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du 4 au 6 septembre 2014 (semaine 36)
 

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6 septembre 2014 -
POUR UN AGGIORNAMENTO DE L'ÉGLISE

À un mois du Synode sur la famille, l’évêque d’Anvers, en Belgique, Mgr Johan Bonny, a publié une vaste réflexion dans laquelle il exprime ses attentes et plaide pour une ouverture de l’Église au dialogue sur l’éthique familiale et sexuelle.

Il attend du Synode qu’il ne soit pas « platonique », mais « qu’il ait l’œil ouvert sur la réalité concrète et complexe de la vie ». Après le cardinal Walter Kasper, à l’ouverture du consistoire en février dernier, l’évêque d’Anvers plaide à son tour pour un aggiornamento de l’Église catholique sur la morale familiale et sexuelle.

C'est un texte audacieux de 24 pages, traduit en cinq langues, dans lequel il exprime ses « attentes personnelles » et ses arguments en faveur d’une évolution du magistère. Que ce soit sur l’accueil des divorcés remariés, des jeunes vivant en couple sans être mariés ou toutes autres « situations irrégulières », l’Église doit, à ses yeux, « quitter son attitude de défense ou antithétique » « chercher à nouveau le chemin du dialogue ».

L’évêque attend ainsi du Synode qu’il ne soit pas « platonique », « qu’il ne se retire pas sur une île rassurante de discussions doctrinales ou de normes générales, mais qu’il ait l’œil ouvert sur la réalité concrète et complexe de la vie ».

Prenant acte de « l’incompréhension croissante » et de « l’indifférence progressive » entre les croyants et l’enseignement moral de Rome, il met en avant trois facteurs qui ont contribué à établir un « terrain particulièrement conflictuel ».

Un manque de collégialité, d’abord, hérité de la publication de l’encyclique Humanae Vitae . Relevant que tous les textes du concile Vatican II ont été approuvés par un consensus quasi général, il regrette que la décision du pape Paul VI, allant à l’encontre de l’avis des experts, ait généré « des ruptures qui ne se sont plus jamais guéries ».

Il estime que la conscience personnelle doit retrouver « sa juste place dans une réflexion saine en théologie morale ». Concernant la loi naturelle, regrette-t-il, l’Église s’est cantonnée à un seul pan de la Tradition, privilégiant une conception statique. Il propose au contraire d’élargir les références à la Tradition dans son ensemble pour répondre aux défis actuels.

Il invite l’Église à entrer dans un compagnonnage, y compris avec les cercles plus éloignés d’elle. Et pour ce faire, à « oser aller du vécu à la doctrine ». La question des divorcés remariés est bien évidemment emblématique. Sur ce point, l’évêque d’Anvers rejoint d’autres théologiens et pasteurs pour appeler à étudier comment ouvrir « sous certaines conditions à des divorcés remariés l’accès à la communion », en s’inspirant de la tradition juridique de l’Orient chrétien, « avec la possibilité d’un règlement exceptionnel au nom de la miséricorde ».

Alors que l’indissolubilité du mariage est comparée à l’indissolubilité de l’amour que le Christ porte à l’Église, il rappelle qu’ « aucun signe ne peut représenter de manière définitive la réalité de son alliance définitive avec l’humanité et l’Église ». Sur la participation à l’Eucharistie, il souligne qu’elle est à la fois « signe d’unité » et « moyen de grâce ». En ce sens, « des divorcés remariés ont aussi besoin de l’Eucharistie pour croître en alliance avec le Christ… » Plus largement, il demande que « l’Église puisse reconnaître le bon et le valable également dans d’autres formes de vie commune que le mariage classique » .

Ce qui implique aussi un changement de langage. Mgr Bonny invite à revoir les textes du magistère dont les termes peuvent être « blessants » et qui demandent « plus de respect et un jugement plus nuancé ». « Celui qui veut entrer en dialogue doit se garder d’utiliser des qualificatifs qui se heurtent à la réalité vécue et résonnent donc de manière très humiliante ».

En d’autres mots, « l’Église doit réapprendre à parler comme une mère ».

Il est à prendre en considération que d’autres grandes figures d’Église ont avancé, ces dernières semaines, des arguments opposés. Derniers en date, le cardinal Marc Ouellet et le cardinal Gerhard Müller qui viennent chacun de publier un livre rappelant, entre autres, que l’indissolubilité du mariage est « absolue ».

Bien conscient des divisions qui existent sur ces questions parmi les évêques, Mgr Bonny se garde d’un ton revendicatif, espérant vivement que le Synode se donnera le temps de la réflexion.
(source : Cathobel)

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