Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 27 au 30 mai 2015 (semaine 22)
 


- 30 mai
2015 - Pakistan
L'ARCHEVÊQUE D'ALGER DEVIENT NONCE À ISLAMABAD

Le Pape a nommé, le 23 mai, l'archevêque d'Alger, Mgr Ghaleb Moussa Abdalla Bader nonce apostolique au Pakistan .Une nomination qui étonne et pour laquelle nous consacrons tout un dossier à la lumière des orientations qu'imprime le Pape.

UN NOUVEAU NONCE AU PAKISTAN

La nomination de l'archevêque d'Alger, Mgr Ghaleb Bader, à la nonciature du Pakistan étonne si l'on s'en tient aux traditions diplomatiques anciennes, mais doit être considérée à la lumière des orientations qu'imprime le Pape François et que traduit , avec son expérience longue et diversifiée des dossiers minés, son Secrétaire d'État, le cardinal Pietro Parolin,

En janvier 2015, à la chaîne CTV (Centre télévisé du Vatican), ce dernier expliquait: "le grand défi est d'agir pour que les diversités -politiques, culturelles, religieuses - ne soient pas motifs d'opposition ni de lutte, mais d'enrichissement réciproque".

Pietro Parolin a la pleine confiance du Pape qui le fait participer au "C9", son "conseil de la couronne", formés de neuf conseillers cardinaux.

L'Asie est l'un des défis du Pape François. Il faut donc lire cette nomination de Mgr Ghaleb Bader dans les perspectives asiatiques du Pape et les complexités qui demandent nuances et diplomatie selon que cette Asie est chinoise, indienne, Philippines, Indonésienne.

Mgr GHALEB MOUSSA ABDALLA BADER .

Le Moyen Orient est le pays de sa jeunesse comme de son ministère pastoral. Né le 22 juillet 1951,il est le dernier-né d´une famille paysanne de neuf enfants du village de Khirbeth, au nord de la Jordanie.

Il a fait ses études au collège-petit séminaire de Beit-Jala, près de Jérusalem à partir de 1963 et est ordonné prêtre à Amman en Jordanie en 1975. Ses premières activités pastorale se déroulent dans la paroisse du Christ-Roi comme vicaire du futur patriarche latin de Jérusalem, Mgr Michel Sabbah.

Puis en août 1992, il devient Il devient curé de la paroisse de l'Annonciation, la paroisse catholique à Amman, une communauté de 500 paroissiens. ” Ma paroisse est comme toutes les autres," disait-il à des journalistes venus le rencontrer, avec tous les éléments constitutifs et nécessaires pour le travail pastoral : Conseil paroissial de 12 membres, un beau groupe de Scout, une chorale, la Légion de Marie, un Centre de "Caritas", les différents groupes du mouvement de la Jeunesse, etc.

" Et nous avons aussi une caractéristique propre de notre paroisse : elle accueille d’autres paroisses : la paroisse de langue anglaise et la communauté Sri Lankaise."

Tout en demeurant curé de l'Annonciation, il devient un spécialiste du droit . En 1998, il quitte sa tâche curiale pour se consacrer bientôt exclusivement à la présidence du tribunal canonique du Patriarcat à Jérusalem en 1988

Quant il est nommé archevêque d'Alger par le Pape Benoît XVI le 24 mai 2008 en remplacement de Mgr Henri Teissier, il est consacré évêque par le patriarche Fouad Twal, lui-même né en 1940 das une tribu chrétienne bédouine à Madaba en Jordanie.

Pour cette consécration, le patriarche Twal est assisté par le patriarche Michel Sabbah et par Mgr Henri Tessier le 17 juin 2008 en l'église du Sacré-Cœur de Jésus à Tlaa Al Ali en Jordanie.

A cette date il était depuis 5 ans, consulteur au Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux

Le 23 mai 2015, il est nommé nonce apostolique au Pakistan avec le titre d'archevêque titulaire de Matara di Numidia.

DU MONDE ARABE A L'UNIVERS ASIATIQUE

Mgr Bader connaît le monde arabe, et le Moyen Orient. Sa nomination le place dans ce monde asiatique si différent.

C'est plus un pasteur expérimenté qu'un diplomate que le Pape nomme comme nonce dans un pays de 188 millons d'hahitants, le sixième pays le plus peuplé du monde et où vit la deuxième majorité musulmane du monde après l'Indonésie, avec 96,4% de la population.

L'Église, avec 3 millions de chrétiens, comprend 7 diocèses unis dans une conférence épiscopale que le Pape Jean-Paul a visitée en 1981.

DANS UN CONTEXTE COMPLEXE

La nomination de Mgr Bader s'inscrit dans un contexte complexe et des perspectives "aux frontières" de l'Église.

Fondé le 14 août 1947, le Pakistan entretient des relations tendues avec l’Inde depuis sa création en raison du partage entre ces deux pays du territoire du Cachemire. Les deux pays se sont affrontés durant trois guerres successives. Le christianisme en Inde a d'antiques racines, en particulier au Kérale, avec l'apôtre saint Thomas et saint François Xavier.

Le Pakistan entretient également des relations difficiles avec l’Afghanistan, également pour des questions de frontières. En revanche, le Pakistan est un allié des États-Unis dans la région.

Il entretient des relations cordiales avec la République populaire de Chine, ayant été l'un des premiers pays à reconnaitre le régime chinois, en 1950.

