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du 7 au 10 juin 2015 (semaine 24)
 


- 10 juin
2015 -
DES THÉOLOGIES QUI SUSCITENT DES DISCUSSIONS

L'interview du théologien dominicain Jean-Miguel Garrigues par le jésuite Antonio Spadaro, publiée dans le dernier numéro paru de "La Civiltà Cattolica", continue à susciter des discussions, car "La Civiltà Cattolica" n’est pas une revue quelconque.

Chacun de ses numéros n’est publié qu’après avoir été contrôlé par les autorités vaticanes, ce contrôle pouvant, dans certains cas, remonter jusqu’au plus haut niveau. Et Spadaro, son rédacteur en chef, est très proche du pape François. C’est pourquoi deux faits ont particulièrement frappé les esprits.

Le premier est le ton péremptoire sur lequel Spadaro et Garrigues ont rédigé le programme du futur synode consacré à la famille :

"C’est au synode et au Saint-Père qu’il incombe de dire jusqu’à quel point l’Église peut s’avancer pour apporter son aide dans certains cas particuliers de naufrage d’un mariage, selon une logique d’indulgence et de clémence".

Le second est la grande rapidité avec laquelle ils en ont présenté les conclusions possibles.

Dans au moins deux "cas particuliers", en effet, la revue a opté de manière explicite en faveur de l’accès des divorcés remariés à la communion.

Ce qui a provoqué une réaction immédiate de la part d’un autre théologien dominicain qui, pour les deux cas, a démonté l’argumentation présentée par son confrère Garrigues.

L’article de "La Civiltà Cattolica" propose deux exceptions à l’interdiction de communier qui est faite aux divorcés remariés. La plus instructive des deux est la première parce que, depuis un certain temps, c’est également celle qui est le plus fréquemment adoptée dans la pratique pastorale.

Le père Garrigues a formulé cette exception de la manière suivante :

"Je pense à un couple dont l’une des composantes a été mariée précédemment, un couple qui a des enfants et qui mène une vie chrétienne effective et reconnue.

" Imaginons que le conjoint qui a été marié précédemment ait soumis son premier mariage à un tribunal ecclésiastique et que celui-ci ait conclu à l’impossibilité de prononcer la nullité en raison d’une insuffisance de preuves, alors que les deux conjoints sont convaincus de ladite nullité, sans avoir les moyens d’en apporter la preuve.

" Sur la base des témoignages qui font apparaître leur bonne foi, leur vie chrétienne et leur attachement sincère à l’Église et au sacrement de mariage, tous témoignages émanant en particulier d’un père spirituel expert, l’évêque diocésain pourrait les admettre discrètement à la pénitence et à l’eucharistie sans prononcer la nullité du premier mariage".

Mais son confrère théologien lui a répondu :

" Cela revient à dire que si des hommes du métier, qui y passent beaucoup de temps, n’ont pas pu faire la preuve de la nullité du lien, alors l’évêque, qui n’est pas un spécialiste du mariage, pourra en son âme et conscience, passer par-dessus au terme d’un ou deux entretiens, sur la bonne foi des époux et l’attestation de leur accompagnateur spirituel.

" On répondra : 'Mais leur mariage est nul'. Dans ce cas, s’il l’est vraiment, pourquoi ne pas les marier ? Et pourquoi, alors, agir en secret, dans la discrétion ? Parce qu’on a des doutes ? Et si on ne les marie pas, en quoi le fait que leur premier mariage soit nul changera-t-il le fait qu’ils vivent ensemble sans être mariés légitimement dans un lien sacramentel ? En quoi cela leur ouvre-t-il l’accès à l’absolution et à l’eucharistie ?

"Quand des époux se présentent finalement à l’officialité (quand ils le font…), c’est qu’ils pensent qu’il y a quelque fondement à la nullité de leur lien, c’est qu’ils sont convaincus, en leur âme et conscience, que leur mariage est nul. Et si le tribunal ne leur donne pas raison, vont-ils être convaincus pour autant ? C’est donc tous ceux qui se présentent à l’officialité qui pourront dire qu’en conscience leur mariage est nul, et l’évêque pourra tous les absoudre, et les autoriser tous à communier.

"Il n’y a donc plus qu’à fermer les officialités, remplacées par les évêques, et même les Églises, puisque un simple mariage civil entraîne les effets d’un mariage sacramentel".

Actuellement le vieux cardinal Tettamanzi est revenu sur ces prises de position précédentes, si l’on s’en tient à ce qu’il a écrit dans un opuscule qu’il a publié cette année, sous le titre "Il Vangelo della misericordia per le famiglie ferite" [L’Évangile de la miséricorde pour les familles blessées], aux éditions San Paolo, dans lequel il qualifie de "plausible" le fait de donner la communion aux divorcés remariés.

Cependant il ne s’agit là que d’un énième signal qui montre comment, en ce qui concerne cette question, tout a été remis en discussion dans l’Église, y compris ce qui donnait l’impression d’être établi de manière définitive jusqu’au moment où Jorge Mario Bergoglio a été élu Pape. (source :Chiesa)

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