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du 13 au 16 septembre 2015 (semaine 38)
 


- 16 septembre
2015 - Myanmar
REVOIR LES LOIS SUR "LA RACE ET LA RELIGION"

Dix jours après la ratification de la loi sur la « protection de la race [birmane] et de la religion [bouddhiste] », le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, a fustigé ces textes et les conditions dans lesquelles ils ont été adoptés.

Avec d'autres responsables chrétiens, il craint en effet que l’entrée en vigueur de ces lois ne divise davantage la nation birmane qui peine à s’unifier tant les identités ethniques et religieuses dans le pays sont marquées.

« Ces quatre lois sont le résultat de la haine, a vivement critiqué l’archevêque de Rangoun, dans un message daté du 10 septembre. Nous exhortons nos dirigeants et nos représentants élus à revoir ces lois, qui peuvent se révéler dangereuses et engendrer davantage de conflits pour les décennies à venir. »

Créé cardinal en février dernier, Mgr Charles Maung Bo a pour habitude de s’exprimer sans détour sur les questions religieuses et ethniques qui agitent fortement son pays, à majorité bouddhiste.

Une loi permettant aux administrations locales de refuser ou d’approuver les demandes de conversion après avoir entendu les arguments des postulants, a ainsi pu être déposée au Parlement. Il est à craindre que les autorités, majoritairement composées de fonctionnaires bouddhistes, empêchent ainsi les fidèles bouddhistes de se convertir à d’autres religions.

Une autre loi oblige les femmes à espacer les naissances d’au moins trois ans, dans les régions où la natalité est forte. Cette disposition est clairement destinée à restreindre le nombre des naissances dans la communauté musulmane rohingya, à l’ouest de la Birmanie. Les extrémistes bouddhistes sont en effet persuadés que la croissance démographique de cette minorité est exponentielle.

« Nous avons besoin de paix. Nous avons besoin de réconciliation. Nous avons besoin d’une identité commune, celle de citoyens d’une nation porteuse d’espoir, a confié Mgr Charles Bo. Or ces lois semblent avoir sonné le glas de cet espoir. »

D'autres responsables chrétiens ont aussi fait part de leur forte inquiétude après l’adoption de ces lois au Parlement, à l’instar de Saw Hlaing Bwar. « Ce qui m’inquiète le plus, c’est qu’il y ait des conflits religieux au cas où des minorités ethniques répondent avec colère à la provocation et à la propagande », avait déclaré le professeur protestant de théologie à l’agence Ucanews.

L’archevêque de Rangoun appelle le peuple à se mobiliser et à relayer son appel. De manière fort habile, il se fait lui-même le défenseur des valeurs bouddhistes, comme pour montrer que Ma Ba Tha les met en péril. « Le peuple (…) doit résister à tout effort destiné à ternir l’image immaculée du bouddhisme et de son message universel d’amour », indique le cardinal catholique.

Pour l’instant, son message n’a pas déclenché de réactions importantes sur les réseaux sociaux, pourtant largement utilisés en Birmanie pour attaquer et insulter ceux qui critiquent les extrémistes bouddhistes.
(source : Mepasie)


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