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du 3 au 6 septembre 2014 (semaine 36)
 

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6 septembre 2014 - Nigeria
BOKO HARAM, UNE VASTE STRATÉGIE DE CONQUÊTE

«Ce qui se passe actuellement dans le nord-est du Nigeria est très semblable à ce qui s’est passé récemment dans le nord de l’Irak», juge le P. Patrick Tor Alumuku, directeur de la communication de l’archidiocèse catholique d’Abuja.

En disant cela, le 4 septembre,
il se référait à la stratégie de conquête territoriale de la secte islamiste Boko Haram dans le nord-est du pays.

«Tout comme les guérilleros du prétendu Etat islamique (EI) en Irak, Boko Haram a commencé depuis au moins deux ans à miner le moral de la population et des militaires au travers d’une série d’attentats toujours plus spectaculaires pour lancer ensuite des attaques visant à conquérir le territoire», explique le Père Alumuku.

«Ils ont commencé par attaquer les écoles, sous prétexte qu’ils ne veulent pas de l’éducation occidentale. Puis ils ont frappé les postes de police. Ils ont ensuite élevé leur niveau d'engagement en attaquant les casernes de l’armée et les sièges des autorités". Entre temps, la secte a semé la panique en plaçant des bombes sur les marchés.

Pour le représentant de l'archidiocèse, rien n’a été laissé au hasard. Il s’est agi d’une activité préparatoire à long terme, qui a précédé la prise et le contrôle du territoire, comme en Irak.

Les attaques contre les églises et les chrétiens faisaient partie d'une stratégie plus vaste de conquête du territoire, «libéré» de la présence des chrétiens, comme cela a été justement le cas en Irak, analyse le P. Tor Alumuku
"On a récemment découvert que des financements à destination de Boko Haram provenaient de la Péninsule arabique par l’intermédiaire d’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique). Parfois, les fonds transitent par des bureaux de change.

Le
Père n'est pas d’accord avec ceux qui affirment que Boko Haram n’est pas lié à d’autres groupes partageant la même idéologie. Même si Boko Haram a émergé de la réalité locale nigériane, le groupe a été aidé dans sa croissance par AQMI, qui lui fournit des armes volées dans les arsenaux libyens ainsi que des combattants entraînés. De nombreux jihadistes chassés du Mali par les forces françaises l’an dernier sont venus grossir les rangs de Boko Haram au nord du Nigeria, affirme le Père Alumuku.

Il rappelle que, pour des groupes comme Al-Qaïda, le Nigeria constitue un objectif fondamental, du fait qu’il est l’un des pays comptant le plus grand nombre de musulmans au monde, soit près de la moitié des 170 millions d’habitants. Les extrémistes espèrent y trouver une base forte à partir de laquelle lancer des attaques contre d’autres pays d’Afrique.

Pour autant, le prêtre estime qu'il ne faut pas permettre aux extrémistes chrétiens, qui sont bien présents au Nigeria, de combattre Boko Haram. "Parce qu’alors la situation deviendrait explosive et incontrôlable", avertit-il. "Nous, catholiques et autres chrétiens modérés, sommes jusqu’ici parvenus à freiner les extrémistes chrétiens parce qu’il n’est pas possible de combattre la violence par la violence » conclut-il. (source :
Apic)

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