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24 janvier 2015 -
UN PROPOS INATTENDU, CONCERNANT LA CURIE ROMAINE

Après des journées intenses, la détente, la proximité et la confiance avec les journalistes accrédités à bord durant les vols de retour donnent au Pape un style particulier et des réponses étonnantes, mais toutes pleines de sens.

Lors de son dernier voyage, le Pape a eu recours à des expressions pas très catholiques, mais fortement imagées, pour exprimer son point de vue, sur des points fondamentaux de la doctrine, de la vie familiale et même du fonctionnement des instances ecclésiales confirmant sa volonté d'être proche des gens, au risque parfois de choquer.

" Une réponse certes pas toujours très "catholique", mais très sympathique", a commenté cette semaine Massimo Cacciari, philosophe proche de la gauche et ancien maire de Venise.

Un message "tout simplement génial", a jugé de son côté le directeur du quotidien catholique italien "Avvenire", Marco Tarquinio, car, par exemple, en ayant recours à la figure de la mère, il a touché croyants et non croyants".

" Le Pape a recours à son propre langage", a-t-il ajouté. Au risque parfois de déconcerter ceux qui ont posé un questionnement mesuré par le biais du P. Federico Lombardi, le porte-parole du Saint-Siège.

En fait ce ne sont pas des "mots en l'air". Ces réponses sont en effet d'une particulière densité qui demande une analyse approfondie car elles témoignent de la puissance intellectuelle du Pape et de son don d'être "à propos".

Au retour de Manille, il a commenté le sens du nazisme et de son voisin, le fascime italien, sur l'avenir de la jeunesse; il a cité le roman-fiction de Robert Hugues Benson : "Le Maître de la Terre" (1903); il fait appel à Dostoïevski et a repris une oraison de l'ancien missel faisant appel à Moïse.

Il est des images dont les journalistes parleront davantage : "comme un lapin" , et plus modérément "la paternité responsable". Et le P. Lombardi a fait une rapide mise au point quand le pape François parle d'un coup de poing en réponse à une insulte, " Il n'est évidemment pas en train d'inciter à la violence", a insisté vendredi aux Philippines le porte-parole du Vaticani.

Et à son retour devant les mêmes journalistes dans l'avion pour Rome, le pontife argentin est revenu sur la question en plaidant pour la "prudence" dans la dérision.

"En principe, on peut dire qu'une réaction violente devant une offense n'est pas une bonne chose. On ne doit pas le faire", a-t-il rappelé. "Mais nous sommes des êtres humains, il faut de la prudence: c'est une vertu de la coexistence humaine (...). Je ne peux pas provoquer, insulter continuellement. Le risque est de recevoir une réaction injuste".

Juste avant, il avait de nouveau choqué les vaticanistes nourris au style plus formel et calibré des papes précédents, en déclarant que les chrétiens n'avaient pas à procréer "comme des lapins".

Là encore, la familiarité de la forme ne change pas le fond du discours. François a rappelé et loué l'opposition de Paul VI à toute forme de contraception artificielle, répétant que "l'ouverture à la vie" était "une condition du sacrement de mariage".

Et pour appeler les couples chrétiens à une "paternité responsable", il a évoqué "l'irresponsabilité" d'une femme rencontrée il y a quelques mois, enceinte d'un 8ème enfant après avoir subi sept césariennes.

Mais "Dieu te donne les moyens pour être responsable", a insisté le Pape. "Croissez et multipliez-vous, mais sans exagérer", plaisantait mardi l'écrivain Massimo Gramellini dans son billet à "La Stampa", en soulignant que le corollaire du "Discours du Lapin" n'était pas un hypothétique "Discours du Préservatif".

Et comme pour conclure ces questionnements, en répondant à Elisabetta Pique, journaliste espagnole, le Pape ne peut s'empêcher de commenter les réalités et les dimensions psychologiques d'une mère, et cela le fait revenirt à la réforme des dicastères de la Curie romaine :

"Quand je dis qu'il est important que les femmes soient prises en compte dans l'Église, ce n'est pas seulement pour leur donner une fonction de Secrétaire d'un dicastère. (le Pape ne dit pas dans un dicastère). Cela peut venir, pourquoi pas, les femmes regardent la réalité avec une richesse différente, plus grande, " ajoute-t-il brièvement.

Et ce fut la dernière réponse qu'il donna aux onze questions des journalistes. (source : VIS)

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