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FlashPress - Infocatho
du 22 au 25 février 2015 (semaine 09)
 


- 25 février
2015 - Qatar
LES COMMUNAUTÉS CHRÉTIENNES A DOHA

L’émirat a concédé aux travailleurs chrétiens, un terrain à la périphérie à trois-quart d'heure du centre de la capitale. Il est sous surveillance et réunit toutes les confessions chrétiennes qui peuvent vivent leur foi librement.

« La sécurité est assurée 24 heures sur 24 parce que des intégristes ne veulent pas de la présence chrétienne ici, explique le P. Élie El Hachem, Libanais, en charge des communautés francophone, italienne et arabophone au sein de la paroisse catholique.

Quand l’église Notre-Dame du Rosaire a été inaugurée, il y eût des menaces. Au sein de l’espace gardé, nous sommes libres, nous pouvons faire des processions par exemple, mais à l’extérieur, il faut être attentif et ne pas provoquer avec une croix ou en priant devant tout le monde. Nous respectons les lois du pays. »

Ce terrain désertique a été concédé par l’ancien émir, cheikh Hamad Bin Khalifa Al Thani, encouragé par certains pays étrangers en raison de leurs nombreu ressortissants, travailleurs migrants, et le Vatican. Auparavant, les chrétiens célébraient dans des écoles ou dans une petite chapelle provisoire.

Cette première église catholique de l’émirat du golfe Persique a été inaugurée en 2008. Son style, sans clocher ou croix extérieure, rappelle que la présence chrétienne doit être discrète dans ce pays musulman d’obédience wahhabite comme l’Arabie saoudite. « Enfin ! Les catholiques à Doha ont une maison où ils peuvent se réunir librement et en sécurité », commentait à l’époque Mgr Paul Hinder, vicaire apostolique de l’Arabie du Sud.

C’est un espace de liberté dans un pays islamique, un signe d’ouverture par rapport à l’Arabie saoudite qui n’accepte pas d’autres religions. Mais dans le même temps, on a le sentiment d’être mis dans une case, en marge de la ville, aux portes du désert. »

La grande église Notre-Dame-du-Rosaire (2 000 places) qui s’élève humblement dans le ciel de Doha est désormais entourée par des églises copte, anglicane, grecque-orthodoxe, syrienne-orthodoxe et indienne de différents rites et d’un lieu de prière pentecôtiste.

« Nous n’avons pas choisi de vivre côte à côte, indique dans un sourire facétieux le P. Élie El Hachem. C'est le gouvernement qui nous a réunis pour nous surveiller et assurer notre sécurité. Mais nous sommes heureux d’être ensemble.

« Ici, l’œcuménisme et la prière pour l’unité des chrétiens prennent un sens particulier. Généralement, les catholiques arabophones sont habitués à vivre avec d’autres chrétiens, les orthodoxes surtout. Sans doute que les Occidentaux ou les Philippins sont moins familiers dans cette cohabitation. »

« Ici, nous pouvons prier en sécurité et donner une éducation religieuse à nos enfants », se félicite un jeune père originaire d’Indonésie qui échange avec des compatriotes.

Plus loin, Lucinda, une Indienne, musarde dans une allée en attendant que ses enfants sortent du catéchisme. Dans les églises comme dans les bâtiments attenants, toutes les nationalités se côtoient dans un joyeux mélange.

Le vendredi, et dans une moindre mesure le samedi, jours de repos au Qatar, l’église Notre-Dame-du-Rosaire et ses deux chapelles voient s’enchaîner les célébrations de six heures du matin à sept heures et demie du soir : quatre messes en anglais, d’autres en arabe, en tagalog (Philippines), cinghalais (Sri Lanka) et en plusieurs langues parlées en Inde (le konkani, le malayalam, le tamoul et l’ourdou).

Martine, une catholique française, constate : Nous ne comprenions rien mais on vibre quand même au contact de nos frères d’Asie. On s’y retrouve parfaitement avec la messe Vatican II. Et leur ferveur nous remet à notre place d’Occidentaux au cœur un peu endurci. »

« Tout au long de l’année, il y a des moments forts où toute la paroisse est convoquée pour une cérémonie, explique Martine. Pour le début d’année, une grand'messe a eu lieu où chaque délégation est entrée en procession ensemble. Après les grandes fêtes liturgiques, des kermesses sont souvent organisées où chaque pays possède son stand et présente ses spécialités culinaires. »

Au Qatar, la notion d’identité est un peu plus forte. J’ai pris conscience combien la foi fait partie de moi. Je vais plus souvent à la messe avec mes enfants. C’est une chance de vivre ça avec eux. »

Les frontières du complexe marquent les limites de l’expression de la foi chrétienne au Qatar qui doit s’effacer devant la religion d’État de l’émirat, où le prosélytisme est interdit au même titre que les conversions de Qatariens au christianisme.

Vivre dans un pays où l’islam est partout, au rythme des appels à la prière retentissants du muezzin, peut même raviver la foi de certains disciples. « Je prie plus souvent, confie Martine. Surtout, j’ai découvert avec quelle rigueur les musulmans respectaient le Ramadan. Cela m’a fait redécouvrir le sens du jeûne et je suis désormais beaucoup plus assidue lors du Carême. » (reportage de Thierry Solère -
La Croix")

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