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du 5 au 8 octobre 2014 (semaine 41)
 

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8 octobre 2014 - Synode
ET SI L'ON REVENAIT AU CONCILE DE TRENTE

Pour appuyer les thèses du cardinal Kasper, "La Civiltà Cattolica", redécouvre une concession faite par le concile de Trente aux catholiques des îles grecques, alors sous la domination de Venise, dont certains se remariaient selon le rite orthodoxe.

"La Civiltà Cattolica"qui est publiée avec l'imprimatur papal a attendu la veille du synode pour mettre fin au silence qu’elle avait gardé jusqu’à maintenant à propos de la question qui suscite le plus de controverses : peut-on ou non admettre un remariage après un mariage qui a échoué ?

Et elle est entrée en lice en faisant totalement sien, dans un article, le point de vue des novateurs, au premier rang desquels figure le cardinal Walter Kasper, qui est cité dès les premières lignes en tant que point de référence.

"La Civiltà Cattolica" n’est pas une revue quelconque. Elle est rédigée exclusivement par des jésuites et ses épreuves sont, avant publication, passées au peigne fin par les autorités vaticanes. Le pape François et le directeur actuel de la revue, le père Antonio Spadaro – qui est désormais devenu le principal intervieweur et interprète du Pape – entretiennent des liens très étroits.

"La Civiltà Cattolica" a opéré par surprise. Elle a dépoussiéré le concile de Trente. C’est-à-dire précisément le concile qui a affirmé plus catégoriquement que tout autre l'unicité et l'indissolubilité du lien matrimonial.

Toutefois – rappelle "La Civiltà Cattolica" – ce même concile s’est abstenu de condamner formellement les remariages qui étaient en usage dans les Églises orientales, non seulement entre les fidèles de rite orthodoxe, mais également – dans certaines régions où les deux confessions coexistaient – entre les catholiques qui étaient en union avec Rome.

Ce qui avait conduit les pères du concile de Trente à ce geste que la revue qualifie d’"œcuménisme" avant la lettre, c’est le cas des catholiques qui vivaient dans les îles grecques appartenant alors à la République de Venise et qui utilisaient, avec l’autorisation de leurs évêques latins, les églises et les cérémonies orthodoxes.

Les ambassadeurs vénitiens s’adressèrent au concile et lui demandèrent de permettre à ces catholiques de conserver leurs "rites", y compris la possibilité de contracter un second mariage en cas d’adultère du conjoint.

Après une discussion animée, les pères conciliaires d'alors répondirent favorablement à cette demande, par 97 voix contre 80, et ils reformulèrent le canon qui réaffirmait l'indissolubilité du mariage tout en évitant toute condamnation directe de la pratique orientale des remariages.

L'auteur de cet article, le père Giancarlo Pani, est professeur d’histoire du christianisme à l'université "La Sapienza" de Rome. Il a reconstitué le débat qui a eu lieu au cours du concile de Trente, en donnant un grand nombre de détails et en mentionnant tous les renvois à des passages de l’Évangile ou à des œuvres des Pères de l’Église faits par les évêques et les cardinaux qui intervinrent pendant ce concile.

Toutefois lorsqu’il en vient à décrire lui-même ce qui se pratiquait dans l’Église des premiers siècles avant qu’elle ne se divise, le père Pani s’en remet en bloc à la reconstitution qui en a été effectuée par Giovanni Cereti dans son ouvrage paru en 1977, "Divorzio, nuove nozze e penitenza nella Chiesa primitiva [Divorce, remariage et pénitence dans l’Église primitive]".

Cette reconstitution a également été la principale source de référence, si ce n’est la seule, qu’ait utilisée le cardinal Kasper pour le discours qu’il a prononcé lors du consistoire du mois de février 2014.

La thèse qui transparaît dans cet article de "La Civiltà Cattolica" est qu’un geste de "miséricorde évangélique" avait été accompli à Trente et que le synode qui va s’ouvrir prochainement devrait reprendre et renforcer ce geste, pour le plus grand bien de "ces chrétiens qui vivent de manière douloureuse l’échec de leur relation conjugale".

En réalité il n’y a eu à Trente aucun commencement d’"ouverture" en faveur des remariages. On a simplement décidé de ne pas entrer en conflit direct avec les Églises orthodoxes sur ce point, avec une prudence déjà manifestée au cours des siècles qui avaient précédé le concile et également conservée après lui.

Un cas exceptionnel comme celui des îles grecques appartenant à la République de Venise a disparu lorsqu’elle les a perdues au profit de l'empire ottoman. Et ce cas ne s’est pas même présenté à nouveau pour les communautés qui sont passées par la suite de l'orthodoxie à l'union avec l’Église de Rome, puisqu’on leur demandait préalablement une confession de foi dans laquelle était expressément mentionnée l'impossibilité d’un remariage. (source :
Chiesa)

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