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du 6 au 8 novembre 2014 (semaine 45)
 

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8 novembre 2014 - Pakistan
LE PREMIER MINISTRE PROMET DE RÉAGIR À CET ASSASSINAT

Au lendemain de l’assassinat d’un couple de chrétiens accusés de blasphème et morts brûlés vifs dans un four de la briqueterie qui les employait, le Premier ministre Nawaz Sharif a dénoncé « un crime inacceptable ».

Il a précisé qu’« un Etat responsable ne pouvait tolérer qu’une foule se livre au lynchage au grand jour et dans l’impunité ». Il a appelé le ministre-président du Pendjab, où l’incident s’est produit, à se montrer « ferme » dans l’application de la loi afin de « punir ceux qui portent la responsabilité de cet acte ». Sur place, la police a interpellé une quarantaine de personnes et des forces de l’ordre ont été déployées pour assurer la sécurité des villages et quartiers habités par les chrétiens.

Rappelons les événements : mort du couple de chrétiens a eu lieu hier, 4 novembre. Mariés depuis quelques années, parents de trois enfants, Shahzad (Shehzad) Masih, 26 ans, et son épouse, Shama Bibi, 24 ans, s’étaient installés dans le village de Chak, non loin de la petite ville de Kot Radha Kishan, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Lahore, capitale du Pendjab. Ils avaient trouvé à s’employer dans une briqueterie appartenant à un musulman.

Un emploi caractéristique de ceux dans lesquels sont cantonnés les membres des minorités religieuses et les plus pauvres de la société pakistanaise où ils sont tenus en quasi-esclavage par des propriétaires auprès de qui ils sont endettés. Enceinte de son quatrième enfant, Shama Bibi en était à son quatrième mois de grossesse.

Dimanche 2 novembre, Shama Bibi était occupée à nettoyer l’habitation de son beau-père, décédé il y a peu, et brûlait des vieux papiers considérés par elle comme inutiles. Constatant la scène, un contremaître de la briqueterie, Muhammad Afzal, a accusé la jeune femme de brûler des pages du Coran, un acte criminel selon le Code pénal pakistanais – qui prévoit la peine capitale pour toute offense faite à Mahomet.

Des annonces ont ensuite été faites au haut-parleur de la mosquée locale, accusant Shama Bibi de blasphème. Une foule de trois à quatre cents personnes s’est rassemblée mardi, 4 novembre, pour extraire les deux jeunes chrétiens de leur cellule improvisée et les rouer de coups. La suite des événements n’est pas clairement définie. Selon certaines sources, le couple aurait été lynché à mort avant que leurs corps ne soient poussés dans un four de la briqueterie. Selon d’autres, les deux chrétiens étaient encore vivants lorsqu’ils ont été jetés dans le four.

Au sein de l’Eglise catholique, Mgr Rufin Anthony, évêque d’Islamabad-Rawalpindi, a dénoncé ce nouvel acte de violence extrême comme le symptôme d’un système judiciaire inopérant. « Nous avons déjà vu par le passé des foules qui décident de faire justice par elles-mêmes. De tels incidents n’ont jamais été condamnés par les responsables religieux [musulmans], ce qui n’a fait qu’encourager ces foules à poursuivre leurs actes. Si des mesures concrètes avaient été prises hier, de tels actes barbares ne se produiraient plus aujourd’hui », a-t-il déclaré.

Du côté musulman, le Conseil des oulémas du Pakistan a demandé « une enquête impartiale sur l’incident survenu à Kot Radha Kishan ». Exprimant sa « douleur profonde », son président, Muhammad Tahir Ashrafi, a mis en cause l’attitude de la police. La mort du couple de chrétiens n’aurait pas eu lieu « si la police locale n’avait pas fait preuve de négligence ».

Enfin, pour le Pakistan Christian Congress (PCC), parti politique chrétien qui milite pour la création d’un Etat réservé aux chrétiens au sein de la province du Pendjab, la mort du jeune couple est une nouvelle illustration du fait que les lois anti-blasphème fonctionnent comme « un permis de tuer les chrétiens au Pakistan ».

La mort de Shahzad Masih et de Shama Bibi intervient peu après la confirmation, le 16 octobre dernier, de la peine de mort prononcée à l’encontre d’Asia Bibi (Aasiya Noreen), jeune chrétienne et mère de famille accusée elle-aussi de blasphème.

Quelques semaines plus tôt, le 25 septembre, condamné à mort pour blasphème, Muhammad Asghar, un Britannique âgé de 70 ans, a frôlé la mort lorsqu’un gardien de prison lui a tiré dessus ; l’enquête de police a montré que ce gardien avait été influencé par Mumtaz Qadri, celui qui, garde du corps du gouverneur de la province du Pendjab, avait assassiné son propre patron, Salman Taseer, pour les prises de position de ce dernier en faveur d’Asia Bibi et de la réforme des lois anti-blasphème. (source
: Mepasie)

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