, ils font partie des couches sociales les plus basses de la société, la seule députée ayant proposé une réforme de la loi antiblasphème vit sous protection policière…

L'optimisme de Régis Anouil est donc mesuré. La mondialisation bouleverse les sociétés asiatiques et, en réaction, les religions majoritaires réagissent en se radicalisant, en rejetant ce qui vient de l’étranger. Or la religion chrétienne est celle de l’étranger. Notre défi est de montrer que le christianisme n’est pas seulement la religion de l’Occident, que l’Évangile est porteur de valeurs universelles. Et qu’en devenant chrétien on ne s’assimile pas à un corps étranger. (source : Mepasie)

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