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du 11 au 15 avril 2015 (semaine 16)
 


- 15 avril
2015 - France
LES SENS D'UN SILENCE PROLONGÉ

Le Saint-Siège n'a pas encore donné son agrément à la nomination par Paris, il y a trois mois, de Laurent Stefanini au poste d'ambassadeur, "catholique pratiquant, très cultivé, d'une discrétion absolue", selon le quotidien "Il Messaggero. "

Les suppositions vont bon train pour interprêter un tel silence concernant une personnalité qui était très appréciée à la Curie lorsqu'il a été numéro deux de l'ambassade de France au Vatican entre 2001 et 2005.

L'on avance que la raison en est que ce diplomate aux compétences reconnues est homosexuel, un détail épineux pour le Vatican. ce qui est encore difficilement admis dans les hautes sphères catholiques.

Cela fait donc trois mois que Paris et le Saint-Siège sont dans un bras de fer feutré autour de ce choix de l'Élysée, où l'intéressé occupe depuis 2010 le poste de chef du protocole, après avoir été conseiller au ministère français des Affaires étrangères pour les questions religieuses.

Habituelement, "la réponse ne prend en principe pas plus d'un mois, un mois et demi", indique-t-on de source informée à Rome. "Le Vatican ne formule pas de refus. Il ne répond pas (...) et c'est au pays concerné d'interpréter cette absence de réponse."

Or en 2007, la France avait déjà nommé un ambassadeur homosexuel au Vatican. À l'époque, la demande d'agrément n'avait pas reçu de réponse et Paris avait finalement proposé un autre nom. Mais ce premier diplomate était pacsé, alors que Laurent Stefanini est célibataire et extrêmement discret sur sa vie privée.

Selon un bon connaisseur des arcanes diplomatiques entre la France et le Vatican, la hiérarchie de la Curie apprécie M. Stefanini depuis son passage à Rome et s'est montrée favorable à sa nomination, de même que la conférence des évêques de France. Mais le Pape François s'y opposerait pour des motifs de doctrine.

Le Pape François s'était pourtant distingué depuis son élection, il y a deux ans, par des déclarations plutôt ouvertes à l'encontre des homosexuels. "Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ?", avait-il assuré en juillet 2013.

Selon le blog spécialisé "Vatican Insider" du quotidien "La Stampa", des sources au sein de la Curie estiment que le problème ne vient pas tant de l'orientation sexuelle de Laurent Stefanini que de son soutien public au mariage homosexuel, adopté en France en 2013 malgré la ferme opposition de l'Église catholique.

Le site rapporte la décision n'est pas encore prise, avec une autre perspective, en particulier parce que le nouveau ministre des Affaires étrangères, Mgr Paul Richard Gallagher, a pris ses fonctions il y a deux mois et n'a pas encore pu approfondir tous les dossiers.

Selon plusieurs médias français, le bureau du Premier ministre Manuel Valls a fait circuler les noms d'autres diplomates, mais l'Élysée refuse de céder. "Laurent Stefanini est l'un de nos meilleurs diplomates, c'est la raison de sa nomination. Nous attendons la réponse à la demande d'agrément", a indiqué l'Elysée à l'AFP.

Dans les couloirs de la Secrétarerie d'État on ajoute une autre motivation : le Saint-Siège n'a pas apprécié l'absence du président Hollande et du Premier Ministre l'aéroport lors de la venue du Pape à Strasbourg, la France se contentant d'un représentant de seconde zone.

Les semaines à venir devraient éclairer cette question en lui donnant une réponse. (source
: AFP)

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