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du 18 au 20 juin 2015 (semaine 25)
 


- 20 juin
2015- France
POUR Mgr D'ORNELLAS, C'EST UNE PERSONNE VULNÉRABLE ET VIVANTE

Le 5 juin dernier, la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a validé l’arrêt d’alimentation et d’hydratation autorisée par le Conseil d’État français, à l'égard de Vincent Lambert qui est dans un état dit « pauci-relationnel ».

Cet état est le sien depuis un grave accident de voiture en 2008, à l'âge de 32 ans. Il est au cœur de procédures judicaires depuis 2013, au sein d'une famille divisée.

Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes chargé des questions bioéthiques pour les évêques de France, revient sur cette décision.

«  Nous sommes face à une personne vivante ! Et plus elle est vulnérable, plus nous avons à la soutenir, à la protéger. Il est donc normal de nourrir et d’hydrater notre frère, même si c’est de manière artificielle », déclare l'archevêque.

Il s'interroge : « Avons-nous le cœur assez ouvert pour le considérer comme une personne capable, dans son état pauci-relationnel sans manifestations de conscience, de nous apporter quelque chose ? Ne nous appelle-t-il pas à un surcroît d’humanité ? Cela est sans doute difficile, voire douloureux, d’entendre cet appel, mais il nous oblige à la réflexion, à bouger nos habitudes. »

« De telles vies nous bousculent, mais elles ne sont pas inutiles, comme d’ailleurs aucune vie humaine... L'argument de l’utilité ou de l’inutilité d’une vie est irrecevable, comme celui d’une vie qui, à un moment donné, perdrait sa qualité de vie humaine », insiste-t-il.

En outre, « ce n’est pas parce que nous ne pouvons pas saisir des expressions de la conscience, qu’il n’y a pas de conscience. La conscience ne se réduit pas à ses manifestations par les sens ou par la neuroimagerie. Dans le cas de Vincent Lambert, il est précisé qu’il n’y a pas d’encéphalogramme plat, même si certaines parties du cerveau sont très abîmées ».

Mgr d'Ornellas souligne que « l’arrêt de l’hydratation et la cessation de la nutrition peuvent être jugées "bienfaisants" si ces soins de base causent en eux-mêmes une souffrance, ou bien s’ils aggravent l’état de santé de Vincent. Or, d’après ce que dit la CEDH, à la suite du Conseil d’État, on est aujourd’hui incapable de savoir s’il souffre ou non ».

Dans tous les cas, il préconise de garder deux attitudes : « la protection de la vie de l’être humain, et le respect de la liberté humaine. Cela signifie que lorsqu’une personne choisit de ne pas subir des traitements qu’elle juge inutiles ou disproportionnés, il faut respecter sa liberté », en vérifiant cependant « que la personne peut prendre une décision, qu’elle n’est pas profondément dépressive, qu’elle est éclairée, qu’elle reconnaît les conséquences de son choix ».

L'archevêque s'inquiète que « la CEDH n’ait pas mis plus en avant le devoir de protection du plus vulnérable. Ce devoir fondamental est valable pour tous les cas. Ce devoir éthique devrait inspirer toutes les décisions de justice en la matière, quelle que soit leur issue ».

Il donne les éléments pour exercer un discernement éthique, au cas par cas : « L’Église rappelle un principe simple, qui s’applique à chaque cas : aimer la personne vulnérable. Au nom de cet amour-là, il est nécessaire d’acquérir la compétence pour trouver l’acte médical bienfaisant ».

Aimer signifie accompagner la personne « dans toutes les dimensions de son existence: son droit à la vie, à la relation, à la liberté, à l’accompagnement y compris dans les questions métaphysiques et religieuses qui l’habitent », en « respectant sa conscience, dans son passage vers la destinée éternelle, sans provoquer délibérément sa mort ». (source
: CEF et AFP)

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