Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 19 au 22 août 2015 (semaine 34)
 


- 22 août
2015 - Brésil
LE GROUPE D'ACTION PASTORALE DE SAO PAULO

A quelques semaines du synode sur la famille, les débats vont bon train au sein des mouvements rattachés à l'Eglise catholique, dont le Groupe d'action pastorale, regroupant des LGBT (Lesbiennes, Gays, Bissexuels et Transsexuels).

Ce Groupe brésilien réclame d'avoir toute leur place au sein de l'Eglise. Visage jovial et petite barbe blanche bien taillée, le Père Geraldo, un Jésuite de 74 ans, invite les participants à prendre la parole et à réfléchir à ce qu'il est nécessaire de faire pour que les LGBT aient toute leur place au sein de l'Eglise catholique brésilienne".

Créé en 2008, cette pastorale se réunit deux samedis par mois et accueille des membres de la communauté LGBT en quête d'un lieu où ils peuvent "partager leur foi sans craindre d'être victimes de discriminations" et participer à une messe célébrée par le Père Geraldo.

"Ils viennent surtout exprimer leur désir d'être accueillis par l'Eglise comme des fils et des filles de Dieu à part entière", explique le prêtre. Un sentiment légitime dans le pays qui compte le plus grand nombre de catholiques au monde (160 millions de personnes baptisées). Mais pas si simple, car le Brésil est également le pays le plus homophobe de la planète, avec 312 meurtres d’homosexuels, travestis et transsexuels commis en 2013.

Après 50 ans de prêtrise, qui l'ont amené à travailler au sein de la pastorale carcérale, puis avec les handicapés mentaux, le P. Geraldo, qui accompagne le groupe depuis 2012, considère que l'Eglise catholique est en train d'évoluer. Et le pontificat de François lui donne des espoirs.

"Sur le thème de la sexualité et de l'homosexualité, l'institution ecclésiale est en train de s'ouvrir. Et, de temps en temps, il y a des gens qui ont la force du pape François pour donner un coup d'accélérateur, comme il l'a fait en prononçant cette phrase, en rentrant des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ), en juillet 2013: 'Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger?'".

Une petite phrase d'autant plus courageuse que, selon le religieux jésuite, il est très important que l'Eglise aborde cette thématique de la diversité sexuelle.

" L'Eglise est composée de la hiérarchie et du peuple. Autant au sein de la hiérarchie qu'au sein du peuple, il y a une grande diversité sexuelle, assure le Père Geraldo. Donc je pense qu'en abordant ce sujet, elle aborde sa propre vie. Et surtout, elle s'oblige à réfléchir sur un thème encore très épineux, mais qui fait partie de la vie de l'Église.."

Une réflexion indispensable qu'appelle également de ses voeux Fernando, 28 ans, disciple du P. Geraldo.Plus jeune, il a pensé à devenir prêtre. Mais il y a renoncé. Car, il y a deux ans, Fernando s'est marié civilement à un homme (Le Brésil a légalisé le mariage homosexuel en mai 2013, ndlr)

Aujourd'hui, il est l'un des piliers de la pastorale de la diversité. Il comprend d'autant moins les difficultés de l'Eglise à accepter les homosexuels que lui-même en a croisés beaucoup lorsqu'il était séminariste.

"Je pense, dit-il, qu'un homosexuel, indépendamment de son option de sexualité, a exactement les mêmes conditions de vivre sa foi que tout autre croyant.

" Ce blocage de la hiérarchie est d'autant plus incompréhensible que nous savons très bien, nous qui avons été religieux, qu'il existe une grande majorité de prêtres homosexuels qui sont ordonnés. Mais cela n'a jamais été un obstacle pour l'Eglise".

Quant à savoir comment en finir avec ce sentiment de discrimination vécu par les catholiques gays, Fernando est convaincu qu'il passe par le fait de poser un regard différent. "Je crois qu'à partir du moment où l'on cesse de regarder les différences et que l'on se concentre sur la question humaine, on va parvenir à faire en sorte que l'idée du Christ soit réellement vécue. Alors, vous allez regarder le visage de votre frère, indépendamment du fait qu'il soit homosexuel, pour y voir le Christ en lui".

Sur ce point, les avis des membres du Groupe d'action pastorale pour la diversité se rejoignent. "La discrimination dont nous sommes victimes ne vient pas vraiment des autres fidèles mais plutôt de la hiérarchie de l'Eglise. Pourtant, il faudra un jour ou l'autre qu'elle aborde de front la question de la diversité sexuelle. Et le plus tôt sera le mieux".

Une lenteur de l'institution que le P. Geraldo comprend néanmoins. " L'Eglise a fait le choix de la structure, de l'orthodoxie. Elle a peur de se lancer dans les zones proches des frontières." Et d'ajouter : " Au fond, je pense que c'est mieux d'avancer lentement. Car si l'on va trop vite, on risque de diviser l'Eglise".
(source : ACIprensa - Apic)

Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil