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du 23 au 25 avril 2015 (semaine 17)
 


- 25 avril
2015 - Allemagne
UNE ÉTUDE SUR LA PSYCHOLOGIE DU CLERGÉ

Avec un groupe de scientifiques, le jésuite Eckhard Frick, de la clinique universitaire de Münich, a étudié la situation psychologique des prêtres allemands entre 2012 et 2014 et en a tiré d'intéressantes conclusions.

Son étude, totalement indépendante de l'Eglise, portait sur 4000 membres religieux catholiques à travers l'Allemagne pour identifier leurs difficultés.le professeur en psychologie anthropologique a interrogé entre 2012 et 2014 plus de 4.000 personnels religieux catholiques à travers l'Allemagne pour identifier leurs difficultés. L'étude, financée par des fondations privées, est totalement indépendante de l'Eglise.

« Il nous importait de sonder les ressources psychologiques qui leur permettaient de tenir le coup, notamment pour ceux qui sont fortement menacés par le burnout », explique Eckhard Frick à la Katolische Nachrichten-Agentur.

Le jésuite a identifié chez les religieux trois facteurs importants : le sentiment de cohérence, c'est-à-dire le sentiment de disposer d'une base porteuse malgré les contrariétés et les changements et ruptures dans l'Eglise ; la résilience, c'est-à-dire la capacité de faire face aux difficultés avec créativité ; et l'efficacité personnelle, l'impression de pouvoir transmettre quelque chose.

Si les chercheurs relèvent une étonnante satisfaction des prêtres quant à leur métier, leur étude met aussi en évidence de nombreuses failles, qui interrogent le coeur même de la perception de leur fonction.

Le sentiment d'efficacité personnelle est plus fragile chez les prêtres que chez les autres personnels religieux. « En prison ou à l'hôpital, les aumôniers peuvent plus facilement mesurer les effets de leur engagement. Dans une paroisse classique au contraire, les prêtres ont de nombreuses missions avec des personnes qui changent. A quoi s'ajoute la durée de leur présence dans une communauté paroissiale, elle-même marquée par des changements. Cela renforce parfois chez certains l'impression de pédaler dans le vide », explique Eckhard Frick.

Au contraire des diacres et des religieux vivant en communautés, les prêtres souffrent selon l'étude de « solitude émotionnelle », par manque de lien durable à une autre personne.

Seule la moitié des prêtres interrogés seraient prêts à confirmer leur décision d'une vie de célibat s'ils avaient a nouveau le choix. Un quart ne reprendraient pas cette décision. Un dernier quart ne savent pas ce qu'ils décideraient.

Concernant leur sexualité, plus de la moitié de ces hommes ont affirmé sans tabou que le renoncement aux relations physiques, aux liens du couple et à la paternité constitue un véritable défi. Les prêtres sont aussi plus souvent en conflit avec leur sexualité et même dans certains cas avec leur orientation sexuelle.

Sur de nombreux points, les personnels religieux, qu'ils soient prêtres ou autres, partagent le ressenti des simples paroissiens sur leur Eglise. S'ils apprécient leur vie religieuse sur le terrain, ils sont plutôt mécontents des structures et de la direction de l'Eglise catholique et souffrent d'un manque de reconnaissance symbolique de leur engagement.

Le P. Eckhard Frick met enfin en évidence une « sécheresse spirituelle » chez les religieux, une distance à Dieu dans le quotidien et une difficulté à prier. 54 % des prêtres interrogés ne se confessent qu'une fois par an.

Les chercheurs ont rencontré leur« ouverture étonnante » s, prêts à se confier sur leurs problèmes mais aussi sur leurs besoins de soutien.

Pour le directeur de l'étude, de tels résultats nécessitent désormais une interprétation, qui doit avoir lieu au sein même de l'Eglise. « Nous ne sommes qu'au début d'un processus de discussion, qui durera encore des années », prévient Eckhard Frick. (source
: KNA)

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