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10 janvier 2015 -Turquie
UNE NOUVELLE ÉGLISE À ISTANBUL

Le gouvernement turc a autorisé la construction à Istanbul d’une église de rite syriaque, une première depuis la création de la République turque en 1923. On compte environ 90 000 chrétiens en Turquie.

La décision a été annoncée lors d’une réunion de responsables des minorités religieuses turques avec le premier ministre Ahmet Davutoglu. « Ce sera une première depuis la création de la République. Des églises ont été restaurées ou rouvertes au public, mais aucune nouvelle église n’a pour l’heure été construite », a expliqué un responsable gouvernemental.

Les chrétiens sont ultra-minoritaires en Turquie, pays à très forte majorité musulmane sunnite et où les religions sont placées sous le contrôle étroit de la Direction des Affaires religieuses, dépendant directement du premier ministre. Ils sont parfois victimes d’attaques, le nationalisme turc s’identifiant souvent avec l’islam.

Mais le premier ministre Ahmet Davutoglu a regretté devant ses interlocuteurs que les minorités religieuses soient souvent perçues par ses concitoyens comme « affiliées à d’autres pays ». « Tous sont égaux et de vrais citoyens de la République de Turquie », a-t-il insisté. Il a ajouté que son gouvernement considère les diversités culturelles, religieuses et ethniques du pays comme une bénédiction.

Depuis 2002, la Turquie est gouvernée par un parti islamo-conservateur, l’AKP, que ses détracteurs accusent de « dérive islamiste ». Mais le représentant du gouvernement poursuit dans le même temps des négociations en vue d’une adhésion à l’Union européenne.

Le gouvernement, dans cette perspective, a élargi les droits des minorités religieuses, restaurant des églises, des monastères et des synagogues, et leur restituant certaines de leurs propriétés. Ancien ministre des affaires étrangères et considéré comme le penseur de la vision « néoottomane » de l’AKP, Ahmet Davutoglu a succédé le 29 août 2014 au poste de premier ministre à Recep Tayyip Erdogan, devenu président de la république.

La décision d’autoriser la construction d’une église pour les communautés syriaques est d’autant plus remarquable que celles-ci ne sont pas reconnues par le traité de Lausanne de 1923 qui distingue trois « minorités protégées » : les juifs, les grecs-orthodoxes et les Arméniens.

L’église doit être bâtie dans le quartier de Yesilköy, au bord de la mer de Marmara, sur un terrain accordé par la municipalité.

L’annonce de cette autorisation survient un peu plus d’un mois après la visite du Pape François à Ankara et Istanbul les 29 et 30 novembre. Le Pape s’était alors inquiété de la situation précaire des chrétiens d'Orient, menacés par les djihadistes en Irak et en Syrie et avait mis la Turquie devant ses responsabilités pour la paix.

La décision de construire une nouvelle église est prise, en outre, l’année du centenaire du génocide des Arméniens, déclenché le 24 avril 1915 par le gouvernement Jeune Turc de l’Empire ottoman. Les autorités turques s’attendent à être soumises à de très fortes pressions internationales pour qu’elles reconnaissent le caractère génocidaire de ce crime de masse qui a fait environ 1,2 million de victimes en une année.

Les Assyriens avaient également perdu beaucoup des leurs durant cette tragédie. (source :
FPIC)

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