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du 21 au 23 mai 2015 (semaine 21)
 


- 23 mai
2015 -
LES MUSULMANS PEUVENT-ILS ACCÉDER À LA DÉMOCRATIE

Une étude britannique, menée à l'initiative d'Amédée Turner, membre honoraire du Parlement européen, aborde la relation qu'ont les musulmans d'Occident avec la démocratie. " Islam et démocratie : ce qu'en pensent vraiment les musulmans".

L'islam et les musulmans suscitent fréquemment la méfiance et l'incompréhension au sein des sociétés occidentales. Les communautés musulmanes sont soupçonnées de ne pas être favorables aux principes démocratiques, ou même, d'être « par essence » opposés à ceux-ci.

L' étude veut être une clarification, menée à l'initiative d'Amédée Turner qui s'interroge sur la possibilité d'un « choc des civilisations » entre islam et Occident.

Plus de cinq cents participants, d'horizons très variés, ont été interrogés dans le cadre de cette étude : professionnels, étudiants, hommes et femmes, sunnites et chiites. Cette étude a été publiée sur le site internet de l'Alliance des civilisations des Nations unies. Les personnes interrogées résident en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Leurs témoignages ont été recueillis de manière complètement anonyme ; ils sont donc les plus sincères et libres possible, et constituent une précieuse source d'information.

La majorité de ces musulmans d'Occident ne voit pas d'opposition entre islam et démocratie puisque, disent-ils, les principes démocratiques existent dans le Coran : la justice, le droit, l'égalité, et les décisions collectives (la consultation ou shura) sont des notions omniprésentes. Le principe de shura est d'ailleurs rappelé de très nombreuses fois par les participants comme un élément capital de la religion musulmane.

En revanche, beaucoup de musulmans se disent déçus par la politique des pays occidentaux. Ces réflexions sont celles d'une population qui se sent mise à l'écart, qui a l'impression d'être privée de voix. Plusieurs participants disent que la démocratie ne serait en fait « qu'un mythe, une illusion » et confient leur sentiment d'impuissance face à des gouvernements élus dans lesquels, bien souvent, ils ne se reconnaissent pas.

« En théorie la démocratie est une bonne chose, mais en pratique elle est imparfaite. Elle est censée exprimer la volonté du peuple, mais ce n'est pas ce qui se passe. Nous devrions remettre en question l'intégralité du système politique » témoignent de jeunes étudiants londoniens. Cependant, même imparfait, le mode de gouvernement démocratique est considéré par l'immense majorité comme le plus approprié.

Les participants à cette enquête montrent une grande lucidité sur les difficultés qu'ont bon nombres de pays musulmans à intégrer de manière pérenne la démocratie. Beaucoup sont très critiques envers ces pays musulmans : corruption et irrespect de la dignité humaine sont monnaie courante, il n'y a pas ou peu de liberté de parole et donc davantage d'autocensure.

Ils évoquent aussi le manque d'accès à l'éducation, à l'information, et l'illettrisme comme d'autres facteurs qui ralentissent le processus démocratique. Toutefois, si les participants sont très critiques envers les pays musulmans, ils dénoncent aussi la duplicité des pays occidentaux.

L'Occident place la démocratie comme « un principe universel qu'il est loin d'appliquer universellement ». Or les pays occidentaux supportent ouvertement des régimes injustes et autoritaires, comme l'Arabie saoudite, si cela sert leurs intérêts. A l'inverse, si un pays (l'Iran est notamment cité) s'oppose à l'Occident, ces dirigeants sont systématiquement accusés de ne pas respecter les principes démocratiques. « Où est la démocratie là-dedans? », s'interroge un des participants.

Certains évoquent la démocratie comme étant un concept « importé », « occidental » qui a été imposé à l'époque coloniale. Cela ne veut pas dire que les pays musulmans sont anti-démocratiques, mais que la plupart d'entre eux n'ont pas eu de véritable processus démocratique comme en Occident.

Beaucoup disent qu'il faut « laisser le temps » à ces pays de s'adapter à la démocratie, même s'il y a « des erreurs » dans les premiers temps, et même si ces régimes ne plaisent pas à l'Occident. « La démocratie qui a été imposée à un peuple ne peut qu'échouer. »

Tous les participants évoquent l'injustice dont les pays pauvres font l'objet et dénoncent dans le même temps une démocratie à double vitesse, dont eux-mêmes se sentent souvent exclus.

A travers le prisme de cette étude, on voit que les musulmans d'Occident se sentent pointés du doigt : on accuse souvent leur religion d'être anti-démocratique et source de violence. Cependant, si nombre d'entre eux ne se reconnaissent pas toujours dans les politiques occidentales, ils n'en demeurent pas moins partisans de la démocratie. (source
: FR-expert)

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