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du 15 au 18 avril 2015 (semaine 16)
 


- 18 avril
2015 - France
L'INTÉGRATION PASTORALE DES PRÊTRES ÉTRANGERS

« On bouche les trous ». Voici résumée à grands traits par un prêtre l'une des préoccupations du moment pour les paroisses françaises, car depuis plusieurs dizaines d'années, les diocèses sont confrontés à une chute de leurs effectifs sacerdotaux.

Cette situatio leur impose de réorganiser leurs équipes et de revoir le maillage territorial qu'ils avaient mis en place. « Cela implique, en de nombreux territoires, que tous les prêtres deviennent curés, que ces mêmes curés deviennent curés de secteur, et que les curés de secteur se retrouvent curés de canton », explique Nicolas de Bremond d'Ars, prêtre et sociologue au Centre d'études interdisciplinaires des faits religieux (Ceifr).

Deux conséquences principales découlent d'une telle évolution : une plus grande place et des tâches plus importantes sont accordées aux laïcs. Et, dans le même temps, les prêtres doivent faire face à des missions de plus en plus riches, avec une charge de travail qui va crescendo. « Certains curés vont alors parcourir plus de 40.000 km par an en voiture », relève le chercheur.

Pour tenter de pallier le manque de prêtres dans les paroisses françaises, une dynamique s'est enclenchée au fil des ans. « Les évêques inquiets ont décidé d'aller chercher des prêtres à l'étranger. « En Afrique subsaharienne principalement, explique Nicolas de Bremond d'Ars.

Des séminaires comme celui de Lomé, au Togo forment de nombreux prêtres dont certains vont rejoindre les rangs des religieux français. » D'autres peuvent également venir d'Asie (notamment du Vietnam) ou d'Europe de l'Est (de Pologne par exemple).

Et l'appel d'air est tel que certaines paroisses sont désormais totalement dépendantes de ces renforts étrangers. En leur sein, moins d'un prêtre sur deux est d'origine française. Des diocèses comme ceux de Chartres et Évry disposent ainsi d'importants contingents de religieux étrangers.

Si une telle évolution vise à résoudre un problème démographique, elle peut également être à l'origine d'une gestion complexe des ressources humaines au coeur de l'institution catholique.

« Les prêtres d'un même diocèse ne se comprennent parfois pas totalement tant les différences culturelles sont importantes entre eux, analyse Nicolas de Bremond d'Ars. Tous sont de bonne volonté, mais ils n'ont souvent ni le même langage, ni les mêmes références. Cela peut donc, au final, engendrer des tensions. »

Les différences d'approche peuvent se situer dans la répartition des tâches du quotidien, mais aussi « dans la façon de célébrer et de prendre la parole qui peut beaucoup varier d'un pays à l'autre », poursuit le sociologue.

Même chose sur le fond. « Sur la question des moeurs, les prises de position peuvent être extrêmement différentes selon l'origine des prêtres, indique Nicolas Bremond d'Ars. Ceux provenant d'Afrique subsaharienne ont par exemple, à ce sujet, un discours normatif accentué ».

Arrivés en France, certains d'entre eux conserveront ces thématiques au coeur de leur discours. « C'est tout le problème : ils viennent avec un corpus et des réflexes en décalage avec la pratique française, résume Nicolas Bremond d'Ars.

" Il faudrait, déclare-t-il, que l'Église catholique prenne en charge cette question et guide les nouveaux venus. Mais force est de constater que les choses sont difficiles à résoudre.» (source
: FR-expert)

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