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du 6 au 8 avril 2015 (semaine 15)
 


- 8 avril
2015 -
LA FÉCONDITÉ DES DEUX TRADITIONS

Le P. Raniero Cantalamessa a conclu le vendredi 27 mars le cycle des prédications de Carême au Pape et à la Curie romaine, en parlant des différentes visions du mystère du Salut entre Orient et Occident.

Grâce au meilleur dialogue avec les orthodoxes, aujourd'hui les catholiques ont une chance de rééquilibrer leur perception du christianisme, principalement comme voie de rédemption du péché, dans le sens d'une expérience « belle et exaltante » qui est un don de l'Esprit.

Il a rappelé que ces deux perspectives prennent racine dans toute l'histoire biblique. « Déjà dans les prophéties de l’Ancien Testament qui annoncent l’Alliance nouvelle et éternelle, on observe la présence de deux éléments fondamentaux : un élément négatif qui consiste à éliminer le péché et le mal en général, et un élément positif qui consiste à recevoir un cœur et un esprit nouveaux, autrement dit, à détruire ce que l’homme a fait et reconstruire ou rétablir en lui l’œuvre de Dieu.

Il nous faut dépasser la contradiction apparente entre rédemption des péchés et don de l'Esprit. Dès le début de son Évangile, Jean Baptiste présente Jésus comme « l’Agneau qui enlève le péché du monde », mais aussi comme « celui-là qui baptise dans l’Esprit Saint » (Jn 1, 29. 33).

« Cet aspect on le trouve aussi chez Jean, dans sa Première Lettre, où Jésus est présenté comme « Celui qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés, non seulement les nôtres, mais encore ceux du monde entier » (1 Jn 2,2). Mais chez lui, l’accent est mis davantage sur l’élément positif.

Avec le Verbe fait chair, la lumière est venue dans le monde, tout comme la vérité, la vie éternelle et la plénitude de la grâce (cf. Jn 1, 16). Le fruit de la mort de Jésus, mis le plus en évidence, n’est pas le pardon des péchés, mais le don de l’esprit (cf. Jn 7, 39 »

« En Orient, la théologie, la spiritualité et la mystique sont unies. On ne conçoit pas une théologie qui ne soit pas également mystique, c’est-à-dire expérientielle. La reconstruction de la position orthodoxe est faite en tenant compte de théologiens, comme les Pères cappadociens, mais aussi de mouvements spirituels, comme les Pères du désert, l’hésychasme, le monachisme, le palamisme, la philocalie, des auteurs mystiques comme Siméon le Nouveau Théologien, Séraphin de Sarov, et ainsi de suite.

Cependant, l'approche occidentale du péché garde pleinement sa légtimité. « Si la doctrine orientale, avec sa très haute idée de la grandeur et de la dignité de l’homme à l’image de Dieu, a mis en lumière la possibilité de l’incarnation, la doctrine occidentale, en insistant sur le péché et sur la misère de l’homme, a mis en lumière sa nécessité.

L'Occident a besoin de regarder vers l'Orient, car dans la conception occidentale, « la grâce, même hautement exaltée, a pratiquement fini par se réduire à sa seule dimension négative de remède au péché. Le cri audacieux de l’Exultet pascal aussi, "Ô heureuse faute qui nous a mérité un tel et un si grand Rédempteur !", on le voit bien, ne sort pas de la perspective de péché et rédemption, » a tenu à dire le père Cantalamessa.

" Grâce à la fécondité de la spiritualité orientale, je ne dis pas que parmi les personnes qui se reconnaissent dans ce « courant de grâce », tous vivent ces caractéristiques, mais je sais par expérience que tous, voire les plus simples, savent de quoi il s’agit et aspirent à les réaliser dans leur vie.

« Laissons à nos frères orthodoxes de discerner si ce courant de grâce n’est destiné qu’à nous, Églises d’occident et celles qui en sont issues, ou bien si une nouvelle Pentecôte est ce dont l'Orient chrétien aussi, pour d’autres raisons, a besoin. En attendant, nous ne pouvons pas manquer de les remercier pour avoir su cultiver et défendre farouchement, tout au long des siècles, une vision si riche du salut chrétien dont toute la chrétienté a bénéficié. » (source
: VIS)

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