Le Pakistan dispose de l’arme nucléaire après avoir fait ses essais officiels en 1998.

LA SITUATION DES CHRÉTIENS

Les chrétiens sont généralement mal acceptés par la population musulmane, et ils ont très difficilement accès aux hauts postes exécutifs, administratifs et politiques.

Exclus par la majorité, ils vivent pour la plupart dans des bidonvilles. De nombreux attentats les visent.

Le 30 mai 2011, le maulana Abdul Rauf Farroqi, responsable religieux du parti islamiste JUI-S, avait jugé la Bible comme étant blasphématoire devant la presse et une demande d'interdiction de la Bible avait été déposée par son parti d'appartenance auprès de la Cour Suprême.

La demande a néanmoins été retirée le 13 juin 2011 par Sami ul Haq en raison du caractère sacré de la Bible comme le précise le prêtre catholique, le P. Francis Nadeem : « À la base, le recours était nul et non avenu : personne n’aurait pris la responsabilité d’assurer la défense de cette plainte devant les juges suprêmes car il est impossible de traduire en justice un livre saint.

" Or Jésus Christ est mentionné dans le Coran sous le nom de "Issa" et toute démarche visant à nuire à la Bible entrerait en contradiction avec la foi professée par la vaste majorité des habitants de ce pays »

L'interdiction a été levée dès le 24 novembre de la même année car jugée comme allant à l'encontre de la Constitution pakistanaise, à la suite de l'intervention du ministre de l'Harmonie nationale, Akram Gill,.

L'HARMONIE RELIGIEUSE

En 2012, Akram Masih Gill, avait mis en place le processus de lancement de la chaine de télévision à l’occasion de la Conférence de la Paix, organisée par la Commission Nationale pour l’Harmonie Interconfessionnelle et les Droits de l’Homme au Pakistan (NCIHP) et le Club de Presse Nationale (NPC) à Islamabad.

Akram Masih Gill a souligné le besoin de promouvoir la modération, la tolérance et l’harmonie interconfessionnelle dans le but d’éliminer la menace terroriste de la société pakistanaise.

Il rappellait son engagement pour poursuivre les efforts de promotion d’harmonie et pour former un cadre de compréhension au sein des différentes populations du Pakistan.

« Le gouvernement et la société civile ont un rôle à jouer dans la promotion de l’harmonie et le respect mutuel des différentes religions et des différentes cultures. »

Il avait affirmé qu’un projet de loi serait présenté à l’Assemblée Nationale pour augmenter la représentation des non-Musulmans sur la base de la population. Le ministre d’état déclare également que les médias ont un rôle vital dans la promotion de l’harmonie, en ajoutant qu’ils devraient œuvrer pour adoucir l’image du Pakistan.

Cette décision concerne plusieurs minorités. La communauté musulmane des Ahmadiyya, qui compte entre 1 à 3 millions de croyants, fréquemment persécutée. De même les Chiites (10 à 15 % de la population du pays) ne sont pas en sécurité au regard des attentats qui frappent leur communauté.

Il est en de même pour les Chrétiens et les Hindous (environ 5 millions de personnes pour les deux communautés) qui doivent faire face aux conversions forcées.

DES ESPÉRANCES MALGRÉ DES INTOLÉRANCES

Mais il y a aussi de réelles espérance. En 2012, Noël a été célébré, « pour la première fois, dans la pleine unité des quatre principales communautés chrétiennes au Pakistan » : l’Eglise catholique, les communautés protestantes « church of Pakistan », l’église presbytérienne et l’Armée du Salut.

Pour le Père Andrew Nisari, Vicaire général de l’Archidiocèse de Lahore, « l’unité doit être visible y compris dans les moyens de communication de masse et elle représente un message adressé à la nation ».

Les communautés chrétiennes ont organisé ensemble la neuvaine de Noël, promouvant différentes initiatives et rencontres œcuméniques afin de développer le dialogue et l’harmonie interconfessionnelle, comme signe en direction de l’ensemble de la communauté nationale.

Dans les Diocèses de Lahore et d’Islamabad-Rawalpindi, les fidèles chrétiens de toutes les confessions participèrent à des rencontres et à des veillées de prière organisées au niveau œcuménique et d'une célébration commune.

Y participaient quatre chorales des différentes communautés qui ont proposé des chants de Noël. A la rencontre, a notamment participé Mgr Sebastian Francis Shaw, Administrateur apostolique de Lahore, et les responsables des autres communautés chrétiennes qui ont prié ensemble pour la paix et l’harmonie au Pakistan.

Le Père Inayat Bernard, Directeur du Conseil pour le Dialogue interreligieux, a déclaré à l’assemblée : « Nous nous préparons à accueillir le Seigneur Jésus Christ, Prince de la Paix, parmi nous. Prions afin que nous puissions jouir de la liberté religieuse au Pakistan ».

Etait également présent Akram Masih Gill, Ministre d’Etat pour l’Harmonie nationale et chrétien, lequel a rappelé que l’engagement des chrétiens pakistanais dans des domaines tels que l’instruction et la santé représente une contribution des Eglises à la vie de la nation.

L’assemblée a fait mémoire de la missionnaire chrétienne suédoise Birgitta Almeby, 72 ans, grièvement blessée dans un attentat des talibans le 3 décembre à Lahore et évacuée en direction de son pays natal où elle est morte des suites de ses blessures.

--------Sources :

LPJ – International Herald Tribune (Pakistan) en VO. - VIS - Fides

Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil