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du 14 au 17 juin 2015 (semaine 25)
 


- 17 juin
2015 -
L'ISLAM TRADITIONNEL, C'EST L'ISLAMISME RADICAL

" L’islamisme radical qui se déchaîne en Syrie et en Irak n'est ni une déviation ni une perversion du véritable islam, dont l’orientation serait uniquement spirituelle et religieuse, c'est de fait l'islam le plus traditionnel", déclare le P. Henri Boulad.

En tournée de conférences depuis un mois à travers l'Europe, le célèbre jésuite égyptien a reçu l'agence suisse Apic sur la terrasse d'un ami à Grandvaux. Il connaît parfaitement l'islam–

"Je travaille sur l'islam depuis plus d'un demi-siècle, j'ai lu le Coran en arabe, de la première à la dernière page!" - il refuse le "politiquement correct" et l'irénisme naïf de trop nombreux Occidentaux. C'est pour cette raison, nous dit-il, qu'il est devenu "persona non grata" dans de nombreux milieux d'Eglise.

Le religieux passe même pour "islamophobe" auprès de certains chrétiens engagés dans le dialogue avec l'islam. Il rejette avec vigueur ce qualificatif : "J'ai un rapport d'amitié avec les musulmans, que je côtoie depuis toujours. Dans nos écoles catholiques, nous accueillons 50 à 60% de musulmans, certaines fois jusqu'à 95%. Dans nos cliniques et nos dispensaires, la majorité des patients sont des musulmans.

" C'est l'islam qui pose problème. La grande majorité des musulmans rejette l'islamisme radical, mais à la fin, ce sont les extrémistes qui ont le dernier mot, car leur argument décisif, ce n'est pas le dialogue."Le problème, quand on dialogue avec les responsables musulmans, c'est qu'ils ne reconnaissent pas qu'il y a un problème dans l'islam même.

" Ils pensent être les plus intelligents, que l'Occident est dégénéré... Le monde arabe refuse de voir les problèmes en face. Malheureusement, insiste le jésuite égyptien, c'est l'islam le plus obscurantiste que l'on enseigne dans les mosquées. "Dans ces institutions, dans les manuels, on trouve quantité de textes islamistes, comment haïr le juif et le chrétien, comment couper les mains... C'est toujours enseigné! Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a tancé Al-Azhar à ce sujet".

..." Référence mondiale pour l'islam sunnite, Al-Azhar ne semble pas prête à se rallier à un islam libéral. "Al-Azhar ne fait que reprendre les textes fondateurs de l'islam. L'exégèse en a été faite au Xème siècle. Les théologiens musulmans ont décrété à cette époque qu’il n’y avait plus lieu de réfléchir sur leur foi, ils ont fermé la porte de l’interprétation, qu'on appelle 'l’ijtihâd'. Cette fermeture signifie le refus de toute réflexion critique en islam, et ce qui a pratiquement abouti à sa fossilisation".

"Ce qui a été codifié il y a un millénaire est répété depuis sans que l'on puisse y toucher. La pensée critique est interdite en islam. La répétition est dans l'essence même de l'islam. Nous avons connu la même chose dans l'Eglise catholique pendant des siècles.

Pensez à l'affaire Galilée, à la position de l'Eglise face au catholicisme social, à la théorie de l'évolution de Darwin, au Syllabus... Pensez aux condamnations des Pères Lagrange, Teilhard de Chardin, Congar, de Lubac, Daniélou, tous réhabilités par Vatican II. Les principales intuitions de Luther sont finalement entrées dans l'Eglise suite au Concile Vatican II. Le procès que je fais à l'islam, je le fais aussi à l'Eglise catholique, si lente à bouger! Le tort d'un hérétique, c'est d'avoir raison trop vite!"

" L'islam peut-il se réformer sans se dénaturer? La réponse est dans la question", assure le Père Boulad. "Je ne suis pas pessimiste, peut-être que le XXIème siècle verra le basculement de l'islam... En effet, l'athéisme se développe en Egypte, car les jeunes et les moins jeunes en ont marre. Grâce notamment aux médias sociaux, internet, facebook, les athées sont toujours plus nombreux, peut-être deux à trois millions. L'Etat ne pourra jamais mettre en prison une population si nombreuse!"

De nationalité égyptienne et libanaise, le Père Henri Boulad est né le 28 août 1931 à Alexandrie, sur la mer Méditerranée, de parents chrétiens d'origine syrienne, de rite grec-melkite catholique. Son grand-père a émigré en Egypte en venant de Damas, après la vague de massacres de chrétiens qui a fait quelque 20.000 morts en Syrie en 1860. Il étudie chez les Frères des Ecoles Chrétiennes d’Alexandrie.

A seize ans et demi, il décide de consacrer sa vie à Dieu et aux autres. Après une expérience de vie professionnelle dans une société de spiritueux, il entre chez les jésuites à l’âge de 19 ans.

Dans les années 50, il fera son noviciat à Bikfaya, au Liban, puis poursuivra ses études à Laval et Chantilly, en France (il y obtiendra une licence en philosophie, un diplôme d’animateur de jeunes et un diplôme de dessin). De 1957 à 1960, il rentre au Caire, où il sera éducateur au Collège des jésuites et au Séminaire copte-catholique. De 1960 à 1964, il est à l'Université jésuite Saint-Joseph, à Beyrouth, pour sa formation théologique. Il est ordonné prêtre en 1963. Il poursuit ses études aux Etats-Unis.

Après avoir été, de 1975 à 1979, supérieur des jésuites d’Alexandrie, il est élu supérieur régional des jésuites d’Egypte et président de l’Assemblée des supérieurs majeurs d’Egypte, tout en étant professeur de théologie à l’Institut catholique de théologie du Caire. De 1984 à 1995, il est directeur de Caritas-Egypte, et est également, de 1991 à 1995, vice-président de Caritas Internationalis pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

En 2004, il est nommé recteur du Collège de la Sainte-Famille au Caire, puis directeur du Centre culturel jésuite d’Alexandrie. (source
: News.va)

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