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du 14 au 18 février 2015 (semaine 08)
 


- 18 février
2015-
LE STYLE DU PAPE FRANÇOIS

Depuis son élection, il y a bientôt deux ans le Pape a mis en oeuvre des réformes qui marquent déjà et profondément l'Église à venir autant par ses discours que par ses gestes symboliques. Ce que vient de manifester ce consistoire.

Le Pape François, c'est d'abord une famille d'émigrés italiens, enracinée en Amérique du sud, en Argentine, un prêtre religieux jésuite et un évêque d'une mégapole, en résumé tout un style, explique le P. Bernard Bourdin, frère dominicain et enseignant à l'Institut catholique de Paris.

Un style qui s'incarne autant dans les réformes et la rapidité à les engager que dans ses discours et ses gestes symboliques. " Au moment de l'accession au pouvoir de Jorge Mario Bergoglio, dit-il, on a beaucoup disserté sur le fait que ce serait la première fois qu'un jésuite occupait la charge de 1,2 milliard de croyants.

" Mais plutôt que dans les pas d'Ignace de Loyola, le fondateur de la Compagnie de Jésus, le Pape argentin se place davantage dans ceux d'un Saint François d'Assise, en suivant un évangélique de la pauvreté. Une attitude que l'on peut retrouver jusque dans le choix de sa résidence : n'a-t-il pas préféré au luxe de la basilique Saint-Pierre la plus modeste maison Sainte-Marthe ?

" La marque jésuite, puisque Jorge Bergoglio a été provincial des jésuites de son pays natal, on la retrouve dans sa volonté d'être un homme de terrain. Une nouveauté d'autant plus forte que l'Argentin succède à un pape théologien, et un Pape qui peut compter sur la puissante et discrète Compagnie de Jésus.

" Le style François c'est aussi une rapidité des réformes. Il sait qu'il ne sera pas Pape longtemps, que le temps lui est compté, et il y fait parfois allusion. Benoît XVI, qu'on le veuille ou non, a créé un précédent historique et un pontificat de la durée de celui Jean-Paul II n'est plus envisageable. D'où l'ardeur de ce nouveau Pape a mener des réformes à grand train, « avec une efficacité toute jésuite », commente malicieusement le Père Bourdin.

Au terme de près de deux ans de pontificat, il est possible de dégager une ligne directrice dans les décisions du pape. François souhaite d'abord, résume Bernard Bourdin, remettre au centre l'Évangile, le message de l'Eglise. Le comprendre dans sa totalité, il ne souhaite plus le réduire à une simple morale.

« Il a bien compris que la désarticulation entre les positions de l'Eglise et la société actuelle sur les principes moraux et sociétaux n'était plus viable ». Ce n'est donc pas sous son pontificat que l'on verra des médecins excommuniés parce qu'ils avaient avorté une fillette de 9 ans violée par son beau-père. Un fait divers survenu à Recife en 2009 qui avait bouleversé le Brésil à l'époque.

Mais attention, prévient Bernard Bourdin, le Pape François n'est pas non plus relativiste parce qu'il est plus libéral. En dépit de ses messages d'apaisement, dont le fameux « Si une personne est gay, qui suis-je pour juger ? » prononcé dans l'avion de retour des JMJ à l'été 2013, ce n'est pas non plus sous sa gouvernance que l'on verra l'Eglise évoluer vers l'acceptation du mariage gay. Il est pour l'intégrité et l'intégralité de la doctrine.

Il faut aussi se rappeler que de par son élection même, le Pape François répondait à un choix du consensus, de la majorité des cardinaux électeurs.

Il est issu d'un pays du Sud, mais pas n'importe lequel : l'Argentine, le plus européen - et même le plus italien - des Etats d'Amérique latine. Une façon de ménager les cardinaux de la Péninsule tout en sortant l'Eglise de son « italianisme » et en l'ouvrant au monde.

Le projet du Pape consiste d'abord à adapter l'Eglise à la réalité d'un monde occidental globalement déchristianisé. Et dans le même temps à l'ouvrir à l'Asie. Rappellons-nous que les Jésuites sont 4000 en Inde, qu'un jésuite sur 4 en formation est de nationalité indienne et que 44% d'entre eux viennent actuellement de l'Asie.

Pour autant, il n'engagera pas de grand projet contre-culturel de société, estime Bernard Bourdin. Il s'agirait plus de « refaire chrétiens, nos frères », selon le mot d'ordre des Jeunesses ouvrières chrétiennes, la JOC des années 1930, c'est-à-dire de trouver une place pour le christianisme dans le monde moderne.

A Strasbourg, il a parlé de la nécessité de « redonner un nouveau souffle à l'Europe » .Et les nouveaux cardinaux de ce consistoire viennt de loin, depuis les iles du Pacifique comme de la Birmanie.

A tous et à chacun, les anciens et les nouveaux, ses projets et ses paroles les invitent à quitter les bureaux pour aller jusqu'à la périphérie, sans abandonner un seul "iota" de la pensée du Seigneur Jésus.
(source : .News.va)

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