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du 19 au 23 avril 2015 (semaine 17)
 


- 23 avril
2015 - Sri Lanka
UNE LOI SANCTIONNANT LA PROMOTION DE L'EXTRÉMISME RELIGIEUX

Honorant une promesse faite durant sa campagne électorale, le président Maithripala Sirisenaa a approuvé un projet de loi sur « les discours de haine liés liés à l'appartenance religieuse ou exacerbant les tensions ethniques et religieuses. »

Le porte-parole du gouvernement dirigé par le Premier ministre Wickremesinghe, le ministre de la Santé, Rajitha Senaratne, a annoncé que le projet de loi qui sera présenté au Parlement prévoyait l’introduction dans le Code pénal d’une mesure portant une peine de deux années de prison et des sanctions d’amende afin de punir ceux qui, « dans un passé récent, ont tenu des discours faisant la promotion de l’extrémisme religieux ».

Quelques jours auparavant, Azath Salley, membre du Comité exécutif national, chargé de veiller à l’application du programme que Maithripala Sirisena s’est engagé à mettre en œuvre durant les cent premiers jours de sa présidence, avait précisé que, par ce projet de loi, le gouvernement tenait à doter les institutions judiciaires des moyens de lutter contre « les nombreux discours haineux et les campagnes de haine visant les minorités religieuses (…), notamment les nombreuses attaques contre des lieux de culte musulmans et chrétiens qui ont eu lieu sous l’administration [du précédent président, Mahinda Rajapkasa] ».

Les autorités ne cachent pas que ces nouvelles dispositions législatives visent notamment les groupes extrémistes bouddhistes qui se sont développés depuis la fin de la guerre, au printemps 2009, et la défaite militaire des Tigres tamouls.

Trois organisations notamment ont largement fait parler d’elles, en présentant la nation cinghalaise et bouddhiste (70 % des 20 millions de Sri Lankais) comme étant menacée dans son essence par les minorités musulmane (de 7 à 11 % de la population) et chrétienne (principalement catholique, 7 % de la population). Il s’agit du Bodu Bala Sena (BBS, Buddhist Power Force ou ‘Puissante force bouddhiste’), du Sihala Ravaya (Sinhalese Roar ou ‘Rugissement cinghalais’) et du Ravana Balakaaya (‘Brigade Ravana’).

Selon le secrétaire général du BBS, Galagoda Aththe Gnanasara Thero, les musulmans et les autres minorités peuvent vivre à Sri Lanka s’ils le souhaitent, mais seulement comme des citoyens de seconde classe, sous la domination des Cinghalais bouddhistes.

Le 5 avril dernier, soit deux jours à peine après l’annonce du projet de loi par le gouvernement, ce n’est pas le BBS qui a fait parler de lui, mais le Sihala Ravaya. La police a dû faire usage de canons à eau pour disperser les partisans de cette organisation qui menaçait de détruire les constructions islamiques du site de Kuragala.

Selon le P. Jehan Perera, prêtre catholique et directeur exécutif du Conseil national pour la paix, organisation indépendante fondée en 1995, les campagnes menées ces dernières années contre les musulmans et les chrétiens sont une réalité et elles menacent l’unité de la nation sri-lankaise.

Le projet de loi va donc dans la bonne direction car « tant le gouvernement que les médias devraient prêter plus d’attention dans leurs déclarations et leurs écrits au fait que la nature de ce pays est pluri-religieuse ». « La plupart des gens ne sont pas d’accord avec la violence utilisée par les extrémistes, mais en même temps ils estiment que les extrémistes soulèvent des problèmes qui sont réels. Il est nécessaire de développer l’éducation civique au sujet des droits et des responsabilités des différentes communautés religieuses », analyse-t-il. (source
: Mepasie)

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